[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]213[/mks_dropcap]Records, sous label de Replica, continue sa passionnante exploration sonore avec la série Synesthetic Alchemy. L’an dernier c’était Ihan qui nous présentait son excellent III, exploration électro/glitch à base de micro-house et d’expérimentations. Cette année c’est au tour de Seb Joly alias Hess de nous présenter Foulée, son projet spécialement conçu pour la série expérimentale.
Comme pour les cinq autres volumes, il se plie aux exigences artistiques (pochette monochrome, signe kabbalistique et illustration sur l’insert) tout en bénéficiant d’une liberté totale en matière de composition musicale, du moment qu’il y a une approche expérimentale. Pour la petite histoire, Seb Joly, natif de Metz et ses environs, s’est surtout illustré dans le rock (noise punk pour A.H Kraken, garage pour The Feeling Of Love) avant de s’exiler sur Marseille et virer électro tendance abstract/dark ambient avec Hess.
Actif depuis 2001 sous ce patronyme (en 2001 il propose une carte de visite avec 4 morceaux), il met le projet de côté pour se mettre au service du rock. Néanmoins, en 2010, Hess revient le titiller, au point qu’il sort son premier album, La Veille, en cassette chez Tanzprocesz. De nouveau, une pause s’impose mais en 2016-2017 retour aux affaires avec la publication de deux morceaux, l’un pour une compile, l’autre en retravaillé trois fois. L’an dernier, il fait le pari un peu fou de sortir sur son bandcamp 14 degrés. Soit quatorze morceaux constitués de quatorze boucles de quatorze secondes jouées pendant quatorze minutes. En 2019 il met de nouveau Hess en route pour nous livrer un Foulée de très haute tenue. Certes, il faut s’accrocher un peu aux rideaux, ça tangue de toutes parts, ça surprend souvent, ça déstabilise, mais le voyage en terres inconnues proposé par Joly est si prenant qu’on pardonne volontiers d’être bousculé à ce point.
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D[/mks_dropcap]ès les premières mesures de The Dream Itself Was The Cure, l’auditeur est largué en plein milieu d’une séquence qui s’arrête brutalement, reprend, s’arrête, se développe jusqu’à l’arrivée d’une phrase mélodique flippante et hypnotique. Sans que vous vous en rendiez compte, Hess réussit à vous placer en plein milieu d’un morceau dark ambient, dans une atmosphère anxiogène que n’aurait pas renié Coil ou Troum lors leur période faste. Pour le morceau suivant, il arrivera à un résultat similaire mais en utilisant un procédé différent, à savoir amener le chaos en montant peu à peu en puissance, créer une sensation d’oppression en distordant les boucles pour parvenir à une arythmie. C’est à la fois très perturbant car à la limite de l’audible et hautement angoissant.
Après le rythme cardiaque, c’est à nos tympans que Joly va s’attaquer, en prenant pour exemple le Richard D James de I Care Because You Do (Ventolin notamment pour les 120 Mhertz) qu’il fusionne avec celui des Selected Ambient Works lors d’un I’ve Been On The Street fascinant dans cette volonté de concilier bruit blanc, ambient et micro-house. La première face se termine de façon apocalyptique par un The Death I Smell nous plongeant au milieu de nulle part, seul, sans visibilité aucune, seulement guidé par l’ouïe, avec cette sensation de s’enfoncer inexorablement et que quelque chose se referme sur vous.
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]H[/mks_dropcap]eureusement (ou malheureusement, tout dépend du point de vue), la seconde face va présenter un visage moins inquiétant du néo-Marseillais. En effet, celui-ci va pratiquement abandonner le dark ambient pour s’orienter vers le Berlin School de Tangerine Dream ou Klaus Schulze. De ce fait, les deux premiers morceaux évoluent très lentement et jouent sur l’hypnotisme, faisant en sorte que l’accroche peut sembler moins immédiate car moins noire. Au niveau des sensations, il n’y a plus cette oppression caractéristique, la mise en danger se fait différemment, de façon bien plus insidieuse. Néanmoins tout cela va voler en éclats dans les deux morceaux suivant qui verront l’anxiété, l’oppression se faire supplanter par la mélancolie. En effet, si, dans son ambiance, On Ne Craint La Mort Que Quand On Pense Avoir Un Avenir ne déroge pas aux précédents morceaux, on y entend une ligne mélodique, hachée certes, dans laquelle émerge un soupçon de tristesse. Tristesse qui va se muer en mélancolie et éclabousser complètement le très noisy et émouvant Un Jour On Ne Se Verra Plus qu’on jurerait sorti du répertoire de The Third Eye Foundation.
[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]u final, ce qui étonne chez Hess, ce n’est pas tant qu’il soit capable de vous bousculer tout au long d’un album, d’être aussi éprouvant que fascinant, c’est que dans son électro, dans ses expérimentations, au plus profond de sa noirceur, il y aura toujours une part d’humanité, quelque chose d’organique, une mélodie pour vous faire entrevoir la lumière. C’est peu de chose mais c’est ce qui peut faire la différence entre un bon et un excellent disque. Là vous l’aurez compris, nous sommes en présence d’un excellent disque.
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Foulée de Hess
Sorti le 16 novembre 2019 chez 213 Records et dispo chez tous les disquaires dispensant du Xanax de France et de Navarre.
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