– ‘tainnnnnnnnnnnnnn, le truc, avec les albums intellos, c’est que pour les chroniquer, c’est plus que coton.
– Ah ?
– Ouais, ouais. C’est d’autant plus chiant quand c’est français. Et que tu sais que le gars qui prend sa guitare, écrit les chansons, ben…il est prof. Du coup, t’es obligé de faire gaffe à comment que tu écris ta bafouille. T’es d’autant obligé d’y faire gaffe que tu sais qu’il va corriger ta grammaire, ton orthographe, ta syntaxe et limite qu’il va te coller une note de merde.
– Ah ouais, c’est chié quand même
– Ouais, ouais. D’autant plus que tous les webzines de la blogosphère vont sortir des arguments travaillés, recherchés, faire des références à des écrivains qu’un seul pélos a lu et que toi, tu vas être seul comme un con à ramer toutes les larmes de ton corps pour trouver des arguments positifs et éviter de passer pour un con alors que tu sais qu’en fait, si.
– Ah ouais, c’est chié quand même.
– Et là, on m’a collé un gars avec un nom d’ours et des références que je sais même pas à quoi ça fait référence. Alors je t’explique pas la ramation dans laquelle je suis. Tiens, file moi une autre bière, peut-être que je verrai la lumière au bout du pack.
– Ah ouais, c’est chié quand m’aime.
Bon, ok, pour la chronique d’Effacer La Mer d’Orso Jesenska, je botte en touche. Non pas parce qu’il est mauvais, pénible ou quoi que ce soit d’autre. Au contraire, il est juste superbe. Dans toutes les largeurs et même jusque dans les détails.
Le problème c’est que trouver les arguments nécessaires pour le décrire de façon objective (bien que l’objectivité ne soit pas le but d’une chronique), ou dire combien il a pu me chambouler va m’être très difficile. Je pourrais sortir les superlatifs, comme beaucoup d’autres le feront, parce qu’il ne mérite que ça. Je pourrais parler des influences (musicales comme littéraires) présentes sur l’album en question mais le protagoniste l’a déjà fait de fort belle manière lors d’une entrevue sur Pop Cultures & Co.
Retracer la conception du disque ? Le chemin de croix, la pugnacité de l’auteur pour le sortir sous différents formats et le salut venant de Microcultures, qui aura permis à Effacer La Mer de voir enfin le jour. Certes, mais tous l’évoqueront et bien mieux qu’ici. Aborder les collaborations et les apports des différents musiciens (la basse légère, jazzy, de Bobby Jocky, les percussions oniriques et superbes de Thomas Belhom,les ondes martenot de Christine Ott, les guitares sinueuses de Mocke) ?
Déjà fait ailleurs. Mentionner l’équilibre miraculeux entre légèreté et gravité, chanson française et variété, pop et indie rock ? Lisez l’interview croisée d’Orso Jesenska et Pain Noir par Richard Robert dans le non moins indispensable webzine L’Oreille Absolue, tout y est dit de façon subtile, poétique et éloquente. La progression immense entre le très beau Un Courage Inutile et le superbe Effacer La Mer ? Lire et relire L’Oreille Absolue.
Au pire, pour me faire remarquer je pourrais lâcher, comme ça, que la version démo que j’ai pu écouter était, sur un morceau, supérieure à la version finale (les échos sur la voix du morceau Paroles m’ont quelque peu chiffonné, mais ce n’est qu’un détail). Je pourrais rajouter, si j’étais méchant, que Dominique A n’a maintenant plus besoin de sortir quoi que ce soit. Mais il se trouve parfois que les mots ne sont plus d’aucune utilité, que l’écoute vaut mieux qu’un long discours.
Dans ce cas, le meilleur hommage à rendre à Effacer La Mer est d’appuyer sur play (ou poser le diamant sur les microsillons) se taire et s’effacer.
Dont acte.
Sortie le 16 mars, dispo chez tous les disquaires de France et sur le Bandcamp du label 03 H 50
ET NOUS ENCORE VIVANTS !!!! WOOOOoOOOoooOOoOoOOW!
Jean Bart?