[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#c20000″]L[/mks_dropcap]es fêtes de fin d’année sont l’occasion idéale pour un libraire de faire découvrir ou redécouvrir des textes oubliés ou méconnus. Voici l’un d’entre eux, qui devrait ravir les amateurs de belle littérature et les lecteurs désireux d’explorer de nouveaux horizons après la rentrée littéraire.
Publié en 1924, Sarn (Precious Barn en anglais) est le roman qui tenait probablement le plus au cœur de son auteur, l’anglaise Mary Webb (25 mars 1881 – 8 octobre 1927).
C’est en France qu’elle fut reconnue d’abord, obtenant le prestigieux prix Femina l’année de sa parution. En Angleterre, c’est l’insuccès le plus total. L’auteur meurt en 1927 et ce n’est qu’après sa mort que ses romans seront acclamés, Sarn étant considéré comme son chef-d’œuvre.
L’action se situe dans une province reculée de la campagne anglaise de l’époque, si pétrie de traditions et de superstitions que l’histoire semble se dérouler un ou deux siècles auparavant. Sarn est à la fois le nom d’un étang, d’une ferme mais aussi d’une famille, plus particulièrement d’un frère et d’une sœur, Gédeon et Prudence, unis par les liens du sang mais que tout oppose. Défigurée par un bec-de-lièvre mais doté d’un bel esprit, Prue est un être plein de bonté et de douceur. Les villageois ne l’épargnent guère et on lui a fait comprendre très tôt que son infirmité la condamnerait à vivre loin des hommes et du bonheur.
Intelligente et forte, la jeune fille subit les pires brimades avec une force de caractère admirable. Dans cette région isolée où la population vit au rythme des saisons et trime pour survivre, la religion, les superstitions ancestrales et la sorcellerie sont toujours très présentes. Isolée par sa disgrâce physique, sous les ordres d’un frère vindicatif et intransigeant, qui causera la perte de tous ceux qui l’entourent, la jeune fille se réfugie dans l’amour de la nature, des animaux et de la lecture. Elle tombe amoureuse d’un jeune tisserand de la ville voisine, mais qui voudrait d’une fiancée ainsi défigurée, que les villageois accusent de tous les maux ?
Mary Webb se fait le chantre de l’après-romantisme dans un texte lyrique, d’une grande puissance évocatrice, où la nature est un personnage à part entière qui peut aussi bien donner que reprendre. À travers l’histoire de Gédéon, ambitieux et cupide, et de la douce et romantique Prue, ce roman plein de bruit et de fureur, à la fois sombre et lumineux, est une fable morale où l’ordre triomphe du désordre et où l’amour universel l’emporte sur la passion égoïste.
Sarn est un de ces lieux de magie, de poésie et de rencontres inattendues, un roman envoûtant plein de violence et de beauté, dont on sort profondément ému et qui vous laisse, la dernière page tournée, dans une sorte de douce nostalgie et le cœur un peu lourd de l’avoir terminé.
Je n’ai jamais compris, et ne comprends pas encore pourquoi, par les nuits d’été, les blés brillent ainsi d’une clarté lunaire, même en l’absence de lune. Mais ce spectacle est merveilleux, quand le grand silence du plein été et de la nuit profonde enveloppe la terre au point que le tremble même, si bavard, n’ose plus rien dire et retient son souffle, comme s’il attendait la venue du Seigneur.
Sarn de Mary Webb
Traduit de l’anglais par Jacques De Lacretelle, collection Cahiers Rouges, éditions Grasset, mai 2008
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