Imaginez un instant un paysage de désolation absolue : à perte de vue s’étalent des montagnes immergées, des plaines désertiques, des cités englouties, et un brouillard profond comme une nuit sans lune a empli l’atmosphère. D’un silence lourd comme une chape de plomb s’échappe alors une simple note de piano, réverbérée à l’infini comme si elle résonnait dans un immense canyon. Puis, presque imperceptiblement, une pulsation cardiaque la rejoint, battant la mesure d’un coup à la fois rond et mat, cerné par de rêches grincements électroniques. Surgissant de nulle part mais ménageant son entrée avec une délicatesse infinie, une voix féminine éthérée s’invite et dessine les contours d’une mélodie en quasi-apesanteur. Alors que la rythmique se durcit, des notes d’une luminosité salvatrice viennent éclairer le motif principal, tandis que des envolées lyriques lointaines viennent baigner toutes les pistes sonores d’une évanescence cotonneuse, finissant par s’éteindre progressivement dans un écho assourdissant.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C'[/mks_dropcap]est par cette ouverture majestueuse que débute Garden Of Love, le quatrième album studio du duo électro-techno Scratch Massive, et la voix fantomatique évoquée n’est autre que celle de Maud Geffray, qui en est la moitié féminine aux côtés de son partenaire Sébastien Chenut. Formé il y a une vingtaine d’années maintenant, ce tandem certes atypique mais emblématique d’une certaine scène underground française, a développé, en marge des modes successives, un son d’une pertinence intemporelle, délaissant par de subtiles transitions stylistiques la charge sonore nerveuse des débuts pour embrasser une profondeur cinématique envoûtante.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]I[/mks_dropcap]l y a sept ans de cela, le binôme publiait Nuit De Rêve, troisième long format qui mariait avec délice ambiances aériennes et efficacité dancefloor, conviant dans sa transe magnétique les voix hétérogènes mais inspirées de l’icône new wave britannique Jimmy Somerville, de l’islandais Daniel Agust, leader du collectif Gus Gus, et de l’iconoclaste et chamanique français Koudlam.
Après plusieurs années consacrées à leurs projets parallèles en solo, ou à l’élaboration de bandes originales de films, notamment ceux de Zoe Cassavetes, compagne de Sébastien Chenut à la ville, le très attendu nouvel album du duo, sorti fin octobre, constitue le prolongement logique de son prédécesseur tout en lui fournissant une antithèse radicale : si les ambiances hypnotiques et glacées sont toujours bien présentes, Scratch Massive a troqué la puissance de ses séquences, qu’elles soient lancinantes ou énergiques, contre une forme ambitieuse d’épure, dont le minimalisme apparent masque avec grâce un travail d’orfèvre sur les structures et les arrangements.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]À[/mks_dropcap]la suite du saisissant Last Dance évoqué plus haut, les sublimes sept minutes de Numéro 6 fournissent aux envolées graciles de la voix pénétrante de Tobias Buch, déjà croisé sur la bande originale de Day Out Of Days, un écrin implacable de rythmiques martiales et de nappes de synthétiseurs lyriques, qu’on jurerait composées pour un ensemble de cordes baroque. La splendeur étoilée et fortement suggestive de ce deuxième morceau est pourtant vite balayée par la noirceur quasi-sépulcrale de Fantôme X qui, magnifié par le timbre élégiaque du Rémois Romain Thominot, déploie une ambiance à la fois mortifère et bouleversante, sur une syncope feutrée et addictive. Semblant évoquer, de façon diffuse mais sensible, la mémoire des disparus de l’ère révolue des rave parties, cette piste glaçante tient autant de la séance de spiritisme que du monument aux morts. À moins qu’il ne s’agisse, en creux, d’un éloge funèbre dédié à l’humanité toute entière.
