[dropcap]P[/dropcap]endant cette trève des confiseurs un brin rallongée, nous n’avons évidemment pas oublié de suivre l’actualité des séries diffusées cet hiver.
La première de toutes est l’arrivée fracassante des nouveaux diffuseurs qui débarquent avec de gros sabots et leur capacité financière qui va avec. Malheureusement, des projets qui brillent mais qui ne font pas mouche. Par exemple, les fans de Jennifer Aniston ne bouderont pas le plaisir de la suivre dans The Morning Show, mais n’y trouveront pas la véritable surprise annoncée.
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See
Quant à la série See, diffusée tout le mois de novembre sur AppleTV, elle tient grâce à l’implication totale de Jason Momoa et d’Alfre Woodard dans un travail de mise en scène honnête mais sans panache.
Le principe de départ du scénario de cette fable dystopique confrontant culture et nature, est vraiment osé (l’Homme a survécu à l’apocalypse mais désormais aveugle, s’organise en peuplades primitives et brutales, loin de la culture et de l’éducation des livres et de l’écrit) et ouvre toutes les portes à la catastrophe.
L’odyssée de la famille d’un chef de clan et de sa compagne qui réussissent à élever leurs 2 enfants nés avec la capacité de voir à une époque où elle est qualifiée de sorcellerie, et fuyant une vendetta sanguinaire, aurait pu être une histoire riche visuellement, percutante et inventive.
Malheureusement, la mise en place peine à poser un édifice bancal, le récit souffre d’un rythme irrégulier et des digressions bavardes, associées aux erreurs de casting sur certains rôles clés, sont fatales au programme. Il y a autant de bonnes idées que d’invraisemblances, de superbes décors que de facilités esthétiques, bref, pas suffisant pour l’admirer mais sans véritable matière à la détester, See emporte son prix « fiftyfifty ».
L’effondrement
Côté séries françaises, la nouveauté la plus intéressante s’est révélée courant du mois de novembre, et est une vraie découverte à faire, rien que pour sa mise en forme. L’Effondrement, diffusée sur Canal+, est une série qui présente en huit épisodes des moments forts de la catastrophe économique globale qui nous ferait tous plonger dans un chaos sans précédent.
On assiste à des scènes chocs tournées en plan séquence d’une durée d’une vingtaine de minutes, chaque épisode retraçant une histoire, un moment, à un endroit. Le choix de ce format provoque une sensation d’urgence, une énergie qui maintient le questionnement tout le long des huit épisodes.
La réalisation est étonnamment maîtrisée et les plans séquences, exercice difficile de mise en place, correctement chorégraphiés. Du côté de la distribution, quelques visages reconnus, mais une majorité de petits comédiens et une implication générale qui fait plaisir.
Mais les points forts de L’Effondrement ont la même origine que ses points faibles : la jeunesse de ses créateurs et la facilité du discours. Car même si la conscience générale penche de plus en plus en faveur du retour de la conscience et de la responsabilité au sein de nos sociétés, la caricature prend malheureusement forme ici. L’argent c’est méchant, les policiers sont des salauds, les politiciens des menteurs. Un monde un peu trop binaire, d’une certaine manière.
Et, le deuxième reproche qu’on peut faire à L’Effondrement, c’est la transcription d’une violence bien « gentille », pas de sang, pas de vraie violence physique. Une vision acceptable d’un chaos compréhensible.
Malgré tout, et je le répète, il s’agit bien d’une des séries les plus remarquables de la fin d’année 2019.
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The Witcher
Vous avez tous remarqué la sortie très médiatisée de The Witcher, qui fait un carton depuis le 20 décembre sur Netflix. Cette série héroïco-fantaisiste est l’adaptation d’une série littéraire du même nom, qui a elle-même sa part de fans. Il faut dire que le créneau laissé béant par la fin de Game of Thrones fait envie à la totalité de la planète prod… donc, voilà le retour des grosses épées, des ambiances médiévales, brutales et romantiques, saupoudrées d’une bonne dose de fantastique.
The Expanse
Le mois de décembre a vu également arriver la quatrième saison de The Expanse. Le sauvetage de cette adaptation du space opera de James S.A. Corey est dû uniquement à la volonté farouche de ses fans à travers le monde.
Syfy avait lancé son développement, mais en décidant d’arrêter sa production à la troisième saison, le producteur/diffuseur a provoqué une montée de bouclier de la planète fan, suffisamment pour qu’Amazon Prime Video s’intéresse à sa reprise. Et voilà ! Le quatrième volet de The Expanse reprend où la protomolécule nous avait laissé, dans les abords de l’Anneau, au sein d’une coalition ultrafragile entre terriens, martiens, et ceinturiens.
Des problèmes sur une nouvelle planète fraîchement colonisée renvoient l’équipe du Rocinante vérifier si le cataclysme d’Eros ne va pas se reproduire et mettre l’univers à feu et à sang. Mais c’est sans compter les agissements des opposants, profiteurs, manipulateurs qui ne souhaitent que revenir à l’état de guerre, pour reconquérir puissance et territoires.
Aventure, manœuvres politiciennes, terres inconnues, oppression… rien que de plus humain et reconnaissable. Le tout avec une certaine amélioration côté imagerie et effets, The Expanse a pris sa place de série SF majeure.
