[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]S[/mks_dropcap]usin Nielsen a toujours l’art et la manière de créer des romans “tranche de vie” réussis, avec des personnages principaux hauts en couleur.
Dans le génial Moi, Ambrose, roi du scrabble, on s’intéressait à la vie d’Ambrose, garçon mortellement allergique aux cacahuètes et harcelé à l’école, franchement antipathique, qui trouve dans le scrabble et dans sa relation avec son voisin ex-détenu un moyen de s’épanouir et de s’ouvrir aux autres.
Les optimistes meurent en premier mettait à l’honneur Pétula, pessimiste convaincue qui refusait de prendre le moindre risque suite à la mort accidentelle de sa sœur, quitte à se pourrir la vie.
Le héros de son dernier roman Partis sans laisser d’adresse (éditions Hélium) est tout aussi original : Félix, 13 ans et demi, est un petit génie de la culture générale très mature vivant seul avec sa mère déjantée et sa gerbille Horatio. À quoi pourrait donc lui servir un père, quand Astrid est une maman dynamique géniale ?
Mais le caractère bien trempé et le manque de tact de cette dernière lui valent souvent des ennuis. Le dernier en date : perdre son travail à cause de son franc-parler.
Pas de panique, elle a une solution !
Félix et elle vont occuper un combi Volkswagen emprunté, le temps de trouver une solution. Une situation temporaire à envisager comme des vacances ou une expérience enrichissante, dit-elle.
Mais l’expérience traîne en longueur, les semaines deviennent des mois, et Astrid déprime de plus en plus, apathique …
Félix va vite se retrouver dans une situation intenable, obligé de mentir à ses amis, à l’école et tout son entourage : si quelqu’un découvrait la vérité, il risquerait d’être séparé de sa mère.
Quand il apprend qu’une édition enfantine de son émission préférée “Qui, Que, Quoi, Quand ?” (sorte de Questions pour un champion local) offre une grosse somme d’argent au vainqueur, il se dit que ce pourrait bien être la solution à tous leurs problèmes !
Susin Nielsen a un don pour parler aux adolescents de sujets compliqués sans tomber dans le pathos.
Ici, elle aborde brillamment le thème des personnes sans-abris , très peu évoqué en littérature jeunesse.
C’est émouvant sans être larmoyant, tendre, juste et surtout très drôle.
Les différents personnages ne sont pas parfaits, et c’est justement ce qui les rend si attachants : leur façon d’être désespérément humains (un coup de cœur personnel pour les deux amis de Félix !)
Un beau roman bien écrit qui traite un sujet de société complexe tout en évitant le dramatique, et qu’on referme avec le sourire.
Partis sans laisser d’adresse de Susin Nielsen, traduit de l’anglais (Canada) par Valérie Le Plouhinec
aux Editions Hélium, à partir de 12 ans, sortie le 3 avril 2019