Par comparaison, la valse chancelante de Dancer In The Dark, interprétée par Maud elle-même, pourrait presque faire figure de pause salutaire si elle n’était dynamitée en son milieu par un break d’une stupéfiante et increvable lourdeur psychotrope. Servi par un décor sonore qui évoque autant une rêverie fantasmagorique qu’un cauchemar éveillé, Garden Of Love ménage tout de même deux belles références historiques au passé de ses auteurs, sous la forme du vertigineux Chute Libre, traversé par une convulsion très breakbeat hardcore, et de l’euphorique Mono Arch, lardé de samples vocaux renvoyant aux plus belles heures de la early house.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]E[/mks_dropcap]ntre ces deux instrumentaux remuants trône l’abrasif Sunken, duo déchirant envoyé en éclaireur il y a un an déjà, dont le groove chaloupé à la limite de la dynamique hip hop n’a rien perdu de sa superbe, associant dans un antagonisme fusionnel les couplets acides de la troublante Léonie Pernet aux refrains évanescents de Maud Geffray. Cette dernière brille encore de mille feux sur l’entêtant Pray, salve la plus représentative du double caractère du disque, qui se déploie en deux temps aussi opposés que complémentaires, voyant une infra-basse tellurique soutenir une nappe de synthé à la tonalité quasi-liturgique avant de se muer en boucle bipolaire, aussi insidieusement entraînante que viscéralement hyperstatique.
Dans une dernière séquence plus intimiste mais dont l’enchaînement astucieux distille une perversité redoutable, Another Day témoigne d’une humeur plus positive, égrainant ses accords majeurs sur une trame plus optimiste et enjouée, avant que la voix de Romain Thominot ne revienne hanter le final Feel The Void, véritable descente implacable nous enjoignant, avec force et douceur combinées, à mesurer notre fragilité à l’aune de l’immensité du vide de nos perspectives d’avenir.
En définitive, la grande réussite de ce Garden Of Love est d’offrir l’illustration musicale idéale d’une confrontation inéluctable entre la grandeur de l’âme humaine et l’imminence d’une apocalypse annoncée : sans sombrer dans une nostalgie plombante ni un passéisme obsolète, il parvient pourtant à transfigurer tout l’héritage des musiques électroniques modernes, intimement lié au passif des deux membres de Scratch Massive, pour lui ériger un monument aussi formellement épique qu’humainement intense.
Dix-huit mois après avoir rencontré Maud Geffray seule, au moment de la sortie de son excellent Polaar, j’ai eu le plaisir de retrouver le duo au complet dans un bistrot du XVIIIème arrondissement de Paris, pour tenter de retracer avec eux la genèse de ce chef d’œuvre de tension et de plénitude mêlées. D’une manière assez amusante, notre échange à bâtons rompus a lutté contre le brouhaha ambiant de la même façon que leur album propose une élévation salvatrice au-delà du fracas du monde extérieur.
Garden Of Love est votre quatrième album studio en quinze ans, et c’est peut-être le premier sur lequel on sent une volonté si forte de raconter une histoire et une telle homogénéité sonore. Ce sont des choses auxquelles vous avez songé en le préparant ?
[mks_pullquote align= »left » width= »300″ size= »22″ bg_color= »#FFFFFF » txt_color= »#800080″] »L’amour c’est important, les jardins aussi et ils vont mourir »[/mks_pullquote]
Maud Geffray : Il y a de ça, oui. Il faut dire que durant ces dernières années, nous avons été pas mal immergés dans notre travail sur les bandes originales de films. Notre musique se nourrit beaucoup d’images, d’histoires, d’émotions : on voulait raconter quelque chose qui fasse ressortir une certaine âme, une dimension humaine. Il faut dire aussi que ma voix a été beaucoup plus utilisée qu’avant, sur une grosse moitié des titres cette fois-ci (cinq sur dix dont le duo avec Léonie Pernet, ndlr), un peu comme un fil conducteur : du coup, le fait d’avoir fait appel à moins de contributions vocales extérieures qu’auparavant nous a permis de nous recentrer sur ce que nous voulions vraiment exprimer. Certes, il y a un ami de Los Angeles qu’on a fait chanter sur Numéro 6, et dont on a complètement retravaillé les prises de voix en studio pour raconter notre propre histoire, et il y a aussi un autre garçon qui s’appelle Romain Thominot, qui a une très belle voix et qui est présent sur deux autres titres. Mais tout le reste, ce n’est « que » nous, donc je pense que cette sensation de narration très personnelle qu’on peut éprouver au travers de cet album vient de là.
