Les vacances approchent et nous regardons toutes et tous la fameuse PAL ( Pile à Lire ) s’obstiner à grandir et toujours grandir. Alors on se dit, tiens donc, les deux semaines de congés qui arrivent, je devrais bien pouvoir caser un peu de temps de lecture, histoire de mettre une claque à cette montagne de livres qui me regarde d’un œil sombre à chaque fois que le « PAM-PAM » de Netflix résonne dans le salon.
Mais comment choisir les livres à glisser dans ma valise de vacances ? Il y en a que j’ai lus mais que je veux reprendre pour une raison ou une autre. Il y en a ceux que je n’ai pas du tout touchés mais dans lesquels je trépigne de plonger. Il y a, enfin, ceux que j’avais commencés mais qui nécessitaient un temps plus calme et plus long pour bien les apprécier. Leur point commun : l’Autre, l’Ailleurs, bref, le voyage à travers les histoires : Hongrie, Bulgarie, Croatie, Roumanie et, en prime, une plongée spectaculaire dans la Mitteleuropa de Kafka.
★ Sept kilos de camomille de Rumjana Zacharieva traduit par Diane Meur – Belfond Vintage
Avec Sept kilos de camomille de Rumjana Zacharieva, traduit de l’allemand par Diane Meur pour Belfond Vintage (2023), on part dans la campagne bulgare du début des années 1960. Mila, douze ans, raconte un été chez les grand-parents, la vie sous le régime communiste à hauteur des yeux de l’enfant qu’elle est encore un peu.
C’est doux, parfois ça pique, ça questionne et ça fait sourire. On apprend en même temps que Mila des mots nouveaux et la signification que leur donne une jeune « pionnière » de l’époque. Parfait pour les vacances !
★ L’été où mon père est mort de Yudit Kiss, traduit par Clara Royer – Éditions de l’Antilope
L’été où mon père est mort de Yudit Kiss, traduit du hongrois par Clara Royer pour les éditions de l’Antilope (2023) fait partie des textes dernièrement lus que j’ai du mal à laisser partir. Alors je le rouvre régulièrement et je relis des passages au hasard : « Le plus lourd héritage que nous ont transmis nos pères bâtisseurs du socialisme réel est l’idée que l’être humain ne vaut rien en soi. » Si le titre vous fait craindre une lecture triste, ne vous arrêtez pas à ça !
L’été où mon père est mort raconte surtout une vie, celle du père d’Anna, la narratrice, son engagement politique, les conséquences de cet engagement sur la famille et sur l’éducation des enfants, l’émancipation de ces derniers face aux dérives du « socialisme réel ».
Le roman de Yudit Kiss dévoile aussi les blessures provoquées – et transmises – par un rejet volontaire de son identité juive au profit d’une idéologie politique. Un futur classique, j’espère !
★ Une forme de vie inconnue de Andreea Rasuceanu traduit par Florica Courriol – Le Nouvel Attila
Je vais découvrir avec délice Une forme de vie inconnue de Andreea Răsuceanu, traduit du roumain par Florica Courriol pour Le Nouvel Attila (2023).
La ville de Bucarest, à travers les voix de trois femmes habitant la même rue, à des temporalités différentes, la mémoire, le temps, la mélancolie, tout ce que je devine déjà derrière la magnifique couverture illustrée par Tina Bernig, une très belle promesse !
★ Le collectionneur de serpents de Jurica Pavicic traduit par Olivier Lannuzel
Vous connaissez, bien sûr, Jurica Pavičić : publié par les éditions Agullo depuis 2021 dans la traduction d’Olivier Lannuzel, ses deux romans, L’eau rouge (2021) et La femme du deuxième étage (2022) ont déjà conquis bon nombre de lecteurs.
Vous pouvez également lire ses articles dans le Courrier International – son regard sans concessions sur les bouleversements européens et surtout croates est toujours servi par une plume incroyablement acérée et pertinente.
La dernière parution de Pavičić en français est toute récente (mai 2023) et il s’agit cette fois-ci d’un recueil de cinq nouvelles. C’est précisément le ton employé dans ses articles que j’ai retrouvé en commençant la lecture de Le collectionneur de serpents et j’adore ! Il rejoint donc ma valise d’urgence !
★ Exposition Barvalo Roms, Sinti, Gitans, Manouches, Voyageurs – Mucem Marseille – Anamosa
Peut-être vos vacances vous emmèneront-elles à Marseille ? Si jamais c’était le cas, ne ratez pas l’exposition Barvalo Roms, Sinti, Gitans, Manouches, Voyageurs qui se tient au MUCEM jusqu’au 9 septembre 2023.
Mais si Marseille n’est pas sur votre route, ce n’est pas grave : le catalogue de l’exposition, somme de travail foisonnante et passionnante, est disponible grâce à la collaboration du MUCEM et des éditions Anamosa.
Coordonné par Françoise Dallemagne, Julia Ferloni, Alina Maggiore, Anna Mirga-Kruszelnicka et Jonah Steinberg, le catalogue est bilingue français -romani et vous invite à un voyage unique à travers l’histoire et les cultures romani. A glisser dans sa valise pour le déguster page après page dans la chaleur de l’été.
★ Kafka, le temps des décisions de Reiner Stach traduit par Régis Quatresous – Le Cherche Midi
Enfin, le pavé rêvé, qui n’attendait que le moment propice pour se laisser apprivoiser : Kafka, Le temps des décisions de Reiner Stach, traduit de l’allemand par Régis Quatresous pour les éditions Le Cherche Midi.
870 pages (sans les notes) qui constituent le tome 1 (les années 1910 – 1915) d’une trilogie écrite entre 1996 et 2014.
A la fois biographie, essai critique et tableau de la Mitteleuropa du début du 20e siècle, cet ouvrage a tout d’un coffre aux trésors !
Voilà donc ma valise de l’été – en tout cas une partie ! J’espère que vous y trouverez votre bonheur et vous souhaite un bel été et de belles lectures !