John Milius est un personnage trouble et un scénariste de talent à qui l’on doit de grands moments de cinéma.
L’homme est excessif, brutal dans ses déclarations, et complètement conservateur (collectionneur d’armes et membre émérite de la NRA), la légende dit qu’il a fortement inspiré le personnage de Walter dans The Big Lebowski des frères Coen dont il est un ami proche.
Vous ne serez pas surpris de savoir qu’il a été scénariste de L’inspecteur Harry, Magnum Force, 1941, Apocalypse Now… mais le scénario pour lequel il est le plus connu est celui du film qu’il a lui-même réalisé : Conan le Barbare.
Très librement adapté des récits de Robert E. Howard publiés dans des pulp des années 30 (comme Weird Tales) et qui sont à l’origine même du genre de l’Heroic Fantasy en littérature, Conan a connu des démarrages chaotiques.
En 1975, Edward R. Pressmann (énorme producteur à qui l’on doit l’émergence de réalisateurs désormais incontournables comme De Palma, Stone, Malick, Bigelow…la liste est longue) décide de se lancer dans l’adaptation de Conan mais connaît des difficultés légales qui ralentissent sérieusement le processus. La valse des tractations, des refus de réalisateurs, les années qui passent, ont raison de la volonté de Pressmann. Milius ne lâche pas l’affaire, convaincu entre temps par les plans prévisionnels du décorateur Ron Cobb, il convainc le grand producteur du moment, avec qui il s’est engagé sur un autre projet, Dino de Laurentiis de produire le film qu’il va réaliser lui-même, sous condition de pouvoir réécrire le scénario déjà proposé par Oliver Stone. Le seul point qui n’a jamais été remis en question, est l’engagement d’Arnold Schwarzenegger, inconnu du grand public, pas du tout comédien, mais travailleur acharné qui s’est préparé des années durant à ce rôle qui allait définitivement lancer sa carrière.
Ensemble, ils proposent un Conan inspiré des légendes nordiques, sculpté à la façon d’une illustration de Frazetta, dans un univers inspiré par les récits de sabre japonais, de l’histoire réelle de sectes médiévales ultra-violentes, et des divers écrits de Howard et consorts.
À sa sortie en 1982 (purgé des scènes les plus violentes), le succès est mitigé. Premier rôle compliqué à accepter, limité selon les critiques, brutalité dépourvue de morale, les détracteurs sont nombreux. Le seul a recueillir tous les suffrages est Basil Poledouris, qui livre là une des bandes originales les plus réussies des années 80.
Le film marque pourtant, et sa mythologie convainc au fil des années. John Milius est à son apogée alors, réalise encore quelques très bons films de son cru comme L’Aube Rouge et L’Adieu au Roi, écrit beaucoup pour Walter Hill. Son baroud d’honneur : la série qu’il crée en 2005, Rome.
Puissance, toujours et encore…
[mks_dropcap style= »rounded » size= »11″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]*photo issue du documentaire « Conan Unchained : The Making of ‘Conan » de Laurent Bouzereau[/mks_dropcap]