Sébastien Chenut : Pour reprendre ce que tu dis au niveau du son, je pense que c’est aussi lié au fait d’avoir changé de technique de composition et d’enregistrement pour ce disque-là. Par exemple sur Nuit De Rêve (le précédent long format du groupe, publié en 2011, ndlr) on utilisait beaucoup de synthés virtuels, alors que sur ce dernier album, nous nous sommes restreints à trois ou quatre synthés externes seulement. Tous les morceaux ont exactement le même casting en termes d’instruments, mais nous avons pensé et conçu chacun d’entre eux différemment. C’est donc à partir de cette source sonore originelle qu’on a pu développer tout un univers avec un matériel assez homogène sans être uniforme, tout en travaillant davantage la notion de relief qu’auparavant.
Chacun de vos albums studio se démarque profondément du précédent, tant en termes de sons que d’ambiance. C’est important pour vous de proposer quelque chose de différent à chaque sortie ?
Maud Geffray : Il s’écoule toujours pas mal de temps entre deux de nos albums, et on fait beaucoup de choses en parallèle dans l’intervalle, donc en tant que personnes, nos envies évoluent, comme pour tout le monde dans un tel cas. Outre l’homogénéité de l’ensemble et la volonté de raconter une histoire, que nous avons déjà évoquées, cet album-ci est peut-être plus « spatial », moins marqué par une orientation ouvertement dancefloor. Pour tout dire, je ne pense pas que ce soit très réfléchi, ça représente plutôt l’état d’esprit dans lequel on est à un moment donné.
Sébastien Chenut : Pour ma part je trouve que Nuit De Rêve portait déjà une histoire en lui, mais il est vrai que nous avons effectué un certain recadrage pour celui-ci : nous avons élagué pas mal de choses en termes de couches musicales, notamment du fait d’avoir travaillé dans une configuration plus réduite que d’habitude. Même si on a pas mal de matériel, on en a utilisé très peu cette fois-ci, ce qui a permis de rester dans la même matière. Ce qui est plus évident pour raconter une histoire, mais on n’y a pas réfléchi à l’avance : c’est peut-être même uniquement le fait d’avoir utilisé une telle technique qui nous a naturellement amenés à ce résultat, et que spontanément, quelque chose s’est tramé tout seul (rires).
Je suis toujours frappé de voir qu’à chaque fois, vos arrangements et votre production se font toujours plus précis et travaillés. Utilisez-vous toujours le même matériel ou vous tenez-vous constamment au courant des nouvelles évolutions techniques dans ce domaine ?
Sébastien Chenut : Là c’est précisément le contraire : nous sommes revenus à des choses anciennes. On a racheté des vieux claviers datant de la période qui va de la fin des années 70 jusqu’au début des années 80, des synthés qui fonctionnent avec des séquenceurs autonomes. Ça a changé pas mal de choses pour nous, puisque l’ordinateur est quasiment devenu un simple enregistreur, et plus le nerf central de la composition. Dans ce contexte, il y a moins de chances de s’égarer en route, et on finit par adopter une relation privilégiée avec des instruments particuliers. On se rend compte qu’on peut, avec un seul synthétiseur produisant un seul son, faire alternativement une basse, une nappe, un pied ou un clap. Cet album-là est la conséquence logique d’un travail plus direct sur la matière sonore.
Maud Geffray : Il faut aussi dire qu’on a changé notre studio en lui-même, puisqu’on a changé de lieu géographique vu que c’est à Los Angeles que nous avons composé cet album. C’est aussi intéressant de dissocier cet aspect selon nos projets respectifs : j’ai mon studio avec mon propre matériel à Paris et pour Scratch Massive, si on a certes ramené des choses d’ici, on a aussi racheté beaucoup de choses sur place. À Los Angeles il y a une grande culture des synthés, notamment modulaires, et ça nous a donné envie de retravailler avec des vrais claviers, comme le Pro-One ou le Jupiter-6 qui ont donné la couleur de l’album. Nous nous sommes quasiment cantonnés à ces deux synthés-là et une boîte à rythme pour le réaliser.
