[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]E[/mks_dropcap]n 1983, Martin Scorcese réalisa The King Of Comedy, qu’un impayable traducteur sous l’emprise de drogues diverses et variées, transforma par chez nous, en La Valse des Pantins. Le film connut un succès modeste malgré un affiche terrible puisqu’il met le pauvre Jerry Lewis aux prises avec un fan très, très envahissant joué à merveille par Robert De Niro, le meilleur acteur du monde à l’époque et encore pour quelques années.
Le personnage joué par ce cher Bobby s’appelait Rupert Pupkin, Emmanuelle Destremau double le p et trouve là son nom de scène alors que Run (De Niro a également joué dans le rigolo Midnight Run, mais là, je suis moins sûr de l’influence denironienne du titre !), son premier album vient de sortir.
[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]e cinéma et Emmanuelle Destremau, c’est déjà une longue histoire puisqu’on l’a déjà croisé comme actrice, scénariste ou réalisatrice depuis quelques années, Hommes Au Foyer réalisé en compagnie de Clémentine Deroudille , Les Violettes de Benoit Cohen, Fais Comme Chez Toi de Gautier About ou encore Héros le film de Bruno Merle sorti en 2007 avec Patrick Chesnais et Mickael Youn, pour lequel elle écrit le scenario et dont elle compose une partie de la BO, donnant naissance ainsi à Ruppert Pupkin.
Après French Kisser, un premier EP sorti en 2010, elle embarque au Studio Belvue Pygmy Johnson, producteur de l’album et double masculin sur le vénéneux Voodoo Doll, mais aussi entre autres Olivier Mellano, Hakim Djamaï, Maxime Garoute, Bily Jet Pilot de Coming Soon et Audrey Ginestet d’Aquaserge.
Cela nous donne Run, un album sombre et fragile, qui mixe avec talent la force et la tension d’une PJ Harvey à l’atmosphère claire obscure d’une Beth Gibbons.
[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]I[/mks_dropcap]l suffit de noter quelques titres parmi les 10 chansons de l’album pour s’apercevoir que l’ambiance n’est pas au beau fixe, de O My Dead à My Pain, en passant par Save You ou Take Care, on se croirait presque chez Nick Cave. L’album conte en effet l’errance nocturne, les êtres oubliés et fantomatiques, les voyages solitaires, une petite pointe d’humour grinçant pour éviter la folie.
Un ambiance de films d’horreur des années 50 sur Run, une chevauchée dans le Far-West sur Visions, une ambiance à la Sofia Coppola sur How Many Lives, un cabaret futuriste sur Everynight, Ruppert Pupkin nous dévoile ses chansons comme de petits films bien ficelés et terriblement attachants car superbement soutenus par des musiciens qui retranscrivent parfaitement l’univers de Ruppert Pupkin.
Voix doucement puissante, tension sous-jacente, Run est une belle réussite et Ruppert Pupkin peut déjà se préparer à renverser les rôles tant elle a de quoi s’attirer de nombreux fans.
Run est disponible grâce à Microcultures et La Centrifugeuse depuis le 10 juin.