[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]À[/mks_dropcap] une époque où la tendance est au zapping, vecteur de carrières jetables, qu’il est bon de replonger dans la nostalgie d’années qui marquèrent notre prime jeunesse (du moins la mienne) !
Loin de moi l’idée de vous ressasser les tubes de l’âge tendre et ses épiques gueules de bois mais il convient de profiter de l’occasion pour saluer le parcours d’un groupe d’exception, véritable fer de lance d’une génération bercée au son du post punk hexagonal, un duo venu du Nord et dont la réputation s’est édifiée au sein d’une mouvance baignée de sensations réputées « climatiques ».
À leur lourd actif, nous dénombrons quelques grands classiques tels La Fête Triste, Il Se Noie ou encore l’inusable The Last Song. Sortis des sentiers battus au son du chaos et des froideurs ambiantes, Trisomie 21 n’a cessé de tracer la voie d’une exigence de style, au point de franchir des frontières tant géographiques que de genre.
L’an passé, les frères Lomprez nous avaient gratifiés d’un retour en grâce avec le souffle hypnotique d’Elegance Never Dies, un disque peignant l’agonie continuelle du monde et caractérisé par une grande maîtrise dans l’édification de pièces souvent simples mais jamais dénuées de caractère. L’écoute immédiate d’un titre comme Alice allait littéralement me balancer une droite dans la mâchoire, m’amenant à jauger ladite fourniture au rayon des plus audacieuses du millésime passé. J’étais face à un iceberg dont je ne mesurais pas la taille, la masse submergée était bien camouflée derrière une apparence faussement aisée.
La tournée de concerts bien entamée, Trisomie 21 allait prendre le pari un peu fou (doux euphémisme) de concevoir les titres de son dernier album à la lueur du talent de producteurs émérites. Les réponses seront unanimes et le projet quasi utopique va permettre la relecture de la matière au travers d’un recueil intitulé Happy E.N.D. (je laisse le soin aux plus vifs observateurs d’apprécier le jeu de mots).
Le casting est époustouflant puisque nous y retrouvons les façonneurs Dave Bascombe, Peter Walsh, John Fryer, Gareth Jones, David Allen, Chris Kimsey, Stephen Hague, Sean Beavan ainsi que Steve Osborne ! Bref, du très beau monde sur la pochette pour une nouvelle optique de l’œuvre dépassant le simple collage du remix lambda. Ce projet croustillant est également mis en valeur par un choix d’enchaînements futés. À ce titre, l’auditeur pourra tout d’abord plonger au cœur de nappes hypnotiques avant de gravir les cimes d’une rudesse à l’efficacité pop.
Vous l’aurez compris, cette sortie est un complément nécessaire, un hommage réciproque entre T21 (avec tout le respect qu’incarne sa discographie) et une pléiade d’orfèvres de la new wave. Le résultat aurait pu être un assemblage pompeux et casse-cou. C’est au contraire une éclatante et subtile alchimie qui s’offre à nous !