Kweku, médecin ghanéen ayant beaucoup sacrifié pour devenir un professionnel reconnu par ses pairs, se lève, se dirige vers sa véranda, dans la maison qu’il a fait construire sur mesure, la maison de ses rêves, qu’il a dessinée, sur un bout de serviette voila 15 ans, maison, que seul un architecte un peu givré a bien voulu construire.
Kweku donc se lève, discrètement pour ne pas réveiller sa femme, sa seconde femme, s’avance dans la véranda, nus pieds, car il a oublié ses pantoufles (comment a t-il pu ? se demanderont ses enfants, lui qui ne les quittait jamais).
Kweku s’avance et s’écroule, dans la rosée matinale du jardin de sa véranda. Pendant les longues secondes au terme desquels son cœur va le lâcher, il se rappelle sa vie, ses drames, comment son cœur fut brisé de maintes fois avant de lâcher pour de bon.
Au travers de ces fugaces secondes, ce sont sa vie, sa réussite malgré la misère de son enfance ; l’histoire de son pays, le Ghana, mais aussi le Niger, les guerres civiles, sa femme, ses enfants qui vont nous être racontés. Toute la première partie du livre s’écoule ainsi, chaque souvenir du père en appelle un autre avant l’extinction finale.
La seconde partie voit la réunion des enfants autour de ce père qu’ils ont peu connu. Et les tensions qui ressurgissent, toujours autour de la même construction littéraire, un détail du quotidien faisant remonter un souvenir à la surface.
Avec ce premier roman, Taiye Selasi, nous entraîne dans les méandres de la famille, de l’Afrique aux États-Unis, à travers les destins tragiques de ses personnages.
Le ravissement des innocents, Taiye Selasi, Éditions Gallimard, Septembre 2014