Même s’il a de l’expérience, puisqu’il s’est lancé dans la bande-dessinée en 1991 avec « L’île des morts », Thomas Mosdi (scénario) n’a pas choisi la facilité pour son premier roman graphique : « Une place au paradis » traite du douloureux sujet des violences faites aux femmes. Pour mener à bien ce projet, l’auteur s’est associé au dessinateur Pierre Lorenzi, qui a travaillé entre autres pour Disney et Fox.
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#4C628A »]L[/mks_dropcap]oin des facéties des films d’animation produits par les grands studios américains, « Une place au paradis » suit les pas de Mélanie et de Romain. Le couple vient de changer de région pour emménager dans un immeuble du centre-ville avec leur petite fille prénommée Lilou. Si leur coup de foudre a été réciproque au tout début, la main-mise de Romain sur sa compagne est désormais des plus malsaine. La BD décrit tout cela très bien, par petite touche successive.
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La jalousie maladive, les violences verbales et psychologiques, l’isolement de Mélanie qui a perdu son autonomie financière et se trouve contrainte de s’occuper des tâches ménagère… L’indicible s’immisce progressivement dans la vie du couple. Puis les coups se mettent à pleuvoir et Mélanie n’arrive plus, dès lors, à faire semblant. D’ailleurs, dans son entourage immédiat, plus personne n’est dupe. Ses lunettes noires portées en permanence ne réussissent pas à faire illusion. Pour autant, si certains veulent aider, d’autres sont bien conscients du problème mais ne veulent pas agir.
Pour échapper à son bourreau, Mélanie va devoir prendre conscience de l’anormalité de la situation et des possibilités offertes pour s’en sortir. Pas évident quand l’autre finit par s’excuser, joue sur le chantage affectif et matériel, etc. Son salut, la jeune femme le devra à une voisine et à un jeune homme serviable mais instable et au passé trouble.
Scénaristiquement, la bd se révèle juste et sensible, à part la fin peut-être qu’on pourra trouver un peu too much ! Quant aux illustrations, elles sont colorées et bien esquissées. « Une place au paradis » ne manquera donc pas de vous interpeller.
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D’autant que son sujet puise sa source dans une terrible actualité : chaque année, 201 000 femmes âgées de 18 a 59 ans sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur ancien ou actuel partenaire. C’est en tout cas le chiffre annoncé en ouverture de la BD. Des chiffres plus récents font même état de 220 000 femmes victimes. Quant au nombre de féminicides, les associations en ont dénombré plus 100 depuis le 1er janvier 2019. Le gouvernement Philippe a lancé, début septembre, un Grenelle des violences conjugales. Dans ce domaine, toute initiative est bonne à prendre.