[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]P[/mks_dropcap]our ce second tome de Pukhtu, DOA ne faiblit pas. Directement dans l’action. Ghost, paramilitaire du 6N a été pris dans Primo par le Roi Lion, le combattant afghan. C’est avec Ghost que commence Secundo. De pages en passages insupportables, Ghost subit une déferlante. Le lecteur aussi.
Arrivent les autres personnages, déjà présents dans Primo.
Les paramilitaires du 6N donc. Voodoo, Tiny et autres, Fox en premier par exemple.
Amel, la journaliste parisienne aussi. Et Montana, toujours aussi trouble. Chloé, sa jeune maîtresse qui devient une pièce essentielle du puzzle.
DOA tisse sa toile et ne nous lâche pas.
Plonger dans Pukhtu secundo, c’est accepter, comme pour Primo, de se laisser dériver, de parfois être un peu perdu.
Pourtant, à la différence de Primo, les personnages prennent plus d’épaisseur ici. DOA laisse entrevoir un pan de leur psychologie. On irait presque jusqu’à s’attacher à eux. Jusqu’à ce qu’ils disparaissent.
Car Pukhtu secundo est une sorte d’aboutissement de Citoyens clandestins, du Serpent aux mille coupures et bien sûr de Pukhtu Primo.
DOA a mené de main de maître tous ses personnages au fil de ces 2000 pages.
Avait-il un plan dès Citoyens clandestins ? Vous le saurez en lisant l’interview qu’il nous a accordée.
Quoi qu’il en soit, DOA fait très fort.
Amel, petite journaliste peureuse la première qu’elle apparait sous la plume de l’auteur, devient une femme qui résiste à beaucoup dans Secundo.
Lynx, tueur professionnel, en marge de la République, est finalement un homme capable de sentiments.
Montana reste ignoble de bout en bout. Le paiera-t-il à un moment ou un autre et qui serait capable de l’envoyer aux oubliettes?
Roni Mueller, connu également sous un autre nom, que deviendra-t-il ? Qu’est-ce qui le pousse à continuer à avancer ?
Autant de questions auxquelles Pukhtu secundo donne des réponses. Surprenantes parfois. Dures, très dures souvent. C’est la suite d’une suite d’une suite. Un roman qui semble fermer parfaitement quatre livres extraordinaires, quatre grands moments de lecture.
Nous terminons Secundo, ahuris, KO, abattus, déçus en se disant que c’est terminé, qu’il n’y aura pas de suite. Nous terminons Pukhtu, admiratifs du travail de DOA, de sa manière d’emmener son lecteur dans des espaces désolés, de nous dire la guerre d’une autre façon.
Nous terminons Pukhtu secundo avec l’envie, un jour, de relire ces quatre livres, sans s’arrêter, sans rien lire d’autres entre eux. Façon d’être plongé à nouveau dans une œuvre foisonnante et dérangeante. Parce que, de mon côté, des dérangements comme ceux-là, en littérature, j’en veux bien tous les jours.
Pukhtu secundo, de DOA, Gallimard, Série Noire, octobre 2016
A noter que Gallimard propose la réédition de Citoyens clandestins et du Serpent aux mille coupures en un seul tome, sous le titre Le cycle clandestin.
Et également un coffret Pukhtu, en 2 volumes, à paraître fin octobre.