Dans un mois de mars de folie côté sorties musicales, l’événement majeur restera le nouvel album de Sufjan Stevens Carrie & Lowell. Autant le dire tout de suite, l’album est somptueux avec 2 sommets All Of Me Wants All Of You et Fourth Of July, classique immédiat, chanson tire-larmes (le we’re all gonna die murmuré vous arrache littéralement le cœur), qu’on se passe et repasse et repasse.
Carrie et Lowell sont en fait la mère et le beau-père de Sufjan Stevens, Carrie est décédée fin 2012 et à bientôt 40 ans, le New Yorkais d’adoption lui rend hommage, parle de la mort, de religion, de la perte et de la relation avec sa mère qui l’abandonna, lui et son père alors qu’il n’avait qu’un an.
Sufjan stevens croisa sa mère plus qu’il ne vécut avec (Should Have Known Better), une relation à distance faite d’interrogations et d’inquiétudes (Carrie vivait plus ou moins dans la rue, entre alcoolisme et dépression). Leur relation se renforça sur les derniers mois de vie de Carrie et Sufjan Stevens essaie par cet album de gérer cette vie, ce sentiment de perte et d’injustice, ce vide qui se crée alors que les souvenirs restent à construire
Forcément, quand on connait la genèse de l’album, on pourrait craindre un projet insupportable de larmoyance et d’auto-apitoiement.Au contraire, Sufjan Stevens nous offre un disque magnifique, d’une simplicité et nudité absolue. Proche d’un Nick Drake ou d’un Elliott Smith, on retrouve le Sufjan Stevens de Seven Swans, une guitare acoustique, quelques notes de pianos et quelques chœurs féminins (Nedelle Torrisi ou Laura Veirs) suffisent à créer une intense émotion.
5 ans après The Age Of Adz et divers projets (Sisyphus avec Serengeti et Son Lux, la musique d’un ballet et de nouvelles chansons de Noël entre autres), Sufjan Stevens retrouve ses racines folk et nous rappelle combien ce petit bonhomme est un des plus grands artistes de ce siècle.
On ne reviendra pas sur Fourth Of July (allez hop, ma chanson de l’année !) et All Of Me Wants Of All Of You, tant chaque chanson mérite qu’on la cite : le poignant Death With Dignity (I forgive you Mother, I can hear you, and I long to be near you but every road leads to an end), la simplicité nue d’un Eugene ou The Only Thing, l’aérien Carrie & Lowell, l’incroyable Johnny My Loved….
L’album est magnifique de bout en bout, voyage intime dans la vie de Sufjan Stevens avec son lot de malheurs et de tristesse, naturel et émouvant, beau et triste, parfait.
Carrie & Lowell est disponible depuis le 30 mars chez Asthmatic Kitty Records et Differ-Ant.
Putain de disque…