[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#de5b87″]E[/mks_dropcap]n ce bas monde, il est une chose des plus certaines, les amoureux de folk imprégné de douces mélancolies en ont pour leur argent. Je vais toutefois vous épargner le catalogue de sorties qui se multiplient autant que de pains remplissant de bibliques paniers.
Emily Jane White figure au titre des artistes émérites qui se distinguent au sein d’une mouvance alternative mêlée de gravité. Depuis le bien nommé Dark Undercoat, sorti de sa malle en 2008 sur le label Talitres, la chanteuse californienne n’a cessé de creuser son sillon, bien aidée en cela par la suavité de son chant.
Il lui aura fallu deux ans pour donner naissance à Immanent Fire, son sixième album coproduit par elle-même et Anton Patzne. Un disque chargé de textures disparates malgré la cohérence de ton. La musicienne y développe une fresque remarquable en guise de supplice. Devant l’écran des préoccupations qui tourmentent l’époque actuelle (allant du déclin écologique aux troubles socio-économiques), l’emphase déployée est particulièrement ombragée.
Pour autant, il ne faudrait pas avoir en tête la délivrance ici d’une œuvre déprimée. Au contraire, c’est un véritable élan de colère contenue, allié à la perfection du ressenti qui combine autant les impressions d’abstractions angoissantes que de brillances étincelantes, laissant présager une once d’espoir malgré un bilan des plus terrifiants.
Immanent Fire s’apparente alors à ce signal d’alarme qui résonne et nous interpelle sans qu’une quelconque agression ne vienne annihiler la raison du propos : la prise de conscience enveloppée de cette parure éclatante y gagne en force. Voilà pourquoi, il est appréciable de plonger dans les reliures aussi tendues qu’harmonieuses des dix titres qui s’enchaînent à merveille.
Il y a l’ouverture Surrender avec ses airs solennels, ses roulements et coups de tonnerre venant se greffer à une forme de limpidité qui n’est pas sans rappeler certaines compositions de la consœur Marissa Nadler, la singularité d’une chevauchée en direction des grands espaces mystiques au surplus. C’est une métronomique fragilité qui jaillira d’Infernal dont la beauté douloureuse se niche admirablement dans cet écrin. De manière globale, les structures orchestrales sont habilement arrangées, versant leur irradiante fluidité en forme de clin d’œil aux effusions romanesques.
Désormais, je note chez Emily Jane White une propension à appuyer un peu plus fort sur les basses pour un récit empli de profondeur et majesté (Metamorphosis) sans oublier quelques articulations sobres, dans la lignée d’une légèreté empruntée au magnétique White Chalk de PJ Harvey (Dew) mais c’est sans aucun doute la magie noire de Shroud qui emportera la palme de l’engouement cinq étoiles : des chœurs perdus, un fantasme qui retentit tel un clavecin perdu derrière les battements de tambours, une grâce évoluant vers des climats plus orageux… La métaphore qui vient glisser ici et là quelques échantillons sonores en rapport avec cette nature confrontée au développement frénétique de l’ère moderne… Le tout dressé sur un plateau dont l’épique noirceur se fond au cœur d’une matière sincèrement captivante pour ne pas dire flamboyante !
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Immanent Fire de Emily Jane White
Sorti chez Talitres le 15 novembre 2019.
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