[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#d14702″]A[/mks_dropcap]mateurs de The Walking Dead et autres zombies destructeurs d’humanité, passez votre chemin. Vous ne trouverez dans Zombie Nostalgie aucune poursuite, aucun héros dévoré vivant, à peine un peu de sang ici ou là.
Par contre, comme l’indique le titre, la nostalgie sera bien présente. Souvent, je fais remarquer dans mes chroniques le peu d’adéquation entre le titre original et le titre français. Et bien, pour une fois, je trouve la « traduction » meilleure. Zombie Nation est le titre choisi par l’auteur. Il faut le prendre sous l’entièreté du roman.
En effet, au milieu de l’océan pacifique, sur une petite île déserte et perdue, apparaissent des créatures, mi-humaines, mi-zombies, nous ne savons pas vraiment. Des hommes et des femmes morts, mais toujours debout.
Morts ?
Peut-on mourir s’il n’y a rien eu avant ? Car les gens qui surgissent sur cette île, appelée Labofnia par les humains, tiennent à peine debout, n’ont pas de souvenir, ne savent pas parler, ne souffrent pas, ne mangent pas, ne respirent pas et surtout ne meurent pas. S’ils perdent un membre, celui-ci repoussera. Doucement, certes, mais il repousse.
Pas de peur, mais pas d’émotions réelles non plus, ou en tout cas pas au début. Et c’est là que la traduction prend un tour intéressant : car les zombies vont finir par ressentir de la nostalgie, une forme de nostalgie.
Que sont-ils ? D’où viennent-ils ? Vers où, et comment vont-ils évoluer ? La question de leur devenir se pose. De leur intégration dans la vie des humains aussi.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#d14702″]Z[/mks_dropcap]ombie Nostalgie est un roman à lire et à découvrir.
Il peut faire office de roman historique quand Øystein Stene propose l’histoire de Labofnia, la façon dont les humains font main basse sur l’île, et comment ils décident de la gérer. Comment les Labofniens vont intervenir dans la vie du XXème siècle, et comment les hommes les remercient.
Il peut aussi se lire comment un roman d’espionnage, à travers le personnage principal Johannes, et son rôle dans la société Labofnienne.
Surtout, c’est un roman quasi philosophique qui interroge sur plusieurs axes, notamment le désir d’immortalité, mais surtout sur la domination d’une caste sur une autre, et comment elle s’exerce.
En cela, il se rapproche d’un autre roman paru il y a peu : Défaite des maîtres et possesseurs de Vincent Message.
Un étrange lien se tisse entre ces deux romans très actuels qui nous interrogent beaucoup.
Zombie Nostalgie de Øystein Stene, traduit du norvégien par Terje Sinding, éditions Actes Sud, novembre 2015.