[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]J[/mks_dropcap]e me présente Baptiste Lusson, 44 ans, gérant (bénévole) et fondateur de 03H50. Mon environnement musical est varié, mon enfance a été bercée par Fauré, Berlioz, Messiaen, Bach, Satie, ainsi qu’Anne Sylvestre, Gilles Servat, Les Beatles, Iron Butterfly. Ces artistes font encore partie de ma discothèque.
Puis arriva le jazz avec les classiques Grappelli, Ellington, Buddy Rich, Art Blakey ainsi que The Cure, Pink Floyd, Bowie, Prince. Un ami aujourd’hui disquaire à Marseille (La Galette pour ne pas le nommer), m’a fait découvrir le label Blue Note, label pour lequel je garde un profond attachement notamment pour Donald Byrd, Grant Green, Lou Donaldson, Stanley Turrentime, bref le Hard bop. C’est aussi à cette époque que je me suis aventuré vers un jazz plus moderne, notamment avec Henri Texier, Aldo Romano, Miles Davis, évidemment, plus varié avec Rabih Abou-Khalil ou Garbarek.
Tous ces artistes qui ont fait mon oreille avant mes 20 ans, sont encore indispensables à mon équilibre musical. Cette curiosité m’a poussée dans les années 90 à explorer l’électro et notamment le label F Communication, c’était l’époque de Massive Attack, Portishead, Jay Jay Johanson, Anja Garbarek. Puis bien des années après aussi Gui Boratto, 9th Cloud ou Kaito (découvert récemment). J’aime écouter des univers forts, surprenants, déstabilisants, comme celui des Tiger Lillies, de Richard Reed Perry, d’Odd Nosdam, de King Krule, des Suuns, de Keiichiro Shibuya, Alpine Decline, et l’un des plus grands Franck Zappa… ou encore Bashung, Gainsbourg, Brel, Brassens, Beaucarne, Jean François Coen, Murat, Dominique A, Bertrand Betsch.
En voici d’autres Connan Mokasin, Les Marquises, Michel Cloup, Mendelson, Gablé, Tristesse Contemporaine, Mansfiled Tya, Bertrand Belin, Jarred Andrews, Requin Chagrin, The Apartments, The White Birch, David Marin, Damien Jurado, Dany Placard, Nick Cave, Patti Smith, PJ Harvey, Philip Glass, Rokia Traoré, Sonic Youth, Yo la Tengo, Tujiko Noriko, Tom Waits, Le Tigre, Princess Superstar, Talk Talk… Je n’ai pas la place de tout mettre…
Chaque musique me permet de voyager. J’aime beaucoup le Kwaito qui vient d’Afrique du Sud, mélange de dub, rap et musique traditionnelle, l’opéra chinois, les chants des moines bouddhistes. J’aime quand je suis confronté à quelque chose que je ne connais pas, quand je m’éloigne de mes repères, quand je suis perdu.
Peu d’artistes ont su trouver leur propre son dans cet immense univers qu’est la musique. C’est ce que j’apprécie chez Orso Jesenska, Silvain Vanot, Imagho, PERIO… Avec eux étonnamment, je rentre à la maison.
Je me nourris aussi beaucoup de cinéma, et notamment le cinéma asiatique (Sogo Ishii, Kitano et des films beaucoup plus obscurs), russe, et des ex-pays de l’Est, d’Israël ou du Moyen Orient, plus largement le cinéma indépendant. Encore une fois, loin de mes repères. Mes premiers chocs cinématographiques furent les 7 Samouraïs (Akira Kurosawa), Bouge pas, meurs et ressuscite (Vitali Kanevsky), Chungking Express (Wong Kar Wai) et Simple Men (Hal Hartley). Ce n’est pas tant les samouraïs que la manière dont Kurosawa traitait les relations humaines, la situation des paysans, les relations de subordination et amoureuses qui m’ont plu, j’avais 12 ans. Et j’ai également un appétit sans fin pour la littérature avec César Aira, Pessoa, Kenzaburo Oé, Georges Picard, Jean Genet, Les Éditions de Minuit, Lidia Jorge, Leonardo Padura, Pelecanos. La BD aussi, et notamment Dave Mc Kean à l’univers foisonnant, mêlant dessin, photographie, gravure, ou j’apprécie aussi le manga et plus particulièrement La vie de Mizuki.
