Après Moonlight Mile, une suite très moyenne donnée au pourtant formidable Gone, baby, gone et Ils vivent la nuit, nouvelle suite bâclée d’un autre livre formidable Un pays à l’aube, Dennis Lehane nous propose Quand vient la nuit, titre original : The Drop. Cherchez l’erreur… A croire que les traducteurs aiment associer Lehane avec le mot nuit.
Ce roman est en fait l’extension d’une nouvelle de Lehane, qu’il a retravaillée pour le cinéma. On est toujours à Boston, les Flats, quartier de prédilection de l’auteur, où il situe plusieurs intrigues au fil de ses œuvres. La misère est toujours présente, le désœuvrement aussi, l’ennui et la violence. Le renoncement comme un mode de vie. Pourtant, Bob Saginowski retrouve une étincelle de vie. Il sauve un chien mourant au fond d’une poubelle et s’en occupe. Ce geste le met en contact avec Nadia. Les plus belles pages traitent de ce changement en Bob, de ce qu’il ressent pour ce chien et petit à petit pour Nadia. C’est ce retour à la vie qui est le vrai sujet du livre de Lehane.
Tout le reste ? Prétexte. Le braquage du bar où travaille Bob, son cousin propriétaire désespérément à la recherche d’un peu d’argent, Eric Deeds l’ancien maître maltraitant du chien qui vient de sortir de prison, les tchétchènes qui organisent le trafic, règnent sur la ville et le personnage du flic croyant qui passe chaque matin à l’église. Ces personnages se croisent et tentent de sauver leur peau, à leur manière.
Un roman mineur dans l’œuvre de Dennis Lehane, petit polar qui se laisse lire mais dont on devine assez vite quelques ficelles. La nouvelle n’était-elle pas suffisante ? On attend toujours que Lehane revienne avec un livre aussi réussi que ses premières œuvres.
Dennis Lehane, Quand vient la nuit, traduit de l’anglais par Isabelle Maillet, éditions Rivages, octobre 2014