Nous vous proposons cette semaine de vous offrir des brèves de lectures qui vous aideront peut-être à faire de chouettes cadeaux littéraires !
Les choix de GringoPimento
Les reines – Emmanuelle Pirotte
Paru chez Cherche midi, août 2022
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[dropcap]A[/dropcap] près un passage chez Philippe Rey pour un Rompre les digues qui m’avait laissé sur ma faim, voici déjà le retour d’Emmanuelle Pirotte. Et un retour en très grande forme. Les reines est son meilleur roman. Le plus aventureux, le plus complexe, le plus surprenant. Une très très grand réussite.
Emmanuelle Pirotte y mêle sa science de la narration, un désir de politique et de sociologue ainsi qu’une histoire d’amour magnifique. Elle brasse tous ces sujets et en tire une oeuvre qui va rester dans nos mémoires.
À l’image d’Emily St John Mandel dans Station eleven ou de Chris Dolan dans La colonie, Pirotte insère dans son texte un vibrant hommage à la littérature, notamment au théâtre et à Shakespeare. Car dans le monde post apocalypse qu’elle nous décrit, les acteurs, les récitants tiennent un grand rôle. Et certaines reines y sont très sensibles.
Ces reines dont nous parlons ici, sont celles qui dirigent maintenant. Les hommes ont perdu de leur superbe. Les femmes ont pris le pouvoir. Partout. L’homme n’est plus qu’un faire-valoir. Les femmes les choisissent pour leur descendance, les utilisent à loisir. Les rôles sont inversés. Enfin serions-nous tentés de dire. Mais chez Emmanuelle Pirotte, tout n’est pas si simple. Et les femmes vont se révéler, à leur tour, aussi cruelles que les hommes.
Les reines est un extraordinaire roman, à lire en priorité. Un de mes plus grands coups de coeur de ces dernières années.
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Hoka Hey ! – Neyef
Paru chez Rue de Sèvres, octobre 2022
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[dropcap]U[/dropcap]ne bande dessinée à offrir pour Noël ? Ne cherchez pas plus loin, Hoka Hey ! est un chef d’œuvre. Si vous aimez les westerns, c’est bien celui là qu’il vous faut.
L’auteur, Neyef, nous propose une plongée directe dans une Amérique encore sauvage et indomptée.
Georges, lui, de son côté, a perdu ses origines depuis longtemps. Orphelin et adopté par un pasteur blanc qui lui apprend la Bible, il se rêve en futur docteur.
Sa rencontre avec les indiens No Moon, Little Knife et l’irlandais Sully va bouleverser sa vie et lui montrer ce que sont réellement ses origines, celle d’un indien Lakota.
Hoka Hey est emprunt d’une grande violence. Mais c’est aussi un album contemplatif, lent et doux parfois, notamment dans les relations qui se tissent petit à petit entre Georges et ses deux compères indiens. La vengeance se trouve au cœur du récit. Little Knife veut venger sa mère indienne en assassinant son père blanc. Il poursuivra son but tout au long du récit.
Outre cette histoire de vengeance, un autre axe de lecture serait celui qui traite de l’assimilation des indiens à la vie que proposent les blancs. Le petit Georges devra faire un choix. Neyef nous conte ce choix avec brio !
Enfin, quelques mots à propos des dessins, de la mise en couleurs de cet album. C’est tout simplement somptueux. Chaque case mérite une attention particulière. Les paysages sont magnifiquement rendus et le travail sur les lumières époustouflant.
Un très très grand album de bande dessinée !
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Capitaine Vertu – Lucie Taïeb
Paru chez L’Ogre, août 2022
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[dropcap]P[/dropcap]arfois après une lecture un peu longue et fastidieuse (je ne dirai pas laquelle), j’ai envie d’un petit livre inconnu, dont je ne sais quasiment rien, dont je connais à peine la maison d’édition ou l’auteur(e).
Parfois, ça marche, à d’autres moments, un peu moins.
Pour le livre dont je vais vous parler ici, la surprise a été totale.
Dans ma très grande pile de lecture (en retard), il y avait ce Capitaine Vertu, qui n’était pas ma priorité. Je m’en saisis presque avec remords pour tous les autres qui attendent. La couverture avec sa balance de la justice déséquilibrée (de quel côté, je ne sais) m’intrigue.
Je pense lire les premières lignes et éventuellement passer à autre chose de plus urgent ou qui me parle plus.
Raté, ces premières lignes m’intriguent et surtout m’accrochent complètement
Dans sa tête loge une armée. Il n’y paraît pas, cependant. Elle est allongée dans des draps d’un blanc frais, quarante ans et des poussières, ses cheveux châtain clair en bataille sur sa temps, plongée dans le profond sommeil des rêves. Chaque nuit, la même lutte; chaque matin, le même oubli.
Capitaine Vertu donc, de Lucie Taïeb aux éditions de L’ogre. Petit livre d’environ 150 pages. Déroutant et fascinant. Il contient en lui plusieurs livres. Un polar qui s’abandonne et s’ignore, de la poésie, de la philosophie, de la sociologie, un manuel de résistance et une introspection terriblement touchante à travers une histoire familiale difficile dont l’héroïne fait le compte.
Lucie Taïeb embrasse tous ces sujets avec talent, peut-être même avec un grand talent. Les autres critiques nous le diront.
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Le choix de Papier Crépon
Héroïne – Tristan Saule
Paru chez Le Quartanier, janvier 2022
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[dropcap]L[/dropcap]’héroïne, c’est la solution trouvée par Tonio pour ne pas rester un sous-caïd du quartier – bientôt figé par l’arrivée du Covid. L’héroïne, c’est aussi ce que devient malgré elle Laura, une infirmière hospitalière – bientôt happée par l’arrivée du Covid.
Mais l’héroïne, c’est surtout cette Place Carrée, un coin de banlieue ordinaire et délabrée – bientôt asphyxiée, le mot n’est pas trop fort, par l’arrivée du Covid et des mesures sanitaires associées. Un mot polymorphe donc, qui irrigue parfaitement de folles histoires enchevêtrées à l’extrême dans ce roman palpitant.
Car au-delà du fond, hautement inflammable, c’est le style adopté par l’auteur qui ne manquera pas d’estomaquer. Pas de chapitres, pas de temps mort : à peine un saut de ligne pour passer d’une intrigue à l’autre. Un zapping qui fonctionne parfaitement, même sur la longueur, même s’il n’est pas de tout repos pour le lecteur.
Impossible de ne pas être terrassé par l’histoire de ces hommes et de ces femmes qui perdent pied dans ce roman social furieusement d’actualité. Après le formidable « Mathilde ne dit rien« , cette deuxième Chronique de la Place Carrée transforme largement l’essai.
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