[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D[/mks_dropcap]ieu sait si tu devais vivre ta vie, Steven Patrick Morrissey.
Dieu sait si la mienne n’était rien.
Dieu sait si tu ne sauras jamais ce que ça m’a fait de te voir depuis les nuages qui planent bas sur Dundee… devenir un vieux beau à gourmette, en survêt à neuf cent dollars, imbibé de Red Bull, d’hormones, de vodka et de culpabilité dans le giron de starlettes hollywoodiennes. Qui supporte les fat girls maintenant, Steven, hein ?
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]J[/mks_dropcap]e me demande si les gens savent qui était William, it was really nothing.
It was my life.
Trente-neuf ans de pauvreté, de génie méconnu et de vraie vie de London Boy ruiné au point de pouvoir en remontrer à Bowie et Almond réunis.
Je me demande combien sont-ils ce soir à se rappeler de The Associates, qui sait que ce William, c’était moi.
Je me demande qui sait ce que ça fait de commencer sa carrière à Top Of The Pops et de la finir seul devant un piano, juste animé par la terreur de devoir passer à la caisse et en priant pour en finir vite, en avalant du désherbant dans l’abri de jardin de ses vieux en se dépêchant de ne jamais avoir quarante ans.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]J[/mks_dropcap]e n’ai pas survécu à la mort de ma mère, j’ai même cherché le réconfort auprès de Robert Smith backstage après un concert. Il n’a pas daigné me voir mais il m’a dédié le plus creux des singles de The Cure.
Ma vie was really nothing. Tu avais raison.
Mais peu importe ma vie.
Seul importe ce que je laisse.
Peu importe mon nom, ma famille, mon malheur, je laisse un album qui raconte – presque – ce qu’il se passe après la mort.
https://youtu.be/tr3T8RKOHdM
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]e Nocturne VII est écrit et chanté depuis la tombe.
Quant à Pain In Any Language … j’y ai mis toutes les nuances de l’obscurité que tu cherches quand tu veux te tirer une bastos entre les deux yeux.
Toute l’énergie du désespoir qu’il faut pour interdire à l’amertume qui ronge ton ventre de remonter jusqu’au larynx.
Ma voix est celle que tu n’as jamais eue.
Tu as chanté comme une victime, je chante avec le courage du bourreau que je fus pour moi-même.
Mon Beyond The Sun est ce que tu fuis, Morrissey, de toutes tes forces en te brûlant sous le cagnard californien.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]T[/mks_dropcap]u voulais être le préféré. Je voulais être aimé.
Tu as eu ce que tu voulais et moi aussi.
Je te laisse. On se couche tôt ici mais on ne dort pas.
Pas envie, pas besoin. Bien moins que toi en tout cas.
Je te plains de vieillir.
Et je ne t’attends pas.
Tu auras inspiré de la passion à des millions de gens; les quelques milliers qui se rappellent de moi me vouent une religion.
Je préfère tout comme eux les chrysanthèmes aux glaïeuls.
Aux cent-quatre-vingt-cinq centimètres de souffrance laborieuse que je vois quand je te regarde chanter maintenant, je préfère l’oubli et le génie.
William MacArthur « Billy » MacKenzie
(27/03/1957-22/01/1997)
Les trois premiers albums de The Associates, The Affectionate Punch (1980), Fourth Drawer Down (1981) et Sulk (1982) viennent d’être réédités en éditions Deluxe sur le label BMG.
L’album posthume de Billy MacKenzie, Beyond The Sun, est sorti en 1997 sur le label Nude.
Jamais réédité à ce jour.