© Collectif Bellavieza
Jeudi soir dernier, j’ai assisté à la répétition générale de Cri et Ga cherchent la paix, à l’aumônerie des étudiants du boulevard Petit Port. Soirée spéciale pour l’équipe de la compagnie Les Passeurs de Lettres qui souhaitait ainsi remercier l’aumônerie, de leur avoir permis d’y mener l’essentiel de leurs répétitions tout au long de l’année, et tester leur pièce sur quelques privilégiés avant leur grande première de ce soir !
Retour sur cette fin de journée en leur compagnie…
16h45 : Je découvre les lieux en présence de Thomas, étudiant en Lettres Modernes que je connais bien puisque nous participons tous les deux à un atelier de pratique théâtrale le mercredi soir (mais ça, ce sera l’objet d’un autre article !) et que nous nous retrouvons très souvent ensemble sur différents projets culturels sur le campus. Comme à son habitude, il m’a l’air parfaitement détendu, serein en passant le balai dans la salle pour achever la préparation de l’espace : « Un dernier p’tit coup de propre comme Ga se couche par terre ! », me dit-il avec un grand sourire. Sa bonne humeur fait plaisir à voir !
Fanny et Joséphine, porteuses de ce projet, nous rejoignent très vite et c’est alors l’occasion pour moi de leur poser quelques questions entre deux réglages.
17h : « Tu veux que je te parle de la Genèse du projet ? » Allons-y !
Ce projet, ils ont pu le monter grâce au programme APPUIS, mis en place par l’Université de Nantes et le TU-Nantes, qui a débuté par un stage d’une semaine pendant les vacances de la Toussaint.
Le choix du texte
Pour Fanny et Joséphine, il y avait bien l’envie de monter une pièce… Mais laquelle ? C’est un petit tour à la médiathèque qui leur a permis de se décider. Fanny me raconte : « On est allées y passer une heure ou deux, toutes les deux un après-midi, et on s’est baladé dans les rayons. On voulait quelque chose de contemporain, c’était notre première exigence. On a feuilleté et choisit 4-5 textes chacune. Une semaine après, on les avait lus, chacun a présenté ses textes à l’autre, et on s’est décidé. C’est moi qui ai insisté pour ce texte. J’avais lu TAC, du même auteur (Philippe Minyana). Ça m’avait plu et je trouvais ce texte super, décalé mais juste dans le propos ! »
Entre temps… :
« Quelqu’un a pensé à rapporter une perceuse ? »
« Mer** !!! » / « Comment on fait ? » / « Il faut trouver un truc qui fait du bruit. » / « Qui fait du bruit, qui fait du bruit, qui fait du bruit… » / « Aaaaah je sais ! Un aspirateur ! Il doit y en avoir un dans le coin ! »
Leur moment de panique et leur réactivité me fait sourire ! Car en plus, lorsqu’apparaît Coline et l’aspirateur… La voilà en train de repasser derrière le coup de balai de Thomas !
Petit moment de rigolade qui finit de détendre tout le monde et qui me permet de parler décors !
Le choix du décor
© Collectif Bellavieza
Nous sommes à une générale (enfin pour l’instant dans les préparations de la générale) et curieuse je leur demande si les décors seront vraiment absents de la scène ou s’ils les ont juste stockés ailleurs jusqu’au jour J : « Non, il n’y aura pas de décor. Enfin… Rien de fixe en tout cas. On ne voulait pas tomber dans le réalisme, mais être dans un figuratif, fonctionner par un code. Le changement d’espace est bien marqué mais on a voulu conserver un esprit décalé ». Fanny, qui s’occupe de la mise en scène, souhaitait quelque chose de très minimaliste et ne pas charger les transitions. Les coulisses sont donc à vue ; changements de costumes et changements de décor : rien n’échappera aux yeux du spectateur ! « Ca faisait aussi partie de mon souhait qu’il n’y ait pas de 4ème mur, que comédiens et spectateurs se mêlent, qu’il y ait une certaine complicité entre nous. »
17h25 : Je quitte l’équipe pour quelques heures alors qu’ils attendent deux autres comédiens, Hélène et Matthieu. Même si je pense déjà connaître la réponse, je leur demande comment ils se sentent à 3 heures de l’arrivée de leur premier public.
Thomas : « Tu sais… On n’est jamais vraiment prêt. » Son sourire me laisse perplexe : à quel point est-il sérieux ? Peut-être pas si serein que ça en fin de compte !
Mais Fanny apaise tout le monde et parle juste : « On a les moyens de faire quelque chose qui marche ce soir. Il y aura forcément des choses moins bien et qu’il faudra parfaire, mais c’est le but de l’exercice ! »
20h30 : Après un dernier petit moment de convivialité autour d’une pizza avant l’arrivée de leurs proches, Coline (Cri), Thomas (Ga), Hélène, Matthieu, Joséphine et Fanny sont fin prêts ! Nous ne serons que quelques privilégiés pour l’évènement (des amis de l’université, du conservatoire, les parents de Joséphine, des membres de l’aumônerie) et j’attends avec eux dans le couloir le feu vert pour entrer dans la salle…
COUP DE CŒUR DU FUN !
Et je n’ai pas été déçue ! Cri et Ga est mon premier coup de cœur du Festival ! Dans cette pièce à la fois fraîche et drôle, les membres de la compagnie nous communiquent leur bonne humeur et leur joie de vivre. Mais il n’est pas seulement question de rire et de les suivre à travers leurs aventures délirantes. Avec Cri et Ga cherchent la paix, on est amené à s’interroger sur les rapports humains, sur notre façon d’échanger, de communiquer. L’univers est peut-être décalé, mais Fanny me l’avait bien dit, les propos sont terriblement justes ! Le monde de Cri et Ga est peuplé d’individus souvent hypocrites, qui ont des rapports factices les uns avec les autres. Vous savez, ces paroles toutes faites, ces mots qu’on dit par habitude et sans penser à leur sens, parce que c’est comme ça, qu’ils sont conventionnés, qu’à tel type de situation on associe nécessairement telles idées, telles formules. Les postures qu’on adopte parce que ce n’est pas « convenable » de se comporter autrement, les réactions qu’on s’interdit d’avoir parce qu’alors… On passerait pour quoi, aux yeux des autres ?
Cri et Ga, eux, ils parlent franchement. Avec leurs mots. Comme ça vient. Enfin ils essaient… Parce que même quand on fait tout pour échapper à la doxa, il arrive qu’elle nous rattrape. Ils font ce qu’ils peuvent, mais leur univers est parfois contaminé. Alors Cri fait des « burn out », comme dirait Fanny. Elle essaie d’échapper à tout ça et avec Ga, ils fuient le monde. La seule chose à laquelle ils peuvent se rattacher, le seul point fixe dans cet univers chaotique, c’est l’Amour (avec un A) qu’ils se portent. Ils se protègent, se soutiennent et finalement peu importe comment vous, vous interpréterez cet amour. Savoir s’il s’agit d’amitié ou d’une relation de couple, ce n’est pas là l’essentiel. Ce qui compte dans cette pièce, c’est le cheminement des personnages, c’est l’ « odyssée joyeuse » et ce qu’on y apprend.
Je pense que vous l’aurez compris : je compte sur vous pour courir au Studio Théâtre ce soir à 21h15 !
Et pour ceux qui ne pourraient pas… Rejoignez l’épopée le 8 avril au TU-Nantes lors des Journées des arts et de la culture à l’Université de Nantes !
Tarif : 2/4 euros
Réservations auprès de la billetterie du TU-Nantes
Au 02 40 14 55 14
ou sur www.tunantes.fr