« Nymphéas noirs » est un roman à succès de Michel Bussi. Le voici adapté dans la collection « Aire Libre » de Dupuis par le dessinateur Didier Cassegrain (« Tao Bang ») et le scénariste Fred Duval (« Carmen Mc Callum »). Ces Nymphéas étaient réputées inadaptables ? Sa traduction stylisée format BD prouve le contraire.
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]e lecteur est invité à se laisser embarquer dans un jeu complexe de faux-semblants où la narration, tout autant que la juxtaposition des dessins, se jouent à merveille d’une histoire aux multiples tiroirs. Ajoutez à cela quelques rais de lumière posés sur un paysage inspirant et faisant forte impression et il ne vous restera plus, pour décrypter ce qui se joue, qu’à suivre le fil d’un ruisseau quelque peu cachottier.
Tout commence et tout finit à Giverny, où Claude Monet a peint ses plus belles toiles. Un meurtre y a été commis. Celui de Jérôme Dorval, enfant du pays, ophtalmologiste marié, travaillant dans le 16e arrondissement parisien mais possédant une maison à deux pas de l’église du village.
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Pas d’ennemis connus mais deux passions à l’actif de ce grand collectionneur : la peinture et les femmes. Parmi elles : Stéphanie Dupain, belle et séduisante institutrice que l’inspecteur Laurenc Sérénac, en charge de l’enquête, va prendre plaisir à faire longuement parler. Jusqu’à forger son intime conviction : Jacques, le mari de Stéphanie, n’est autre que le coupable ! Sauf que s’ils ne peuvent être confrontés à l’épreuve des faits, les soupçons ne sont pas synonymes d’absolue vérité.
La vérité d’ailleurs, il en est une qui la détient. C’est la narratrice de la bande-dessinée. Une vieille femme pour les uns, une sorcière pour les autres. Elle sait pour Morval. Elle sait même que ce n’est que la première victime. Les dates, les jours, les lieux, le mode opératoire. Elle sait tout. Parce qu’elle est au cœur de l’intrigue.
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On l’imagine calfeutrée chez elle pour espionner les voisins ? En réalité, accompagnée de son chien Neptune qui furette partout, elle bat le pavé, tend l’oreille et semble tirer les ficelles. Parfois perdue dans ses pensées, elle sourit en coin de cette rumeur qui court selon laquelle des tableaux d’une immense valeur (au nombre desquels figurent les Nymphéas noirs), auraient été dérobés ou bien perdus.
Ce qui est amusant, c’est qu’elle nous prend à témoin. Et ceci dès le début des hostilités. La vieille femme commence ainsi, à la manière d’un conte, par nous présenter trois protagonistes au cœur de l’intrigue : « Trois femmes vivaient dans un village », nous raconte-t-elle. Et de nous préciser que la première, qui est aussi la plus jeune, s’appelle Fanette Morelle ; que la deuxième n’est autre que l’institutrice ; et que la troisième, eh bien la troisième, qui se targue de connaître des choses sur les deux autres, c’est elle !
Quand la passion croise le fer avec l’art et que l’évanescence des paysages contribue à ce qu’il y ait comme un flottement dans l’air, cela aiguise nécessairement la curiosité. « Nymphéas noirs » ne s’y trompe pas qui nous emmène tout droit sur les traces d’un troublant mystère. A tel point que nombre de lecteurs voudront, une fois l’histoire terminée, revenir à la première page et tout relire soigneusement, soucieux de mieux décortiquer l’enchaînement des événements.
Nymphéas noirs – Fred Duval et Didier Cassegrain
Dupuis – 25 janvier 2019