[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= » »]L[/mks_dropcap]e Très Court international film festival commence aujourd’hui. Diffusés dans le monde entier, ces très courts métrages donnent à voir une forme de création encore plus directe et percutante puisque le principe est de réaliser un film de moins de trois minutes.
Addict-Culture est fier d’être cette année partenaire de ce festival. Et à cette occasion, Lilie Del Sol a pu rencontrer Marc Bati, le directeur du festival.
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Bonjour Marc Bati, vous êtes directeur du Festival. Le Festival existe maintenant depuis 18ans.
Comment est-il né ?
18 éditions effectivement. Il faut déjà bien comprendre que dans les années 99-2000 il n’y avait pas encore Youtube, Dailymotion etc… très peu de vidéo sur internet. Donc il y a eu à cette époque l’émergence de nouveaux réalisateurs qui ont commencé à s’exprimer grâce aux caméras mini DV qui venaient d’apparaitre au cours des années 90. Il y a toute une production underground inédite qui sortait et qui n’était visible que dans de petits réseaux relativement confidentiels. On a réalisé que beaucoup de ces « expérimentateurs » utilisaient le format très court de moins de trois minutes dans leurs réalisations. C’est en découvrant toutes ces réalisations que l’envie de créer le Festival est née.
Donc vous faisiez partie de l’aventure dès sa création ?
Tout à fait. Nous avons eu envie de créer un espace où le format très court aurait la place qu’il mérite et de le faire connaître à travers le monde !
C’est un format qui a connu une véritable expansion ces 18 dernières années du fait de l’évolution technologique (smartphones, tablettes…) et avec la création des réseaux sociaux tels que youtube, daylimotion, vimeo …
Vous en avez évidemment été les témoins ?
Evidemment. C’est aussi un format qui, à la fin des années 90 a connu un véritable succès à la télévision avec des programmes tels que « un gars, une fille », « kaamelott », « bref »…. c’est un format qui a donc fait son entrée chez le téléspectateur.
Comment avez-vous fait du festival un festival international ?
En fait ça c’est fait petit à petit. Avec les réseaux qui se sont étendus au fil des années, les rencontres, les échanges … On s’est rendu compte qu’on ne voulait pas établir un concept « classique » sous forme de « tournée » avec des rendez-vous toute l’année à différents endroits. On a privilégié l’idée de faire que le festival soit vécu partout au même moment avec la même programmation. C’est aussi grâce au format des films que l’idée a pu prendre partout. C’est un format que l’on pourrait qualifier d’universel. En trois minutes on comprend ce qu’il se passe, le message a le temps de passer.
Comment les films sont-ils sélectionnés ? Qui peut participer ? Et comment ?
Il y a un appel à participations qui est lancé à partir du mois d’octobre et jusqu’à mi-février en règle générale. Les participants envoient leurs films à travers des liens numériques sur des plateformes dédiées nationales et internationales. La sélection est effectuée par le comité de sélection du Festival.
Mais alors vous devez crouler sous les propositions aujourd’hui parce qu’avec les outils qui sont à la disposition de tous, tout le monde peut se qualifier de photographe ou de cinéaste. Des films (longs) sont filmés avec des i-phone aujourd’hui.
Vous avez ressenti qu’il y avait un impact dans le nombre de candidatures ?
Effectivement il y a une montée en puissance, on reçoit de plus en plus de films chaque année mais assez progressivement, ce n’est pas non plus une explosion, c’est une augmentation progressive et régulière. Tout comme la qualité des films qui est en progression chaque année je trouve. Mais notre souhait est de ne pas tomber dans une forme de « formatage », c’est à dire que la qualité technique des films est un critère mais ne doit pas être l’essentiel. Un film réalisé avec des moyens limités et une qualité technique inférieure mais avec un véritable propos, une démarche et une créativité remportera toujours la place. Le fond avant la forme. Le but n’est pas de faire la démonstration d’un matériel mais bien de faire passer un message. Il faudra toujours avant tout avoir du talent, de l’imagination et un message pour avoir sa place au Très Court !
C’est vrai que j’ai eu la chance de découvrir les 22 films de la sélection de « Paroles de Femmes » et l’engagement et la force du propos est là. Dans toutes les langues et sous tous les angles. C’est une sélection très riche et passionnante sur le regard qui peut être porté sur « la femme » aujourd’hui à travers le monde.
Oui c’est cela, c’est un kaléidoscope. Cette sélection en compétition est particulière parce que l’exigence est de mettre des femmes à l’écran. Les films ne doivent pas obligatoirement être réalisés par des femmes mais par contre ce sont des femmes que l’on doit voir et qui doivent être le sujet du film. Il y a effectivement parfois des images douloureuses ou violentes. Ce sont des films qui bousculent et qui font réfléchir. C’est une sélection qui est abordée avec beaucoup de précaution mais nous avons la chance d’être soutenus par le Ministère des droits de la femme, ce qui nous permet de remettre chaque année un Prix du droit des femmes. Il y a à travers cela une réelle volonté de faire évoluer les mentalités.
Pour être honnête je dois avouer que je ne pensais pas pouvoir être aussi bouleversée par des films de moins de trois minutes…
C’est un à priori auquel nous devons faire face régulièrement mais je donne toujours l’exemple d’une chanson. Avec une chanson, en moins de trois minutes, vous pouvez être parcouru par toutes sortes d’émotions. Avec un très court c’est pareil !
Tout à fait ! Et évidemment, dans la société dans laquelle nous vivons, réussir à passer un message en moins de trois minutes c’est essentiel ! Tout doit aller vite, les gens ne prennent plus vraiment le temps de se laisser happer, de s’immerger, il faut qu’ils soient saisis.
Et à travers les très courts, ça marche !
Oui, il y a une immédiateté qui facilite totalement le message. Et la sélection Paroles de femmes en est l’exemple je crois, tout à fait.
A ce propos « Paroles de femmes » existe depuis longtemps au sein du Très Court ?
C’est la 7ème année que la thématique fait partie des sélections.
Oui alors il y a donc quoi comme catégories exactement ?
Donc il y a la compétition internationale officielle, la compétition Paroles de femmes et ensuite il y a les thématiques Différences, Animation, Familiale, Music’n Dance, Ils ont osé Trash’n Glam et web-séries pour la première fois cette année.
Différences est partie de « comment parler du handicap et comment le montrer ? » parce qu’il est très peu montré en fait donc on a tout d’abord créé une sélection « handicap » et puis on s’est rendus compte qu’il n’intéressait que les gens concernés. Du coup on a ouvert la thématique à « la différence ». Le but étant de démontrer évidemment que la différence est une richesse, une qualité que l’on doit préserver et assumer.
Un message à passer pour conclure ?
Racontez tout ce que vous voulez, mais faites-le en très court !
Retrouvez plus d’information ici ou sur le site officiel du festival.