[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#9c8da1″]C[/mks_dropcap]’est devenu une tendance de plus en plus dans l’air du temps. Nous aurions pu ne pas déceler ce glissement progressif et pourtant… Une fois encore, le constat est sans appel : le réchauffement climatique frappe également les musiques réputées froides. The KVB n’échappe pas à la règle.
Le projet né à Southampton des méninges de Nicholas Wood puis bonifié par les claviers de l’intrigante Kat Day a pris une toute autre dimension après la signature du duo en 2015 avec le label de l’inévitable Geoff Barrow. En rejoignant les rangs d’Invada Records, l’humeur est devenue plus habile et, par ricochet, l’exposition de la formation bien plus visible.
Of Desire sorti en 2016 avait déjà amorcé quelques aspirations plus abordables. Non l’idée de vous convaincre que derrière le mystérieux Klaus Von Barrel (pseudo usité par le sieur Wood) se cachait un désir d’illuminer aveuglement la mappemonde. Cette affirmation souffrirait d’un excès de décryptage car il va sans dire que, jusqu’à ce jour, les productions de l’intéressé et sa compagne pouvaient trouver place dans un rayonnage proche des galettes de l’ami Luis Vasquez (The Soft Moon) même s’il faut admette que celles-ci s’affublaient d’une approche bien moins radicale question verve.
Sans procéder pour autant à un relooking extrême, leur shoegaze quelque peu frissonnant et teinté d’une noirceur d’usage vient de connaitre un sacré ravalement de façade. C’est dans leur refuge d’adoption situé à Berlin que les premières ébauches d’Only Now Forever ont pu germer au gré d’un réel virage esthétique.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#9c8da1″]L[/mks_dropcap]e huitième album des prolifiques anglais arrondit les angles, développe bien plus de thématiques, ose les grands écarts de genre sans pour autant renier son squelette influencé par le plus rude des post-punk désormais chargé d’un fort dépoussiérage du style, au point de faire virer quelques pièces vers une pop synthétique astucieusement chargée de contrastes.
J’en veux pour preuve Above Us qui enclenche la machine sur des abrasions modérées et mêlées de quelques scintillements électroniques venus pour diluer les pulsations vives dans un bain de lucidité pénétrante. À la suite, On My Skin redouble d’efficacité grâce à sa basse obsédante, outre ses effets multiples et notamment finement psychédéliques qui gravitent autour d’un entrain novateur. C’est sans doute une première mais la danse ici n’est plus statique !
Je serais un piètre bonimenteur si j’éludais du lot les compositions bien plus arides telles Only Now Forever qui donne son nom au recueil et dont les syncopes digitales affutent le retour d’assombrissements maîtrisés… Ou encore Afterglow comme la soudaineté de reflets qui s’entrechoquent dans une bacchanale divinement plus sombre mais terriblement jouissive.
Only Now Forever pourrait alors passer pour une œuvre manquant cruellement de cohésion, c’est le risque pris par The KVB dans ses expérimentations multiples caractérisées par une succession de douches écossaises déversant sans aucune précaution une chaleur vivifiante après (ou avant) un jet totalement glacé.
À vrai dire, à l’écoute du disque, l’impression de patchwork est assez vite zappée car nous naviguons autant avec plaisir sur les pentes torrides d’Into Life qu’au cœur de la bluette dream-pop qu’est Violet Noon, preuve que la palette est large et même si les dernières minutes peuvent souffrir d’une légère lassitude, ce nouveau chapitre offre un bel ensemble qui devrait alimenter un futur aux alternatives immenses. Hautement recommandable pour les adeptes de stylisations hybrides.