© Collectif Bellavieza
Non que ça veuille rien dire est un éclat du recueil Brefs entretiens avec des hommes hideux de David Foster Wallace, célèbre auteur américain de nouvelles, de romans et d’essais.
Non que ça veuille rien dire est une des vingt-trois nouvelles écrites en 2005, par cet écrivain maintes fois comparé à Pynchon, Swift ou Carver… Un de ces hommes qui ont la finesse d’ écrire des histoires courtes et désespérées, prétexte à livrer leur vision d’un monde disloqué.
Malgré son obsession pour la description d’un monde malade, violent et désorienté, David Foster Wallace (suicidé à l’âge de 46 ans, en 2008) a écrit des textes de fiction empreints de beaucoup d’humour.
Non que ça veuille rien dire mis en scène par Hervé Guilloteau (metteur en scène de la Compagnie Grosse Théâtre), ça arrache les tripes tant les univers des deux hommes sont faits pour s’étreindre.
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Le temps de 45 minutes, Florian Pourias, jeune comédien issu du Conservatoire de Nantes, accompagné de la comédienne Zoé Sian-Gouin, nous confie des marécages intérieurs… La nouvelle, la pièce, met en scène un jeune homme hanté par le souvenir d’avoir vu son père faire quelque chose, un jour, une fois, quand il était enfant…
« Le souvenir sort de nulle part mais tellement précis, tellement consistant, que je sais qu’il est totalement vrai. D’un seul coup je sais que c’est arrivé pour de bon et que ce n’était pas un rêve, même si ça avait ce genre d’étrangeté bizarre qu’ont les rêves. »
Au creux de ce souvenir nauséeux, un jeune homme se libère… Au travers de son âpre confidence, les mots transpirent, révèlent une bile noire ensevelie pendant de nombreuses années.
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La subtilité du texte et de la mise en scène accompagne habilement le spectateur dans l’acceptation de recevoir l’intimité, l’indicible d’un homme fragilisé par l’acte débauché d’un père dérangé. Malgré la gravité du propos, on se surprend à sourire, rire. Pas de psychodrame absolu. Du décalage. De la poésie. De la sagacité avant tout. C’est là que se trouve la réussite de la mise en scène de ce monologue féroce.
Non que ça veuille rien dire est une coproduction du TU-Nantes et du Conservatoire de Nantes dans le cadre du dispositif d’insertion Initiales (insertion professionnelle à destination d’élèves titulaires du diplôme d’études théâtrales). Dispositif qui a permis à un jeune comédien du conservatoire de choisir un metteur en scène avec qui il désirait travailler. C’était sa première hier, il rejoue ce soir, mardi 31 mars, à 21h15 au TU-Nantes. Allez-y… Vous verrez, c’est beau l’émergence.
Merci au Collectif Bellavieza pour toutes les photos du FUN 21 Festival.