A peine 6 ans d’existence, la petite vingtaine chacune et pourtant déjà deux albums et un EP en poche, tout va très vite et très fort pour Horsegirl, trio féminin en provenance de Chicago.
Copines d’enfance qu’elles viennent à peine de quitter, Nora Cheng, Penelope Lowenstein et Gigi Reece créent Horsegirl en 2019, sortent un premier EP l’année suivante, Ballroom Dance Scene Et Cetera (Best Of Horsegirl) qui fait suffisamment le buzz pour qu’un label aussi prestigieux que Matador les signe aussitôt.
S’ensuit un premier album, Versions Of Modern Performance, et déjà un gros succès avec leur rock très 90’s, entre slacker rock, noisy pop et shoegaze. Produit par l’expérimenté John Agnello, c’est un beau carton mérité d’ailleurs car les 3 filles démontrent qu’elles maitrisent parfaitement leur petit Pavement ou Guided By Voices illustré, tout en laissant éclater une personnalité rafraichissante et l’envie d’écouter la suite au plus vite.
Ca tombe bien, la suite, elle est là, entre nos mains, le Horsegirl numéro 2 est bien arrivé, on ne peut pas se tromper, c’est écrit en gros sur la pochette. Il s’appelle Phonetics On And On et une seule écoute nous met de suite une claque, les chicagoans ont encore progressé tout en remontant dans le passé, un paradoxe somme toute logique au vue de cette réjouissante nouvelle direction.
Gagnant en spontanéité et clarté, Horsegirl va ici plutôt chercher son inspiration dans les années 80, quelque part entre The Feelies et Young Marble Giants avec des guitares qui se font plus velvetiennes que distordues, lignes claires contre fuzz. La production, d’une remarquable discrétion, de l’incontournable Cate Le Bon, y est sans doute pour quelque chose, mais c’est avant tout Horsegirl qui semble vouloir s’émanciper du mur du son, moins timide à l’idée de mettre les jolies voix de Nora et Penelope en avant, tout en s’affirmant comme un trio parfaitement uni et solidaire.
Les guitares sautillantes de Where’d You Go nous envoient des étoiles dans les yeux, les voix se répondent et se complètent, on se croirait plonger dans la Factory du Velvet Underground. Les harmonies et les chœurs de Rock City sont du nectar pour les oreilles,Horsegirl sait même ralentir le tempo et mettre en avant quelques mélodies irrésistibles comme sur le superbe In Twos.
Violons, synthétiseurs et gamelans indonésiens font leur apparition élargissant la palette sonore du trio sans que cela serve juste d’habillage un peu vain, car Horsegirl sait en effet composer des chansons plus subtiles qu’il n’y parait et totalement accrocheuses. Phonetics On And On empile les tubes, 2468, entre jangle pop et gigue irlandaise, le sautillant Switch Over, croisement génial entre le New Order de Movement et Television Personalities ou bien I Can’t Stand To See You, morceau final mélancolique et réjouissant.
Avec Julie ou Frontrunner, Horsegirl passe dans un tout autre dimension, se détachant ainsi du trio à guitares pour atteindre un niveau d’écriture et de composition assez incroyable. Le contraste entre les voix et les guitares est absolument remarquable, entre joie et tristesse, austérité et luminosité, comme sur l’épatant Well I Know You’re Shy, aussi bon que du Yo La Tengo, le délicat Information Content, émouvant comme du Young Marble Giants ou l’harmonieux Sport Meets Sound.
Avec ce génial Phonetics On And On, Horsegirl passe dans les catégories des groupes importants, à suivre de près, tant leurs chansons ont déjà des airs de classiques. Indispensable !

Horsegirl · Phonetics On And On
Matador Records / z– 14 février 2025