[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]lors comme ça, les jeunes qui se livrent aux plaisirs balnéaires en 2019 n’écoutent pas de l’électro, du rap, de la variétoche ou de la trap, mais de la pop à guitares ?
C’est en tout cas ce que veulent nous faire croire les quatre garçons de Beach Youth qui, après le cinq titres introductif Singles, reviennent, c’est d’une logique implacable, avec Second.
L’année dernière, on avait déjà compris que les Caennais allaient rapidement s’affirmer parmi les groupes français marquants dans le paysage musical anglophile et anglophone.
Un concert au Paris Popfest en septembre 2018, lors duquel leur fougue et leur confiance avait emporté le morceau, démontrait qu’il ne s’agissait pas d’un feu de paille.
Ils y avaient presque volé la vedette aux plus chevronnés et prestigieux Birdie ou Xavier Boyer, qui serait pour eux un parrain assez crédible à l’heure de la réunification de la Normandie.
La confirmation n’aura pas tardé.
Beach Youth continue donc sur sa lancée, en laissant manifestement de côté la partie plus ombrageuse, légèrement post-punk, de leur inspiration initiale, pour se concentrer sur le côté lumineux de leur force.
Définitivement plus Beach Boys que Sonic Youth donc.
Ils surfent d’ailleurs intelligemment, sans en abuser, sur l’association entre leurs accords de guitare qui flattent l’oreille et l’imagerie associée aux plaisirs estivaux, incitant notre inconscient à se projeter sur les plages de la Manche, voire de l’Atlantique, aux beaux jours.
On fait du vélo (Bicycles), ou de la plongée (Apnea), loin des salles de classe.
Second laisse donc la part belle aux guitares parfois subtilement grésillantes (Classroom) ou tranchantes (Bicycles), mais généralement franchement jangle.
Un court instrumental, Tenderly, achève de faire de la six-cordes le centre des débats.
Pas de leader affirmé, Etienne et Simon se partagent le chant en jouant de la complémentarité de leur timbre, et les refrains font intervenir à l’occasion les garçons en choeur.
Même quand le tempo s’accélère, l’humeur reste rêveuse et un poil détachée.
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]vec ces ingrédients somme toute usuels, et si peu d’effets (quelques notes de clavier sur un morceau et c’est tout), comment font-ils pour se détacher du lot et nous amener à repositionner souvent le diamant sur le vinyle ?
Et comment ces morceaux fédèrent-ils sans qu’on ait l’impression qu’ils ont été écrits et joués exprès pour ça, ce qui est sans doute le signe le plus éclatant de leur réussite ?
Sans doute grâce à ce petit plus dans la science de la composition, du couplet qui hameçonne et du refrain qui enjôle.
Singles contenait peut-être en Young un morceau définitivement marquant, à la fois classique, mouvant et déhanché.
Un effet qu’on ne retrouve que parcimonieusement ici, sur Apnea, mais on gagne en échange une homogénéité et une constance qui impressionnent pour un groupe qui a si peu d’années au compteur.
La jeunesse n’est pas éternelle, mais si elle se consume au soleil dans des pop songs radieuses, ça nous va.
Qu’ils en profitent, et à nous d’en profiter avec eux.
Second par Beach Youth
Sorti chez WW2W février 2019
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