Lost in Space
Toujours dans le genre science-fiction, décidément, a été lancée le soir de Noël la deuxième saison de Lost in Space ou les aventures des Robinson perdus dans l’espace. Ce programme a pris un peu de corps mais reste toujours sur un terrain très borné famille, avec une odyssée familiale très rebondissante, percluse de problématiques inhérentes aux enfants versus les parents, pour ceux qui entament le chemin adolescent, de crise de couple et de fraternité compliquée.
Construite autour de l’aspect recomposition de cellule aimante et combattive, les Robinson auront tout traversé pour sauver leur famille et les colons finalement retrouvés dans des conditions évidemment difficiles.
Le robot de Will Robinson (Maxwell Jenkins) est lui-même devenu une entité ambigüe, mais toujours tellement connectée à son cher ami Will que… ah ben non, impossible de vous révéler quoique ce soit sur les robots ho.
https://youtu.be/Zdgt-JzJ6b0
Et encore une fois, mention spéciale à Parker Posey qui a trouvé un rôle passionnant, sûrement le plus intéressant de tous, puisqu’elle est la duplicité même, naturellement survivante et sociopathe dans un contexte dégoulinant de bons sentiments.
La recette Robinson fonctionne encore, à consommer en famille, bien sûr.
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Dracula
Une fois les cotillons passés, rien de tel que prendre une petite goulée d’immortalité aux dents pointues, à savoir la nouvelle version de Dracula de Bram Stocker, produite par la BBC et écrite par monsieur Steven Moffat qui a régalé la planète des années durant avec rien de moins que Dr Who (dont la 12e saison a démarré au 1er janvier 2020 également) et Sherlock.
Si grand fut l’espoir que plus dure fut la chute. Trois épisodes d’une adaptation bavarde et caricaturale, aux accents carpathiens sifflants et aux nonnes revanchardes, finissent de torturer esprit et patience au cours du troisième volet, dont le monde entier s’accorde à renier la qualité. Et restera une question : mais pourquoi ?
The New Pope
Et puis, rappelons également que depuis janvier, sonnez tambours, crachez fumées biccolores, habemus papam ! La deuxième saison d’une des séries les plus surprenantes de 2016 « The Young Pope » est arrivée : The New Pope.
Iconoclaste, grinçante, énergisante malgré tout, maline et inventive dans la mise en scène, et servie par un casting délicieux dans lequel entre l’immense John Malkovich, la série (de nombreuses fois primée) change de nom pour mieux s’adapter à la réalité de son nouveau chapitre : le jeune pape en incapacité, un nouveau pape doit le remplacer.
Quel est ce dicton déjà ? On sait ce qu’on a…
Diffusée sur HBO, disponible sur Canal+ Séries.
The Outsider
Pour finir ce survol hivernal, encore une fois en provenance des productions HBO, voilà LE titre à voir absolument : The Outsider.
Tout commence avec le meurtre brutal d’un enfant, et la suspicion portée sur l’entraîneur de base-ball du coin. Le récit se déroule tout d’abord selon une logique policière, impliquant un policier aidé d’un agent fédéral, à la poursuite d’un homme apparemment sanguinaire, mais qui ne ressemble en rien dans les actes à celui qui est révélé par les divers témoignages et les caméras de surveillance.
Terry Maitland (Jason Bateman) voit sa vie voler en éclat, les familles concernées éclatent sous cette pression de l’horreur et de l’envie de justice. Mais, petit à petit, les questions s’approfondissent, les réponses deviennent des doutes… mais comment cet homme a fait pour être à la fois visible à un endroit et à un autre exactement au même moment ?
L’enquête prend des atours mystérieux, incompréhensibles et la menace se précise…
La réalisation du premier épisode est presque parfaite, alliant temps présent à celui de chaque interrogatoire de témoin, puis du temps de leur souvenir, le tout s’enroulant dans un rythme aussi inexorable qu’une vague, un mouvement qui entraîne à une conclusion, une seule. Et…non. Les cadrages souvent très décentrés donnent la sensation qu’à tout moment quelque chose peut y entrer sans invitation, qu’un regard en attente derrière nous appuie l’action. Le malaise est partout, rien n’est jamais évident, l’avancée dans cette histoire se fait sans geste rassurant.
Elle est signée, pour les épisodes un et deux, Jason Bateman lui-même, qui s’était déjà fait la main sur certains épisodes d’Ozark (excellente série noire, par ailleurs).
Côté distribution, l’impeccable Ben Mendelsohn donne une superbe version de flic blessé et imparfait, mais prêt à tout pour obtenir la vérité, et la surprenante Cynthia Erivo campe une enquêtrice aux capacités « spéciales » qui découvre la piste la plus probable mais également la plus dingue. Et la plus horrible.
Mais en fait, l’essentiel se trouve dans le fait qu’il s’agisse d’une adaptation d’un roman de Stephen King, à laquelle King a participé entièrement, avec l’excellent scénariste Richard Price (The Wire, The Deuce).
À ne rater sous aucun prétexte.
Diffusé sur OCS en US+24 depuis le 13 janvier
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