[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#1e73be »]E[/mks_dropcap]trange histoire que celle de ces Petits Oiseaux, que nous livre ici la géniale Yôko Ogawa. Une de ces fables intrigantes et envoûtantes dont elle a le secret, dans laquelle s’entremêlent onirisme, légèreté poétique et réalisme morbide. Laissez-moi donc vous la conter…
Un homme, son épouse et leurs deux fils vivaient heureux, quelque part au Japon. A l’âge de onze ans, l’aîné se mit soudain à parler une langue étrange que nul n’était capable de comprendre. Seul le cadet pouvait, sans explication aucune, traduire les propos de son frère, désormais inaudible pour tous. De médecins en linguistes, le verdict finit par tomber : cette langue, faite de mots flûtés, n’était plus répertoriée nulle part.
Il s’agissait d’une langue que l’homme avait oubliée depuis longtemps : la langue des oiseaux, avec lesquels le garçon avait le don de communiquer. A la mort de leurs parents, le jeune frère prit l’aîné sous son aile et lui offrit un nid douillet; une vie à deux douce et paisible, à l’écart du bruit et de la fureur du monde, de l’intolérance et de l’incompréhension…
Qui sont donc les Petits Oiseaux du titre ? Ces deux frères solitaires, aussi unis qu’un couple d’inséparables, ou les créatures ailées dont le bruissement de plumes emplit ce texte délicat et puissamment métaphorique ? Si vous souhaitez le découvrir, lisez ce conte moderne et faussement naïf, au parfum de merveilleux et à la mélancolie poignante.
Car ce roman hypnotique, empreint de tendresse et de cruauté, est non seulement un magnifique hymne à l’amour fraternel et à la différence, mais aussi une réflexion profonde sur la communication entre les êtres. Servi par une prose limpide et poétique, ce texte bouleversant, dérangeant et d’une grande acuité, ne devrait en aucun cas vous laisser indifférents.