La lumière a fini par triompher sur les ténèbres, non pas que les couleurs vivaces des pochettes des précédents albums n’aient trahi le spleen caractéristique de Rykarda Parasol, mais dans ce décorum atemporel, les symboles semblent figés et sous ce vernis esthétisé, les mots résonnent encore comme des confidences.
An invitation to drown extrait du précédent album daté de 2016, portait malgré son désespoir, une élégance comparable à nulle autre artiste. J’entends par là, qu’au delà de chaque mot prononcé par la voix sublime et unique de Rykarda, nous étaient révélées des douleurs secrètes.
Depuis Our Hearts First Meet sorti en 2006, c’est ce grain vocal qui continue d’irriguer la mémoire, une musique personnelle, qui ne répond jamais à un style prédéfini, qui se perpétue dans une beauté immuable. Comment un tel disque a t-il pu voir le jour au milieu de cette nuit sans fin ? Passé en dehors du regard averti d’astro-musiciens chevronnés, des titres comme Hannah Leah ou Weeding time atteignent toujours et encore notre intimité pour faire corps définitivement et se greffer à l’épiderme, en référence aux collages que Rykarda confectionne pour chaque disque, comme un calendrier ou un journal personnel.
C’est un retour triomphal pour Rykarda Parasol, une délivrance rassurante, elle qui a traversé des étangs de feu, encore échaudée par les braises de l’enfer. Elle en ressort métamorphosée, intacte malgré les blessures. Ses textes démêlent la réalité de la fiction. Les mots s’engouffrent au creux du cœur, parés d’une musique envoûtante, gravée pour l’éternité. Get down with your bad self ferme définitivement un chapitre pour ouvrir une nouvelle page. D’ailleurs, chaque titre a cette capacité à renforcer cette sensation de fascination, pour ne pas dire cette intensité confessionnelle. On y revient comme un péché mignon, on y retourne comme pour s’y empétrer les pinceaux, et jaillissent mille couleurs qui explosent en petits bouquets autour des mirettes. Je vous épargne la description de chaque titre, car Tuesday morning s’écoute d’une traite, dans son intégralité, il en devient même vital, salutaire.
Preuve de son attachement avec la France dont elle est devenue résidante quand elle n’est pas à San Francisco, Rykarda revisite Ne Cherche Pas de Zouzou et Dutronc, une version voluptueuse, imprégnée de cette voix de velours. Chaque chanson procure une sensation différente, s’amplifiant pour remplir l’espace, cette voix qui glisse sur la musique, comme une danse. Avec l’aide de Marc Ottavi, les compositions se sont concrétisées en une sculpture charnelle mouvante et émouvante, enregistrées à San Francisco avec Mark Pistel ( Meat Beat Manifesto), accompagnées de Marc Capelle (American Music Club) et le batteur Danny Luehring. Justement, cette énergie se magnifie avec le final Above it All dont les riffs griffent la surface du coeur, une véritable épiphanie et cette révélation prend tout son sens, jusqu’à la dernière note. On attend donc avec impatience la date du 24 Octobre 2023, un mardi matin.
Rykarda Parasol – Tuesday Morning
Autoproduction – 24 octobre 2023