[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]P[/mks_dropcap]lacé sous le haut patronage de Jean Gabin, avec des répliques, tirées de ses rôles marquants, qui font mouche, L’horizon qui nous manque n’en reste pas moins une fresque sociale. Après Un homme doit mourir que j’avais qualifié de polar naturaliste et Le chemin s’arrêtera là, Pascal Dessaint nous revient très en forme, socialement parlant donc !
[mks_pullquote align= »left » width= »300″ size= »16″ bg_color= »#993300″ txt_color= »#ffffff »] »Après Un homme doit mourir que j’avais qualifié de polar naturaliste et Le chemin s’arrêtera là, Pascal Dessaint nous revient très en forme, socialement parlant donc ! »[/mks_pullquote]Ses personnages sont tous un peu perdus. Entre un flic qui lit Proust et un petit vieux vivant de peu, solitaire, dans une campagne désolée, il y a une jeune institutrice qui a abandonné son métier pour venir en aide aux migrants. Mais une fois la jungle détruite, que faire ? Sinon se trouver un petit coin et tenir compagnie, plus ou moins, à ce vieillard. Pour en terminer avec les acteurs de ce drame, il y a Loïk, qui a fait de la prison, pour de petites choses mais quand-même. Il est également sujet à des colères froides et violentes. Ces trois là cohabitent, s’entraidant autant qu’ils le peuvent, s’évitant quand ils sentent monter trop fort les sentiments ou l’angoisse.
Un vieux fusil de chasse traîne aussi par là, servant peu, mais un jour le coup part. Un homme, presque par hasard est tué. Loïk aide Anatole, notre vieux solitaire, à dissimuler le corps. La tension, présente depuis le début éclate soudainement avec cet événement. Mais ce n’est pas tout. Car Loïk a des réserves. Sur son chantier, sans contrat de travail, il y a son patron, qu’il ne supporte pas. Et Loïk entraîne Anatole dans une aventure qui se termine assez mal. Suffisamment pour que la police s’en mêle. Et la police ici, disions nous, lit Proust. C’est Martin qui se colle à l’enquête. Mauvaise pioche car ce Martin en traînant dans ce coin campagnard perdu (pas tant que ça finalement), est tombé sur Lucille et ils ont eu une aventure, qu’ils voudraient bien prolonger. Entre eux, il y a Anatole, Loïk, une agression sur le chantier et plus tard un cadavre mal dissimulé. Dommage.
L’horizon qui nous manque présente des personnages assez noirs, voire tordus, malsains. Pourtant, le lecteur ne peut s’empêcher de s’attacher à eux.
[box type= »shadow » align= »aligncenter » class= »770″ width= » »] « La vie m’a appris qu’il ne peut y avoir toutes les qualités en une seule personne, ni tous les défauts. »
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Oui, le coup de fusil est parti, par hasard. Un homme est mort. Que faisait-il là ? Il devait bien savoir qu’on ne traîne dans des coins pareils, des coins où la chasse même fermée, peut se faire.
Et puis ce patron agressé, il n’avait pas donné de contrat de travail !
Pascal Dessaint nous touche à nouveau de plein fouet. Ses dialogues nous emportent, ses descriptions aussi.
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« – Tu as embauché en retard.
– J’étais en pique-nique
– Avec ta nièce?
– Oui, avec ma nièce.
– T’as toujours la même excuse.
– J’aime beaucoup ma nièce.
– J’aime aussi beaucoup la mienne mais je passe pas mon temps à pique-niquer avec elle.
– Tu ne dois pas l’aimer assez.
– Bien possible. »
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Et si ce n’est pas un bâton de dynamite qui clôt le roman, un coup de fusil fera aussi bien l’affaire. Parce qu’après tout :
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« … il y a de quoi se demander si c’est utile de vivre et de mourir parfois. »
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L’horizon qui nous manque de Pascal Dessaint,
Paru chez Rivages noir, septembre 2019
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