Votre précédent long format studio, Nuit De Rêve, invitait des vocalistes prestigieux comme Jimmy Somerville ou Daniel Agust de Gus Gus, et d’autres aux univers très marqués comme Koudlam ou votre amie Chloé Thévenin. Est-ce que vos choix pour ce nouvel album ont été conditionnés par cette expérience ?
Maud Geffray : Il est vrai que nous nous sommes un peu plus comportés en control freaks cette fois-ci (rires). Peut-être aussi que nous avions, à l’époque, moins confiance en nous pour ce qui concerne les voix : c’est pour ça que nous avons alors fait appel à ces gens pour pallier à quelque chose que nous ne nous permettions pas. Même si nous avons énormément retravaillé leurs apports vocaux, jusqu’à la reconstruction totale, nous étions un peu obligés de faire avec ce qu’ils avaient donné. En revanche, pour Garden Of Love, c’était un vrai choix de travailler avec des gens qui accepteraient d’être « malléables » en studio, si j’ose dire : combinée à l’utilisation de ma voix, cette méthode a fait que ces contributions étaient plus intégrables dans le projet de façon globale. Ça a créé un univers mêlé, et probablement laissé moins de place à l’expression de personnalités qui ressortaient de l’ensemble auparavant, comme avec Koudlam par exemple.
Sébastien Chenut : Nous avons vraiment pris possession à 100% de ce disque. Je voulais dès le départ que Maud soit davantage présente, et toutes les productions ont été faites par nous-mêmes. Nous voulions instaurer, dans sa conception, une sorte d’intimité relative. C’est aussi lié au fait de se dire, en abordant ce quatrième album après tout ce temps, qu’on a acquis une expérience nous permettant d’entrevoir la possibilité de faire des choses qu’on ne pouvait pas faire avant.
Sébastien réside à Los Angeles depuis cinq ans, tandis que Maud est restée en France, à Paris. De quelle manière cet éloignement géographique a-t-il influé sur votre travail en commun, en particulier pour ce nouvel album ?
Maud Geffray : Ça veut surtout dire qu’on a moins de temps. Nous avons fixé que tout le travail sur Scratch Massive, que ce soit sur les bandes originales ou pour ce nouvel album, se ferait désormais à LA, ce qui nous permet de définir d’emblée un son et un état d’esprit. Comme je ne vis pas là-bas, on se fait des sessions de quelques mois quand c’est nécessaire, même si ça peut être compliqué pour moi de partir autant de temps. C’est comme une sorte de résidence qu’on s’impose, mais qui s’avère créative au final. Tu sais, on est comme tout le monde : sans deadline, on procrastine à fond (rires). Là au moins, on se fixe des objectifs précis : savoir où on va, travailler tous les jours, quitte à traîner dans le studio, même la nuit, pour chercher des pistes, en sachant qu’on a cette envie que tout soit fini quand je rentre. Donc oui, ça a changé pas mal de choses.
Est-ce que vos projets respectifs en solo ont eu une influence sur Scratch Massive ou est-ce une facette bien distincte pour vous deux ?
Maud Geffray : Bien sûr que ça a eu une incidence. Encore une fois, c’est une question de confiance : le fait que chacun peaufine de son côté son rapport à la technique, sans avoir le regard ou l’aval de l’autre. Avoir eu besoin de voix pour mon projet solo m’a amenée à les faire moi-même, ce qui m’a encouragée à en apporter à Scratch Massive, tandis que de son côté, Sébastien a travaillé tout seul sur les synthés et la production.
Entre le titre Sick Of Love que vous avez écrit ensemble pour l’album solo de Maud, le nom du mini-album Motor Of Love de Sébastien ou encore celui de ce nouveau disque studio de Scratch Massive, l’amour est-il une thématique récurrente de votre travail des dernières années ?
Maud Geffray (amusée) : Ah oui tiens, je n’avais pas fait attention à ça (sourire). Pour ma part, je crois vraiment être une grande romantique. Je pense que toutes les émotions qui émanent de nos chansons sont liées à la beauté des sentiments. C’est un véritable moteur dans la vie, voire même LE moteur, que ce soit pour souffrir, pour avancer ou pour construire, parce que sinon… (silence)
Sébastien Chenut : Sans amour il n’y a rien. C’est vraiment tout ce qui nous reste quand le monde part en cacahuètes.
