[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C'[/mks_dropcap]est une histoire d’amour qui se dessine entre les lignes minimalistes. Un roman court qui en dit beaucoup plus qu’il n’y paraît dans ce style si caractéristique d’Antoine Choplin comme à chaque fois que nous lisons un roman de cet auteur si discret et besogneux. Notre auteur publie tous les deux ans environ un nouvel ouvrage concis, qui suggère plus qu’il ne montre, l’art de l’ellipse entre les mots. Et celui-ci ne fait pas exception à la règle.
Dans Partiellement nuageux, Nous sommes au Chili, Ernesto est astronome dans un observatoire vieillissant près de Quidico, il vit seul avec son chat nommé Crabe et un ancien ami, Walter qui lui rend visite de temps à autres. Parfois il descend à la ville abandonnant son mapuche pour l’occasion afin de porter sa requête d’une subvention pour refaire fonctionner sa vieille lunette astronomique pour voir la lune et les astres à travers les nuages. Il n’espère plus grand chose, comme si cette démarche était un baroud d’honneur dans son existence simple se déroulant sans but précis, en roue libre. Il visite très souvent comme un pèlerinage le musée de la Mémoire. Il rencontre au hasard une femme, Ema, elle est là, mi amusée mi surprise face à cet homme au visage triste et mélancolique mais profondément sensible à l’âme d’un poète, un Pablo Neruda sur le retour. Il retourne ensuite dans son petit village indolent à vaquer à ses occupations avec sa vieille lunette. Un avis favorable à sa demande arrive enfin, l’occasion pour lui de revenir en ville et de revoir la jeune femme…
Ernesto est un homme mélancolique dont on va découvrir un passé douloureux sur fond des années sombres du Chili de la dictature de Pinochet, marquées par la disparition de proches, et surtout d’une femme. Ce même passé affecte la jeune femme, mais nous n’en dirons pas plus.
Ce qui est beau et touchant dans ce roman ce sont les dialogues entre nos deux protagonistes, la séduction mêlée de confessions intimes d’un passé trouble et sensible. Il y a beaucoup de délicatesse qui émane de leur voix entre ces deux personnages blessés, des phrases courtes échangées, sèches parfois, à fleur de peau, des effets répétitifs dans leur parole. Et il y a les alentours aussi, à peine décrits mais qui participent à l’imaginaire du lecteur qui se figure un décor. Il y a le port de Valparaiso, la mer, les quartiers escarpés de la ville.
Partiellement nuageux d’Antoine Choplin
éditions La fosse aux ours, janvier 2019