[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]vec une écriture et une voix qui ne laissent pas de marbre, Blondino lâche des vers d’une nonchalante élégance sur un chant traînant et caverneux, en arborant à la fois les souvenirs, l’amour, le désir, la colère… la vie dans sa dure beauté. Pour ne pas aller par quatre chemins, le premier album de Tiphaine Lozupone (en collaboration avec Jean-Christophe Ortega) peut se vanter d’être un futur classique de la chanson française, dans la lignée de Bashung.
L’influence de l’icône (qui est d’ailleurs le titre du dernier morceau) semble se dessiner derrière les textes poétiques, les jeux de mots qui claquent et les figures de style toujours très bien construites, ainsi que dans les arrangements, où la guitare se devine derrière des nappes de clavier planantes. Chanson française, cold pop, folk électronique… Il est difficile de qualifier Blondino (et est-ce vraiment utile ?). Des mélodies entêtantes, des mots qui hantent, c’est en tout cas le genre d’album qui reste bien ancré.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]J[/mks_dropcap]amais sans la nuit est un disque trouble comme un crépuscule, là où la lumière du jour n’est plus que lueur pourpre. Le son est nébuleux, hypnotique, renvoyant aux songes dans un esprit presque cinématographique ; et les mots, magnifiques, font écho à cet imaginaire métaphorique où se mêlent sentiments et poésie.
Étoilé, nuit, infini, continent, océan, galaxie, nébuleuse, astral, air… le cosmos est omniprésent dans la majorité des morceaux, et c’est notamment le cas avec le titre éponyme Jamais sans la nuit, où ces mots côtoient synthés vaporeux et dramatiques, beats électro et réverb de guitare métallique :
« Jamais sans la nuit, je ne sors jamais sans la nuit. Des lundis aux lundis, je répète mes soirs à l’infini.
Au péril de mes envies, j’emprunte les pistes les plus noircies, au péril de mes envies, j’en reviens tout éblouie […] »
La voix, d’ordinaire grave, se distend ici pour s’envoler à la fin de chaque phrase, aérienne, arrimant dans le crâne un air plein de magnétisme, que l’on retrouve également dans Les lumières de la ville, ballade raffinée aux sons éthérés et images envoûtantes :
« Galaxie sans étoiles, nébuleuse insondable, les lumières de la ville me hantent […]
Poésie électrique aux césures frénétiques, mes yeux dansent sur ce toit, astral royaume sans roi me hante […] »
Comme une peinture d’Odilon Redon, chaque chanson vous transporte dans une petite galaxie faite de rêves, et la transe est parfois troublée par une agitation plus intrinsèque, comme dans De verre, ou L’amour n’est-il, ou bien dans le superbe Sylvia, morceau sur le tourment amoureux.
Avec mystère, lyrisme et délicatesse, Blondino nous transpose dans un monde nocturne, entre cieux scintillants et villes imaginaires.
Jamais sans la nuit est disponible depuis le 24 février chez Tomboy Lab et Un Plan Simple.