[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]P[/mks_dropcap]our revenir à la musique, 03h50 est une micro entreprise de production phonographique et de spectacles vivants que j’ai créée fin 2010, avec Bertrand Betsch, car je ne comprenais pas pourquoi certains artistes portaient seuls leurs projets. J’ai très vite pris la mesure de l’environnement économique et les difficultés que cela engendre, le coût important de la production phonographique comparé aux revenus, les tournées compliquées à monter pour des artistes s’exprimant en français, l’impossibilité d’avoir une marge. 03h50 vit son indépendance non pas comme une opposition aux majors, mais parce que nous ne sommes la filiale d’aucune société. Que nous apprécions ou non le travail des majors, elles sont un élément incontournable et nécessaire à l’économie du disque actuelle.
C’est donc presque un acte irréfléchi que la création de 03h50, un accident. Ce qui est d’autant plus excitant. Pas de modèle que ce soit en terme de labels ou de personnes, mais des références comme Jordi Saval, et sa structure Alia Vox. Lire beaucoup, prendre le plus de recul possible (ce qui n’a pas empêché le burn out), observer, étudier telle structure, telle méthode de management, de gestion et les adapter si possible. Et puis étudier ce qui se passe au Japon, aux États-Unis, ou au Canada tant économiquement qu’artistiquement.
2014 fut l’année du changement, si je puis dire; après le départ de Bertrand Betsch, je me retrouvais avec une structure et deux projets Orso Jesenska dont démarrait la production et Institut qui a eu l’opportunité d’être produit par nos amis de QuadriLab, un label entre Montréal et Marseille. Que faire ? Fermer boutique, et perdre le travail effectué durant quatre ans, ou tenter de relancer la machine, tout d’abord sur des productions phonographiques, puis éditoriales (le travail d’éditeur est différent de celui de producteur) et enfin la scène. Début 2015 sont donc arrivés au sein du label, Silvain Vanot, Imagho et Massy Inc., les trois projets pour des raisons diverses mais principalement financières ont mis du temps à se concrétiser. Ensuite est venue la scène et non l’édition phonographique (gestion des droits d’auteur pour faire simple). Emmanuel Besson m’aide à travers sa structure Yes is more music, à mettre en place le pôle diffusion, avec des artistes comme The Apartments (en partenariat avec Microcultures), PERIO, Marianne Dissard, et quelques artistes du catalogue. Une nouvelle aventure commence en cette année 2016.

Difficile de décrire le travail d’une structure comme 03h50 sans évoquer l’environnement économique actuel, les baisses des ventes, l’énorme difficulté pour vendre des concerts à un prix décent, la capitalisation de la culture au travers des sociétés telles que Deezer, Spotify, ou ventesprivées.com et cette concentration des acteurs qui tend à uniformiser la création et ce à tous les niveaux de production.
[mks_pullquote align= »left » width= »250″ size= »24″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]« Le temps est la plus grande richesse que 03h50 ait à offrir aux artistes. »[/mks_pullquote]
Cette course au coup marketing a façonné la production comme un objet de grande consommation pour accroître les marges. Quand on sait que certains films sont testés devant un panel de spectateurs, et que ces films sont retouchés en fonction de la réaction de ces spectateurs, il est facile de penser que l’on applique les mêmes méthodes de création pour la musique. Un artiste a du succès, dans les six mois qui suivent vous verrez un groupe ayant de fortes ressemblances avec lui. C’est ainsi, dès qu’un marché apparaît, certains vont l’épuiser au maximum. Mais où est donc la découverte ?
Ce travail, si important pour l’équilibre de la création, est difficile à mener pour les microstructures tant elles sont fragiles économiquement. Il est loin le temps où Barclay investissait sur des projets à fonds perdus grâce aux ventes d’un chanteur de variété. Ce pour quoi 03h50, n’a pas les moyens de porter plusieurs projets naissants.
La musique vue du producteur ressemble à un monde crispé sur un gâteau de plus en plus maigre.
[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]T[/mks_dropcap]ous les acteurs chez les « indés » sont d’accord et le disent, il faut construire un nouveau modèle, contribuer à restructurer le secteur, à quoi je rajouterais repenser nos organisations, sortir de nos clivages éditoriaux, aller vers d’autres secteurs culturels. Je ne parle ni de fédération, ni de cluster, ni de coopérative, parce que là, nous n’inventons pas de modèle mais reproduisons à différentes échelles ceux existants. Je n’ai pas de solution, je cherche, j’essaie d’échanger avec d’autres structures. Mais chacun au fond est ancré dans ses habitudes, moi le premier, et nous sommes trop lents comparé à l’évolution de la consommation et de l’environnement économique.
Garder jalousement ce que l’on a réussi à créer, nos réseaux que l’on ne partage pas, nos subventions, nos aides, notre vie. Au prix de voir mourir les autres structures, d’oublier qu’elles font partie de notre environnement, de notre écosystème.
