[dropcap]L[/dropcap]a journée de 8 heures. C’est ce que demandaient les ouvriers grévistes de la cité textile de Fourmies, dans le Nord de la France. Nous sommes le 1er mai 1891 et la foule est nombreuse à manifester ses revendications dans la rue. Il y a là Kléber, un jeune porte-drapeau, ainsi que Maria, la jeune et belle ouvrière aux cheveux de feu. Emile, un gamin innocent pêcheur de grenouilles, est présent lui aussi. La fin, malheureusement, sera tragique. De cet acte fondateur de la cause socialiste naissante, Alex W. Inker (Un travail comme un autre) a tiré une bande-dessinée très expressive, marquée du sceau du sang : Fourmies la Rouge (Sarbacane).
Ce drame ouvrier, Alex W. Inker en est familier. « Deux fois par jour, raconte-t-il, quand j’allais au collège, puis au lycée, je traversais la place où la fusillade a eu lieu. Jusqu’à la fermeture des usines, la quasi-totalité de ma famille était composée d’ouvriers d’usine et d’ouvriers en filature. J’ai été élevé entouré de grand-mères, grands-oncles, grand-tantes, qui avaient passé leur vie derrière les machines. C’est de là que je viens ». De quoi vous forger une solide connaissance de l’histoire des lieux et vous rendre sensible à toute fracture sociale. Fourmies la Rouge est l’expression de cette rage tout autant qu’elle porte un message humaniste.
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L’intelligence du scénario s’appuie sur le parcours et la sensibilité ou non de plusieurs personnages. Outre Kléber, Emile et Maria, nous suivons aussi Louise, l’ouvrière gouailleuse. Font également partie du récit un soldat idéaliste qui sentira le danger poindre et refusera de tirer, n’épaulant même pas son fusil Lebel ; ainsi qu’un autre soldat, plus vieux celui-là, nourri à la haine de l’Autre et soumis aux ordres du grand capital, incarné par les industriels des filatures et le maître de la ville, lui-même directeur d’une usine menacée d’arrêt par la grève. Sur la place centrale, coincée entre la mairie, l’église et la maison d’arrêt, le vieux soldat n’hésitera pas à tirer autant que nécessaire et même plus, allant jusqu’à achever les blessés à la baïonnette !
La bande-dessinée se vit de manière d’autant plus tragique qu’elle laisse place à quelques ruptures oniriques. Une toupie qui se perd sur le pavé entre les pieds d’une grande bourgeoise, un bouquet d’aubépines victimes de la mitraille… Les scènes mettent en valeur le combat des uns et le mépris total des autres.
Lutte des classes, personnages romanesques et bravaches, crayonnés expressifs réalisés en deux couleurs pantone… Fourmies la Rouge nous offre une plongée en apnée au cœur de ces événements de mai 1891 où neuf personnes vont être tuées. A découvrir, assurément !
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Fourmies la Rouge de Alex W. Inker
Sarbacane, Mai 2021
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Image bandeau : Extrait de l’album