[mks_icon icon= »fa-book » color= »#000000″ type= »fa »] Et ils oublieront la colère d’Elsa Marpeau
par Séb Gringo Pimento
Marianne court pour sauver sa vie. Dans la campagne, elle est poursuivie par les résistants, les faux résistants, les lâches, les femmes, les enfants. La guerre a tourné. Les vainqueurs sont devenus les vaincus. Et inversement. Il est temps de se venger. Marianne a fauté avec un soldat allemand. Elle doit être tondue. 1944 dans la campagne française.
71 ans plus tard, un jeune professeur d’histoire-géographie vient de trouver la mort dans la même campagne. Il écrivait un livre sur les femmes tondues à la libération et enquêtait sur Marianne qui a disparu après cette course poursuite.
Garance Calderon est chargée de l’enquête ou plutôt des enquêtes car ce qu’elle va trouver en 2015 va la mener à faire des recherches sur la seconde guerre mondiale.
Elsa Marpeau nous plonge alors dans le passé, nous expose les faits conduisant à la disparition de Marianne. Elle alterne ses chapitres avec l’enquête présente, si bien que l’un éclaire l’autre et que le jour se fait petit à petit.
Un roman à la fois policier et historique sur une période sombre de la France.
Et ils oublieront la colère d’Elsa Marpeau, Série Noire, Gallimard, janvier 2015
[mks_separator style= »dotted » height= »4″]
[mks_icon icon= »fa-book » color= »#000000″ type= »fa »] Les ferrailleurs, tome 2, Le faubourg d’Edward Carey
par Séb Gringo Pimento
Avertissement : Cette chronique contient des spoilers du premier tome.
Après 10 ans de silence, Edward Carey nous offre deux livres en un an.
Les ferrailleurs, trilogie gothique hallucinante, dont nous lisons aujourd’hui le deuxième tome Le faubourg.
Nous retrouvons les héros vus dans Le château : Lucy et Clod. Nous les avions quittés en grande difficulté : transformés en objet, ils doivent maintenant faire face à leur destin.
Première étape, retrouver forme humaine et ensuite se retrouver.
Ensuite faire face à la famille de Clod, lui résister et ressortir vainqueur du duel.
Mais avant cela, chacun de leur côté, Clod et Lucy devront faire face à de nombreuses épreuves.
Heureusement ils seront aidés chacun par de nouveaux personnages plutôt fantastiques. Grande réussite de l’auteur.
Deuxième étape, s’attaquer à la famille de Clod.
Edward Carey nous entraîne dans sa « folie », dans son monde crée de toute pièce et nous ravit.
Une réussite encore plus grande que le premier tome !
Vivement la publication de la fin de cette belle trilogie.
Les ferrailleurs, tome 2, Le faubourg, d’Edward Carey, traduit de l’anglais par Alice Seelow, Editions Grasset, avril 2016
[mks_separator style= »dotted » height= »4″]
[mks_icon icon= »fa-book » color= »#000000″ type= »fa »] La maladroite d’Alexandre Seurat
par Séb Gringo Pimento
C’est un roman ? Manifestement oui. Alexandre Seurat le revendique et cependant, il prend soin de présenter son livre sous la forme d’une sorte d’enquête donnant ainsi un côté sociologique très fort.
Nous lisons les témoignages de tous les protagonistes d’une triste histoire. Et triste est un mot très faible en réalité pour décrire La maladroite.
Diana, petite fille battue, ignorée et finalement tuée par ses parents.
Sa tante, sa grand-mère, son frère, les gendarmes qui l’entendent, les instituteurs qui essaient de l’aider, les directrices d’écoles dépassées par les événements, l’assistante sociale. Tous témoignent. Tous pressentent plus ou moins l’imminence d’une catastrophe. Tous restent impuissants, tentent des choses, des actions mais se heurtent à la mauvaise foi des parents, aux institutions, à l’immobilisme, à la fuite, au silence du frère, au silence même de Diana qui ne veut rien révéler, préfère se taire, protéger ses parents.
Tous tentent de se justifier, de vivre avec l’horreur de n’avoir pas su empêcher la mort de cette enfant.