De façon assez noire, l’album démarre sur une dernière danse et s’achève sur une invitation à contempler le vide. Et pourtant on sent tout au long du disque une grande douceur émaner de votre musique : ce contraste est-il délibéré ?
[mks_pullquote align= »left » width= »300″ size= »22″ bg_color= »#FFFFFF » txt_color= »#800080″] »Sans amour il n’y a rien. C’est vraiment tout ce qui nous reste quand le monde part en cacahuètes. »[/mks_pullquote]
Maud Geffray : Oui, on aime bien les contrastes de façon globale, et ça va même jusque dans le titre de l’album, Garden Of Love, et le cliché de sa pochette, qui posent la question de ce que peut être le véritable amour.
Sébastien Chenut : Et puis honnêtement, la « dernière » danse c’est comme le « dernier » verre, ça ne l’est jamais vraiment : ça peut aussi être une incitation à en reprendre un(e) autre (sourire).
Puisque nous évoquons la pochette, je me suis dit que les deux personnes qu’elle représente pourraient très bien être deux femmes…
Maud Geffray : Et bien bravo, il y a très peu de gens qui voient ça (rires). C’est même exactement pour ça que cette photo nous plaisait, d’ailleurs. Si tu la regardes vraiment, il y a plein de niveaux de lecture (sourire). Nous avons confié ce travail à un ami graphiste qui a longuement écouté nos envies, et nous voulions quelque chose d’assez organique, qui ne soit pas trop froid. Après qu’il m’ait fait quelques propositions, c’est quand il m’a montré cette image dans son bureau que j’ai flashé : on peut la lire dans tous les sens, c’est bourré de clichés mais il y a quand même du mystère, de l’ambiguïté aussi. Est-ce un guitariste avec de faux ongles ? A-t-on affaire à deux femmes ? On ne sait pas, et c’est très bien comme ça.
Un ami m’a décrit un jour Scratch Massive comme étant « une sorte de mémoire vive qui perpétue l’esprit initial des raves, tout en s’en démarquant pour proposer quelque chose de complètement différent ». C’est une définition qui vous satisfait ?
Maud Geffray : En tout cas ça fait plaisir (sourire). Oui, en effet, les rave parties sont un peu nos racines, c’est là où nous nous sommes rencontrés. C’étaient les débuts de toute une histoire, et garder toujours vivace cet esprit qui nous a marqués à vie, c’est quelque chose d’important pour nous.
Le titre de l’album semble être une référence au poème du même nom signé de l’anglais William Blake, dans lequel il critiquait l’obscurantisme de son époque par rapport à la sexualité. Avez-vous un message similaire à faire passer à vos contemporains sur ce sujet ?
Maud Geffray : En fait nous avons trouvé le titre avant de faire le rapprochement avec ce texte. Pour moi, la musique sert avant tout à véhiculer des sensations, c’est ce que j’ai envie de transmettre en tout cas. S’il y a un message clair à communiquer, il passera avant tout par l’aspect visuel. Mais c’est vrai que dans un titre comme Sunken par exemple, il y a ce jeu de questions-réponses entre deux filles, et on peut y voir une histoire d’amour. Il y a quelque chose qui est là, sous-jacent, mais qui ne s’impose pas de façon évidente et martelée.
[mks_pullquote align= »right » width= »300″ size= »22″ bg_color= »#FFFFFF » txt_color= »#800080″] »La musique sert avant tout à véhiculer des sensations »[/mks_pullquote]
Sébastien Chenut : L’amour c’est important, les jardins aussi et ils vont mourir, donc on peut aussi y voir un message sur l’état de la planète. Ce disque est avant tout une invitation à l’amour, mais c’est aussi, de façon indirecte, un questionnement sur l’environnement et notre mobilisation à tous sur le sujet, à tous les niveaux. Sous l’angle poétique, il est bien question d’un jardin d’amour dans le titre de cet album, mais si l’on prend le terme de façon littérale, il s’agit d’un véritable jardin qui va peut-être cesser d’exister un jour.
Magnifique album!