[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]H[/mks_dropcap]ey l’ami, comment vas-tu ? Je constate que tu as des cernes sous les yeux, que se passe-t-il ? Les réveils sont difficiles ? Tu as du mal à te sortir des limbes ? Le chant des sirènes est si troublant que tu ne parviens pas à y échapper ?
Tiens, je vais te filer la solution à tout ça. Le nouvel album de Full Of Hell.
Bon, c’est du remède de cheval mais t’inquiète pas, ça ne dure pas longtemps. Évidemment, à la consonance du patronyme, tu devineras qu’on n’est pas ici dans le soft rock ou la variété à la Barbara Cartland (non, elle ne faisait pas de musique, c’est juste une image), mais plutôt dans un rock âpre et prompt à te décalaminer les feuilles de chou.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]aisse-moi te décrire un peu la chose avant que tu ne te décides à prendre tes jambes à ton cou : Full Of Hell, c’est le groupe d’un américain, Dylan Walker. Le gars mène sa barque depuis 2009 avec trois autres membres (Spencer Hazard à la guitare, David Blanc à la batterie et Sam DiGristine à la basse), et officie dans ce qu’on pourrait appeler le Powerviolence (genre issu du hardcore, du punk et du grindcore).
En gros, la particularité de Full Of Hell, liée au genre abordé et hors collaboration, c’est de proposer des albums hyper violents et très courts.
Trumpeting Ecstasy, troisième album en solo de leur part (en dehors de ceux avec Merzbow et The Body, plus longs), ne déroge pas à la règle. Onze titres pour vingt-trois minutes. Bon, pour un album hyper violent, c’est pratiquement monnaie courante. Mais Trumpeting Ecstasy se différencie des autres sur plusieurs points.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D[/mks_dropcap]’abord les compositions. Elles ont beau être courtes et intenses, si tu mets de côté les hurlements en lieu et place du chant, elles accrochent l’oreille assez facilement. Elles sont de qualité et relativement variées, notamment sur la fin avec l’indus éthéré de Trumpeting Ecstasy bénéficiant de la présence de la canadienne Nicole Dollanganger ou encore sur At The Cauldron’s Bottom qui commence hardcore et se termine par du tribalisme hypnotique.
Ensuite, la production, le mixage, le mastering, le son, enfin ce que tu veux, quoi. Pour tout dire, c’est assez étonnant : ça ne vrille pas les tympans, ça ne file aucune hémorragie, n’utilise aucun émeri-tige (l’équivalent hardcore des coton-tiges), non, c’est juste compact, suffoquant, d’une grande violence mais clair et non dénué de subtilités (genre rouleau compresseur digne des grandes heures d’Opeth).
Et enfin, Trumpeting ne se limite pas au Powerviolence, il va bien au-delà des genres. En effet, s’il reste engoncé dans ses impératifs, court et violent, il n’hésite pas élargir son spectre vers le black metal, le speed, le trash, le progressif (At The Cauldron’s Bottom en est le parfait exemple), et le Sludge (ceci expliquant la présence d’Aaron Turner d’Isis).
À vrai dire, pour ceux qui s’en souviennent, Full Of Hell pourrait rappeler le Hüsker Dü de Zen Arcade, avec cette habileté à marier le speed et les mélodies tout en restant droit dans ses bottes.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]V[/mks_dropcap]iolent, mélodique, court, intense, tu remarqueras qu’avec un tel programme, tu quitteras le sommeil plus que promptement, et les valises que tu portes sous les yeux devraient s’estomper au profit d’un teint frais et alerte qui te siéra à ravir.
Ne me remercie pas, c’est tout naturel.
Sorti le 05 mai chez Profound Lore et chez tous les disquaires ne disposant pas de réveils.