[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#DC836C »]L[/mks_dropcap]a France est traditionnellement la terre d’accueil de musiciens injustement ignorés en leur pays, notamment américain. Songez à Elliott Murphy, Ben Harper, ou Archive. Inversement, il lui arrive aussi, (à la France) de faire des oublis ou en tout cas de ne pas rendre les honneurs qui seraient dus à une certaine pop.
C’est un peu le cas des glorieux Stereo Total, duo franco berlinois, agissant depuis des lustres, trésor bien gardé et largement reconnu en terres germaniques mais seulement cultissime par chez nous. Pourtant, la création du groupe remonte à 1995, époque à laquelle Françoise Cactus et Brezel Göring, duo sur scène, comme dans la vie, fondent le groupe à Berlin, avec pour particularité, entre autres, un chant mêlant l’anglais, le français et l’allemand of course. Le son du groupe est une délicieuse pop minimaliste à base de synthés et de sons délirants, sur des textes joyeusement foutraques. Ils ont même connu leur petit succès avec L’amour a trois, souvenez vous !
Stereo Total s’est également fait une spécialité de reprendre divers tubes, dont beaucoup de hauts faits sixties à leur sauce, cela allant de Serge Gainsbourg à Vanessa Paradis, en passant par Sylvie Vartan notamment, pour une reprise musclée chroniquée dans ces colonnes.
Ah quel cinéma !, leur 12e album déboule dans les bacs début juillet, et c’est toujours un régal de les retrouver.
Alors, non, le groupe n’a pas changé sa formule, on reste en terrain connu. Dès Einfach, on retrouve la patte synthétique et minimaliste du groupe, on retrouve ce talent pour trousser des petits morceaux efficaces, et nul besoin de maîtriser l’allemand pour en apprécier les sonorités.
Ich bin cool rappelle aussi combien on aime quand Françoise Cactus chante avec cet air typique sixties, un ton nonchalant et boudeur mais fonceur, qui ravage tout sur son passage.
Mes copines est un drolatique exercice linguistique sur le thème des copines du groupe et leur vices associées, mais en rime, du style « Allo Alice, on te passe tous tes caprices », et rappelle que le groupe aime aussi s’amuser avec les sonorités des différentes langues.
Cinemascope, premier single tiré de l’album, est typiquement le genre de chansons qui peut rabibocher les réfractaires à la langue teutonne et démontre clairement que cette langue peut faire chanter et danser. Dachkatze est également conseillé pour danser sur de l’allemand.
Ah quel cinéma ! est album riche par ses sons, mais aussi par ses langues chantées, My idol convoque l’anglais pour un rock endiablé, parfait pour se trémousser, parsemé de ces sons bizarres et foutraques qui sont la spécialité de Stereo Total.
Le français n’est pas en reste, bien évidemment, Sur un fil est une jolie chanson mélancolique sur le thème du fil du temps qui passe auquel rien ne résiste, même pas l’amour.
Tout va très vite sur cet album, avec une durée moyenne de trois minutes, les titres s’enchaînent et nous voila déjà arrivés à la fin du disque. Elektroschocktherapie clôt l’album sur un morceau plus sombre et montre aussi que le groupe désire aborder des sujets plus profonds et moins légers que leur répertoire habituel.
Ah quel cinéma ! envoie 14 morceaux qui alternent les ambiances pop psychés minimalistes et les tempos ralentis voire mélancoliques. Tout comme leurs albums précédents, l’instrumentation est jouée de façon minimaliste sur des instruments rudimentaires (vieux Casio, orgue en plastique pour enfants, instruments bricolés) et via du huit pistes, c’est un peu low fi, mais ça balance un max, et c’est ce qui fait le charme et la puissance du groupe.
Bref un album emballant, plein de chouettes mélodies et de belles chansons qui vont nous accompagner cet été.
Stereo Total – Ah quel cinéma !
sortie le 12 juillet 2019 sur Tapete Records