[dropcap]A[/dropcap]vec son sixième roman, La canine de George, paru en janvier aux Éditions de l’Observatoire, Sigolène Vinson nous entraîne dans une quête déroutante et onirique : celle de George Harrison par le prisme de sa canine droite.
Une idée de départ fantaisiste qui prend sa source lors d’une soirée à regarder la télévision, plus précisément le documentaire Eight Days a Week de Ron Howard sur les Beatles. Un détail, de prime abord anodin, attire l’attention de Sigolène dans une scène où George Harrison sourit : sa canine droite… une obsession qui ne la lâchera plus et dans laquelle elle mettra toute son énergie. Une forme d’exutoire salvateur qui prendra le pas sur tout le reste, une quête « des souvenirs des joies profondes ».
Mon propos est la fiction. Parce que le réel, c’est mon chagrin. Je raconterai une histoire autour de cette dent qui empruntera à l’art de mourir. Sigolène Vinson
Ainsi, autour de cette canine se met en place un microcosme avec une galerie de personnages qui se font les miroirs de l’âme de Sigolène Vinson et de celle de George Harrison, une rencontre entre « la femme balance et l’homme poisson [qui] inscriront leur nom dans les étoiles ». Une impulsion d’écriture qui communique avec le cosmos et l’univers, dans un état crépusculaire et halluciné comme sous LSD.
On retrouve Louise, qui vit à Lognes en Seine-et-Marne et travaille dans le recensement et la protection des canards. Lors d’une consultation chez le dentiste, un document attire son attention, « Cas d’école, la canine de George », sans trop savoir pourquoi elle demande si elle peut le prendre signant dès lors le début d’une enquête obsessionnelle sur ce fameux George.
De l’autre côté de la Manche, à Liverpool, Helen, 10 ans est atteinte d’un mal qui l’empêche de respirer et envisage de se jeter dans la Mersey pour mettre fin à ses jours. Mais son voisin George, un électricien-guitariste de 77 ans, dont elle est éprise, lui redonnera un second souffle.
À la demande de monsieur Nguyen Van Khiêm, un vieux vietnamien, ils finiront par se retrouver à Chistiania, un quartier fondée par des hippies en 1971 à Copenhague au Danemark, dans lequel vit Angelo, un surfeur gourou, féru d’astrologie et de mysticisme, qui tente de reconstituer une mystérieuse fresque représentant quatre silhouettes… Notons qu’Angelo Misterioso fut un pseudonyme utilisé par George Harrison sur certains enregistrements dans des maisons de disque concurrentes, pour des raisons contractuelles.
Au fil des pages, Sigolène Vinson déroule son récit qui peut dérouter de prime abord mais au creux duquel les indices qu’elle dépose s’imbriquent pour nous conduire au firmament. Chaque personnage possède son propre dessin à chaque ouverture de chapitre prenant sa place dans une fresque que l’on retrouve au début et à la fin du roman. Un travail de construction du récit dans lequel elle semble s’être lancée à corps perdus, tendant toutes ses pensées vers ce seul objectif, tel un orfèvre du verbe : des styles d’écriture différents selon les personnages leur donnant vie et les rendant attachants, la poésie des phrases, les métaphores que seul un amoureux de Harrison peut déceler. Quand la musique et les mots permettent de se sauver face à la douleur et à la mort… Yesterday, today was tomorrow, dit la chanson (Ding Dong, Ding Dong) comme un mantra traversant le roman, une boucle immatérielle et infinie sur laquelle le temps n’a plus de prise, pour accepter enfin le réel !
Je vous invite à découvrir la playlist de La canine de George que Sigolène Vinson a déposé à la fin… « Et si George n’était pas un simple prétexte à toute cette histoire… »
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La canine de George de Sigolène Vinson
Les Éditions de l’Observatoire, 6 janvier 2021
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Image bandeau : Photo by Fedor on Unsplash