[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]ujourd’hui, sujet de philo : comment faire le premier bilan d’une carrière musicale sans pour autant en faire une compilation ?
Voilà très certainement la problématique qui a du être posée par Fire à Josephine Foster avant que celle-ci n’entame le processus de création de No More Lamps In The Morning. Heureusement pour elle, elle a bénéficié d’un peu plus de quatre heures pour rendre sa copie; et soyons clairs, le résultat, comme ses deux précédents disques, est assez vertigineux.
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]apturé Live au Studio Future-Past à New York, avec son mari Victor Herrero, le duo revisite le répertoire, qui commence à sérieusement s’étoffer, de Foster aussi bien en solo qu’en groupe. Six morceaux ont donc été triés sur le volet auxquels s’est ajouté un inédit. Sont donc privilégiés Born Heller (No More Lamps), This Coming Gladness (A Timbleful, The Garden et Second Sight) et I’m A Dreamer (Blue Roses, Magenta) plus My Dove, My Beautiful One, poème de James Joyce et inédit en question.
Pour les personnes hermétiques à son univers, rien ne change : ils retrouveront avec ce même sentiment horrifié le timbre particulier de sa voix, ce folk se partageant entre sépia moisi et freak hystérique et se diront que non, franchement, apprécier Josephine Foster, c’est au-delà de leur compétence. Pour les autres, cette « compilation » sera un véritable délice. Délesté de tous ses oripeaux, le folk de Foster ne laisse plus apparaître que l’essentiel : la beauté nue de ses compositions. Aussi Le freak de This Coming Gladness fait la gueule et rentre un tant soit peu dans le rang, le cabaret des années 30 d’I’m A Dreamer ferme ses portes et vire tous ses clients qui ont préféré au final suivre la taulière dehors, en toute liberté.
Bref, tout ce qui fait la spécificité de la musique de Foster est laissé de côté, mis sur la touche serait-on tenté de dire. Mais en ne laissant que le squelette, la structure de chaque morceau à l’air libre, en lui enlevant tout ce qui pouvait gêner, le duo ouvre des perspectives inédites et laisse entrer une apparente normalité et un grand vent de fraîcheur dans sa musique. Ne vous y trompez pas, l’essence reste toujours la même, un folk singulier et un peu à part (la guitare de Herrero, en accompagnement, ne peut s’empêcher de jouer au freak) mais il sert d’écrin à la voix de Foster, toujours aussi exceptionnelle et plus sobre qu’à l’accoutumé, acquérant par moment une suavité étonnante. Ajoutez à cela une touche de gravité en la personne de Gyða Valtýsdóttir au violoncelle et vous aurez une compilation qui aura tous les atours d’un véritable album.
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]I[/mks_dropcap]l en résulte donc un disque d’une étonnante sobriété, tout à fait dans la lignée des deux derniers sortis chez Fire et pourtant très différent : véritable pas de côté sur des chemins de traverse moins accidentés qu’à l’habitude, No More Lamps In The Morning fait aussi figure de ballade bucolique, de petite bulle d’une légèreté simple et confortable, et enfin et surtout, le reflet d’une façon d’aborder la compilation à l’image de Josephine Foster : belle et imprévisible.
Sorti le 05 Février chez Fire Records et chez tous les disquaires disposant d’hélium de France et de Navarre.
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