C’est ainsi que beaucoup de gérants de label se sont isolés. Ni la présence dans les salons pros, les festivals dits incontournables, les fédérations, n’y font quoi que ce soit. La société du spectacle est ainsi conçue. Est-ce le même problème ailleurs ? Casser cet isolement devrait être une priorité, se battre pour les artistes est fondamental, mais il faut aussi soutenir celles et ceux qui sont dans l’ombre.
Les professionnels de la musique reproduisent inconsciemment une organisation clanique, par exemple il y a ceux qui vont aux grandes messes et les autres. Cela n’a rien à voir avec l‘artistique, tu t’inscris ou non dans une logique. Le monde de la musique ressemble davantage à une équipe de football, qu’au rugby pour prendre une image sportive, avec de multiples individualités (s‘appréciant ou non), certes de talents, mais où l’individualité prévaut trop souvent sur le collectif.

[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]omme toutes les structures, je suis régulièrement sollicité par des groupes ou des artistes. J’essaie de répondre à un maximum de sollicitations que ce soit positivement ou négativement, il n’y a rien de pire que le silence. Je prends le temps d’écouter, souvent au moins deux fois avant de répondre. Deux paramètres : il faut que la musique me fasse vibrer, comme beaucoup, sentir quelque chose d’unique dans la création, loin des lieux communs, même si c’est imparfait, ensuite avoir les moyens (financier et humain) de porter le projet le plus loin possible quitte par la suite à passer le flambeau. Et comme beaucoup j’ai commis des erreurs qui ont failli coûter la vie à la structure, erreurs que je m’efforce de ne pas reproduire.
Régulièrement aussi je visite les sites d’autres labels, tourneurs de la région et d’ailleurs pour suivre leur actualité, j’écoute ce que programment les festivals faute de pouvoir aller aux concerts, cela fait partie du travail et j’assouvis en même temps ma curiosité. C’est important, il me semble de savoir ce que fait son voisin, cela permet de me situer, de situer le label et de constater que l’on ne fait pas que de la merde, même si en PACA la chanson et la pop ben, c’est pas ça.
Au sein de 03h50, le travail artistique se fait en collaboration entre les artistes et la direction artistique. Il y a beaucoup d’échanges, de discussions autour des projets, et les choix sont toujours communs. Cela prend du temps, mais le temps est la plus grande richesse que 03h50 ait à offrir aux artistes.
Je parle de structure, et non de label, car il est difficile de concevoir 03h50 comme un «label» au sens classique du terme. J’ai réellement produit un seul album, celui d’Orso Jesenska, Effacer la mer. Pour les autres c’est autant de l’ordre de l’accompagnement, de la co-production que de la licence (fabrication, distribution, presse). Chaque production tient plus de l’artisanat donc, avec pour certaines le soutien de sociétés (Adami, SPPF) ou d’institution (Région PACA).
Pour être aidé financièrement sur un projet phonographique, il faut produire 1 000 disques compacts et avoir un distributeur physique. Cette réalité fonctionne pour une minorité, il y a donc énormément de projets pour lesquels les structures ont le plus grand mal à boucler le budget. Par exemple, pour espérer fabriquer le disque d’Imagho Soleil de Tokyo, album magnifique et unique, je garde chaque mois un peu d’argent, sachant qu’aujourd’hui seulement un tiers des dépenses a été financé par une collecte de fonds.

Cette situation est usante pour la structure et pour l’artiste.
Je suis bénévole. Impossible de financer un salaire, même partiel. J’enchaîne les petits boulots alimentaires pour maintenir un équilibre financier, cette précarité est difficile à vivre. D’autant qu’il faut être réactif, disponible, inventif, combatif… La vie de producteur est loin d’être rose, la passion ne peut tout compenser. Est-ce plus facile d’être D.A d’une grosse structure ? Non, je ne pense pas, même salarié. J’ai la chance de décider de la ligne éditoriale et ça n’a pas de prix.
[mks_pullquote align= »right » width= »250″ size= »24″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]« Nous devons nous ouvrir aux autres secteurs culturels, et ne plus penser uniquement musique mais culture dans sa globalité. »[/mks_pullquote]
Je fais partie de ceux qui ne vont pas dans les grands rendez-vous tels que Bourges, les Transmusicales de Rennes, je ne pratique pas les salons VIP, je n’y suis pas à l’aise, je préfère autant être là où est le public, parce que je suis avant tout un passionné de musique.