C’est glacial, un peu comme le style froid et clinique d’Alexandre Seurat (cela dit, un tel sujet ne peut accepter les grandes envolées ni le lyrisme et cette froideur sert plutôt le texte qu’autre chose). Une succession de faits, l’engrenage. L’impression de lire un procès verbal.
Un roman en forme de coup de poing, un roman qui prend aux tripes et qui fait mal.
La maladroite, d’Alexandre Seurat, Editions Rouergue, août 2015
[mks_separator style= »dotted » height= »4″]
[mks_icon icon= »fa-book » color= »#000000″ type= »fa »] Le Gang des rêves de Luca Di Fulvio
par Barriga
Cetta a tout juste 15 ans quand elle débarque à New York avec son fils encore nourrisson, Natale, qui deviendra très vite Christmas pour faire plus « américain ». Ce dernier va grandir et monter son gang avec quelques acolytes pour gagner dans l’illégalité ses premiers dollars tandis que sa mère tente de survivre dans un night club gangréné par la prostitution et qui trouvera la protection ambigüe d’un étrange oiseau, un certain Sal…
Nous voilà emportés dans un souffle romanesque de plus de sept cents pages, un livre qui se lit comme un film découpé en séquences courtes entre flashback et scènes chorales de personnages qui ont tous une part d’ombre et qui luttent pour faire leur place. Dans un univers violent, âpre et frappé par le dénuement les protagonistes doivent grandir plus vite que d’ordinaire et se forger une carapace pour s’en sortir.
Une œuvre magistrale et fascinante servie par une écriture cinématographique !
Le gang des rêves de Luca Di Fulvio éd. Slatkine & cie, traduit de l’italien par Elsa Damien.
[mks_separator style= »dotted » height= »4″]
[mks_icon icon= »fa-book » color= »#000000″ type= »fa »] Jernigan de David Gates
par Barriga
Le 4 juillet pour Peter Jernigan ce n’est plus vraiment un jour de fête alors que tout le pays est en liesse pour commémorer comme chaque année l’Indépendance. Ce jour là il a perdu sa femme dans des circonstances dont nous laisserons le lecteur découvrir. C’est un homme désabusé, cynique, qui ne croit plus en grand chose si ce n’est aux vertus apaisantes de la boisson (alcoolisée cela va de soi). Il y a bien les livres et Star Trek pour pimenter un peu l’existence et un fils en pleine crise de l’adolescence pour le réveiller de son existence devenue morne. Sans trop y croire vraiment il se met en couple avec Martha, la mère de la petite amie de son fils et commence à s’installer chez elle. Il croit sortir de l’ornière mais peut-être doit-il s’interroger un peu plus profondément dans tout son être pour savoir ce qu’il veut vraiment…
Jernigan est un peu le pendant de Karoo de Steve Tesich, un anti-héros magnifique, un brin loser qui pose un regard sans concession des États-Unis sous l’ère reaganienne. C’est drôle, ravageur, humour noir garantie !
Jernigan de David Gates éd. de L’Olivier col. Replay, traduit de l’anglais (États-Unis) par François Lasquin.
[mks_separator style= »dotted » height= »4″]
[mks_icon icon= »fa-book » color= »#000000″ type= »fa »] L. de Thibault Klotz
par Barriga
Arthur Vega se voit confier l’enquête de sa vie qui va l’amener à pérégriner un peu partout en Europe, Moscou, la Biélorussie, Paris. Trois traders se sont donnés la mort dans un intervalle très court, emportés dans l’ombre d’une étrange femme fatale…
Mais ces suicides semblent trop parfaits, il y a quelque chose de louche, une concomitance fortuite bien mystérieuse et notre héros va s’attacher à découvrir la vérité.
Il faut saluer la qualité d’écriture de ce jeune auteur qui délivre un premier roman parfait, une sorte d’enquête fantastique littéraire, où la psychanalyse et l’actualité économique s’entremêlent dans une atmosphère sombre parfois crépusculaire. Un roman singulier et addictif !
L. de Thibault Klotz éd. Le nouvel Attila, juin 2016.