[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#b0a2a2″]A[/mks_dropcap]vouons-le tout de suite, on attendait avec impatience ce nouvel album de Rhye, tant on avait été envoûté par Woman, album sorti en 2013 sur le label Polydor. On y découvrait notamment l’aérien et solaire One Of Those Summer Days, l’entraînant The Fall, des morceaux taillés comme des pierres précieuses dans un album écouté en mode repeat des semaines, voire des mois durant, un savant mélange de soul, de pop et d’électro, fait de beats lancinants, d’une sensualité à fleur de peau et d’un je-ne-sais-quoi de complètement addictif.
Depuis, Robin Hannibal, producteur, compositeur, et deuxième membre du duo à l’origine de Woman, a quitté le projet. Reste donc Michael Milosh, la voix si singulière et androgyne de Rhye, et c’est entouré des musiciens qui l’ont suivi dans plus de 400 concerts depuis cinq ans que nous revient le jeune artiste canadien, dans un album sobrement intitulé Blood, signé cette fois-ci sur le label Loma Vista Recordings.
Comme sur la pochette du premier album, une photographie en noir et blanc, le corps d’une femme, de dos, et comme dans le disque précédent, la délicatesse, la voix saturée et céleste, des compositions épurées et des morceaux lumineux, qui vous donnent envie de fermer les yeux et de vous laisser porter, loin.
Tout le long des onze morceaux qui composent l’album, on retrouve de-ci, de-là, quelque chose de Barbarossa, de Pegase et d’Ásgeir, quelque chose de la volupté exacerbée de Cigarettes After Sex, quelque chose aussi de la clarté sonore de The XX.
Des morceaux léchés, extrêmement bien produits, minimalistes au possible ˗ si l’on chipote un peu, on dirait presque : un peu trop, mais comme on aime vraiment beaucoup, ne chipotons pas trop.
On oscille entre une douceur infinie, quelque chose teinté d’une certaine mélancolie et d’une nostalgie délicieusement douloureuse avec Waste, Please ou encore Song For You, et des guitares qui tirent vers le funk, des rythmes grisants et obsédants, qui vous collent à la peau et à la tête pendant un bon bout de temps (Phoenix, Count To Five, Taste).
C’est un ondoiement permanent, une déclinaison de délicatesses élaborée avec la précision d’un orfèvre, où même les silences et les vides s’avèrent implacables. Une musique que l’on sent au bout des doigts et au creux des reins, dont la texture et la grâce nous enveloppent de manière inexorable et exquise.
Rhye élabore un album caméléon, que l’on savoure les yeux clos un dimanche après-midi pluvieux et gris, qui donne en même temps de furieuses envies de soleil qui brûle la peau, de bords de mers et de peaux salées.
Ça valait bien le coup d’attendre cinq années.
À noter précieusement : Rhye sera en concert le 23 mars à Paris (l’Élysée Montmartre), le 25 mars à Bruxelles (Ancienne Belgique), le 29 mai à Strasbourg (La Laiterie), le 30 mai à Lyon (L’Épicerie Moderne- Feyzin).
Site officiel – Facebook – Label