[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]es batailles que mènent certains vont-elles rendre la culture encore plus dépendantes des aides de l’Etat ? Doivent-ils renégocier les conventions collectives, obtenir des dérogations ? Soutenir les concentrations faisant des tourneurs des propriétaires de festivals et de salles de concerts ? Devons-nous nous réjouir quand le vinyle représente 0,6 % du marché alors que celui-ci chute encore de 15 % ? Devons-nous nous réjouir quand les revenus du streaming augmentent de 45 %, mais que, comme le dit le SNEP, il y a un transfert de valeur, et qui oublie que ce transfert de valeur est dû au marché conclu entre les majors et les principales plateformes de streaming, ces dernières rémunèrent donc Universal, Sony et les autres en dividendes et non plus en droits d’auteur ? (L’article intégrale du SNEP ici )
Les fédérations, les syndicats, ces groupements je ne m’y retrouve pas, même si certains font un travail formidable de représentation, je pense à M. Mo de Jarring Effect. Il me semble que l’avenir est ailleurs, ces systèmes de représentations (et de négociations) sont ancrés dans une structuration ancienne des liens de subordination, l’économie change, la consommation de la musique change, les budgets publics tendent à disparaître, il faut donc que nous changions nos façons de penser, de nous regrouper, de financer les projets, de communiquer, de vendre, de produire. Nous devons nous ouvrir aux autres secteurs culturels, et ne plus penser uniquement musique mais culture dans sa globalité.
J’en suis arrivé à me questionner sur le métier, sur moi-même, sur les fédérations, sur le frein que je pouvais être au développement de la structure et des artistes. Et oui, le bénévolat est un frein, comme l’endettement, le manque de temps quotidien, les choix personnels comme de privilégier la famille. Il est difficile de se remettre en cause mais je sais où je ne veux pas aller.
[mks_dropcap style= »letter » size= »83″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]es moyens très limités de la structure, et donc la frustration de ne pas travailler avec certains, m’ont amené a créer, sur Marseille, un cabas culturel. L’idée (éprouvée ailleurs) est de promouvoir à l‘échelle locale des artistes, des éditeurs, des producteurs locaux. Profitant de ce petit réseau, avec l’aide des Éditions Même Pas Mal, nous avons mis dans le cabas une BD, un livre, un disque et deux places de cinéma. Le premier a eu lieu en novembre 2015, nous avons vendu une vingtaine de Cabas sur 35, un deuxième est en préparation. Il n’y a pas d’économie possible à si petite échelle, aucun bénéfice pour 03h50, ni pour les partenaires, du moins financier. Par contre il y a là un vrai rôle social de lien entre des acteurs du monde culturel et un public éloigné de la production culturelle locale. Dans la même perspective, il y a les concerts d’octobre, concerts et expositions en appartement, gratuits pour les enfants, permettant à des familles de sortir, de découvrir des artistes et de partager des moments conviviaux.
Malgré les difficultés que ce métier et ce secteur représentent, avoir la confiance d’artistes tels que Silvain Vanot, Orso Jesenska, Imagho, Institut, Cyrz, Marianne Dissard, Massy Inc., Hank !, PERIO, Nicolas Paugam, Jim Yamouridis, The Apartments, 9th Cloud, Joseph Fisher, Christian Quermalet, Lou… est une chance.
Et j’ai cette chance incroyable !
Je tenais à remercier pour leur travail, et pour les échanges que nous avons eus, Emmanuel de Yes is more music, sans qui cette aventure se serait arrêtée, Mélinda d’Act In prod, Jean Charles de Microcultures, Merryl de Crossed Lab, Gaelle de Make me prod, Alice du Bureau détonnant, Gilles et Emmanuelle de l’Arcade , Greg de l’AMI, Henri de Murailles Music, Laura de LLB Promotion, Nadine de Phonopaca, Frédéric B. de la Région PACA, Cyril de la Cie Punchisnotdead, Antoine de Ars Nomadis, Rémy d’Objet disque, Antoine de Slate et d’ailleurs, Vincent de Label Pop, Pascal et Sandra de Fokus 21, Livia ex DA de Musicast, Antoine D. Journaliste indépendant, Cédric R. directeur au développement dans le design sonore, Pierre de la Cie Mehr Theatre Group, Christelle (Théâtre de la Colline), Lise des Éditions Métailié, David des Éditions Gaussen, Yves et Pierre des Éditions le Mot et le reste, Stéphane M. graphiste bénévole et photographe éclairé, Marc L. photographe, Les filles de Même pas mal et toutes celles et ceux qui ont pris un moment pour discuter…Benjamin de La Souterraine et Céline qui m’accompagne. Et Bertrand Betsch sans qui cette aventure n’aurait jamais commencé.
Écrit du 28/01/2016 au 10/05/2016
Le bandcamp du label 03H50 vous permettra d’écouter tous leurs albums.