[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]S[/mks_dropcap]takhanoviste de la cause Rock’N’Roll, pas moyen d’échapper à l’aura tentaculaire du boulimique Californien. En solo, avec le Ty Segall Band, Fuzz, en collaboration avec Mikal Cronin ou encore White Fence, le bougre est partout. Pas une semaine ne passe sans avoir de nouvelles, que ce soit dans vos magazines papiers favoris ou sur le net. Quoi qu’il fasse, certains crient au génie, au hasard RNF ou les inrocks, d’autres à l’escroquerie, ce qui est le cas de New Noise par exemple, via son rédacteur en chef que l’on imagine pris de tremblements, l’oeil torve et la bave aux lèvres à chaque fois qu’un des disques du blondinet se pose sur la platine de la rédaction.
A se demander si tout ceci est bien sérieux, tant le recyclage perpétuel de T-Rex Vs Black Sabbath à la sauce garage est certes parfois – souvent (biffer la mention inutile) digne d’intérêt, mais ne déborde pas non plus d’un génie bouleversant. Il ne faudra pas compter sur lui pour changer la face de la musique, tellement il est ancré dans les années 70. Car très franchement, qui peut dire qu’il attend chaque sortie discographique telle la princesse son prince charmant ? Les réactions les plus enflammées seraient plutôt du genre : « tiens, encore un nouveau Ty Segall. Ecoutons voir ce que ça donne ».
Lors de la sortie de Manipulator en 2014, on aurait pu croire au franchissement d’un palier, car si l’influence de Marc Bolan était toujours bien présente, l’incursion Pop était assez évidente. Mais non. La suite infléchira un peu l’affaire. L’impression qu’il est au maximum de l’exploitation de ses possibilités perdure. On attend toujours le GRAND disque, celui qui mettra tout le monde d’accord. Celui-ci viendra-t-il ? Rien n’est moins sur.
En tout cas, ce ne sera pas sur cet Emotional Mugger, qui se divise un peu en deux parties : les 2/3 de l’album assez traditionnel, et 1/3 un peu plus bruitiste et/ou expérimental (pas de fausse joie les allumés, ce n’est pas Metal Machine Music non plus).
De cet album d’une durée raisonnablement courte, on retiendra la présence plus soutenue des synthés par rapport aux précédents, une inspiration, une voix et une intonation très Bowiesque sur la chanson éponyme, la présence soutenue de la guitare en roue libre, jouant moins sur le registre rythmique qu’habituellement. Il y a peu de chances que Ty Segall gagnera de nouveaux fans avec cet Emotional Mugger, disque qui fait le job, ni plus, ni moins. Vous voilà prévenu, d’autant plus que l’on n’attend pas moins de trois livraisons discographiques en 2016.
Ty Segall, Emotional Mugger, depuis le 22 janvier chez Drag City.