Voici une chronique qui risque de ne pas dépayser les moins joueurs de nos lecteurs. En effet, le grand public connait désormais le 6 qui prend au même titre (ou presque) que Uno voire Skyjo. Le Baron est donc un jeu dans l’univers de 6 qui prend, puisque c’est le même auteur, Wolfgang Kramer, qui, avec Michael Kiesling (auteur notamment d’Azul) donne une seconde vie à ce classique.
Toujours édité par Gigamic, Le Baron permet de jouer de 2 à 10 camarades. Il conserve le principe fondamental de son aîné puisqu’il s’agit de poser des cartes sur l’une des cinq rangées. Les cartes ne vous dépayseront pas puisqu’elles portent chacune un numéro unique et mettent en scène des têtes de bœufs. Le but du jeu est toujours le même, il s’agit de se débarrasser de ses cartes sans jamais les placer sur la sixième colonne, sans quoi on ramasse toutes les cartes de la rangée (ce qui fait mal au moment du décompte des points).

Cependant, il y a ici quelques différences. La première, c’est que l’on ne place plus sa carte en fonction de sa valeur numérique, mais en fonction de la couleur des têtes de bœufs. Votre carte pourra par exemple comporter une tête rouge et une jaune, auquel cas vous pourrez choisir, à votre tour, de la poser sur une rangée dont la dernière carte comportait une tête rouge ou une tête jaune. Cela semble imbuvable à l’écrit, mais c’est très simple à comprendre en réalité lorsque l’on a le jeu en main.
Cette simple modification offre des sensations de jeu très différentes puisque, là où le 6 qui prend était très hasardeux et un poil redondant, Le Baron offre davantage de contrôle aux joueurs. Lorsque l’on doit poser notre carte, il arrive fréquemment que plusieurs rangées puissent l’accueillir. A nous de faire le choix qui mettra les adversaires dans l’embarras.
Ne rentrons pas dans les subtilités des règles mais, brièvement, en plus de vous efforcer à ne pas poser la sixième carte d’une rangée, il faudra également éviter de poser la sixième tête de bœuf d’une même couleur sur cette rangée. Les règles sont assez indigestes à l’écrit, on l’a dit, et c’est donc aux sensations de jeu que l’on a envie de s’intéresser.
Comme dans le 6 qui prend, les retournements de situation sont légion. Une carte mal jugée vous condamnera à ramasser toute une rangée. Mais s’il y a du hasard, c’est vraiment cette sensation de contrôle qui fait du Baron un jeu supérieur (et plus moderne) que son aîné.

De plus, Le Baron se démarque par sa polyvalence. Rares sont les gens à être aussi efficaces à 2 qu’à 10 joueurs. On recommande quand même d’y jouer entre 4 et 8 joueurs pour un meilleur équilibre entre dynamisme et contrôle. Faussement léger, Le Baron sera parfait pour une transition entre deux jeux plus ardus, mais aussi pour les après-midi en famille, avec vos enfants ou pour mettre de l’ambiance entre amis.
Le Baron est donc un jeu d’ambiance malicieux, qui ne prétend pas être un chef-d’œuvre stratégique mais réussit parfaitement ce qu’il propose. Si vous voulez une partie courte, engageante, avec des rires, des retournements et un peu de taquinerie, c’est un très bon choix. Dernier avantage, puisque vos amis connaitront (probablement) les règles du 6 qui prend, ils maîtriseront rapidement celles du Baron.



