[dropcap]I[/dropcap]l sera question, dans La Crête des damnés, d’amours juvéniles, de ruptures, d’envies, d’acné, de collégiens, lycéens tortionnaires avec leurs pairs, de souffrances et de soucis typiquement adolescents, de coupes de cheveux aussi et de cheveux gras.
De gamins qui voudraient être grands mais aussi être traités encore un peu, parfois, comme des enfants qu’ils sont toujours à l’intérieur d’eux-mêmes. De parents paumés, perdus dans leurs problèmes de couple, de travail ou d’alcool. D’amitié fortes, des complexes de poids, d’amour et d’éjaculation précoce.
Joe Meno nous emmène, avec La Crête des damnés, roman paru en 2004 aux États-Unis, dans le monde de l’adolescence, sur les traces d’un Olden Caulfield moderne comme nous le disent les éditions Agullo.
Brian Oswald est jeune, bourré d’hormones dont il ne sait que faire. Amoureux de sa meilleure amie, qu’il trouve un peu grosse mais qu’il aime quand-même. Ils traînent ensemble, parlent, s’insultent, se battent, s’amusent, s’embrassent parfois. Ils aiment la musique, ils font des compilations sur des K7, ils s’expriment à travers elles. Cette jeune Gretchen se trouve grosse aussi, n’hésite pas à le dire et pense souvent aux possibles régimes.
« D’une certaine façon, je crois que ça me réconfortait, qu’elle ait composé cette cassette pour moi, pour me dire qu’elle se sentait mal, elle aussi, souvent. Ça me rendait les choses bien moins pires, on peut dire ça. »
La Crête des damnés, c’est un passage, un rituel, une route entre l’adolescence, son début difficile, sa fin non moins simple mais qui a vu des changements s’effectuer, une petite maturité arriver. C’est un livre drôle souvent, tendre et violent à la fois.
« Pour être honnête, j’avais convoité Kim pendant tout le collège. J’avais fantasmé que je couchais avec elle et pire, bien pire, mais ça ne me fit aucun effet, qu’elle me tienne comme ça. Au contraire, je me sentis encore plus mal. Je me sentis mal parce qu’elle avait eu ce geste, ce qui voulait dire que je devais avoir l’air vraiment, complètement pathétique. Je fermai les yeux pour éviter de pleurer, et elle continua de me serrer dans ses bras. Et puis c’est arrivé. Elle a respiré juste à côté de mon oreille, par accident, c’était chaud et humide, et je me suis aussitôt mis à bander. »
Brian qui voudrait bien être un petit voyou mais n’y arrive pas. Qui voudrait être un homme presque machiste mais a trop de sentiments et d’amour en lui pour cela. C’est un jeune garçon trop sensible et intelligent, bourré de questions sur sa vie, celles de ses parents et son futur. Les réponses qu’il voudrait trouver sont souvent dans les chansons qu’il reçoit de ses ami(e)s, de Gretchen notamment, sur des K7 compilations. Les mots qu’il voudrait dire, il les prononce lui aussi à travers de longues compilations, des chansons punks mais pas seulement. Bien que fan de hard rock, notre Brian est capable d’aimer les Clash, les Smiths ou encore les Mamas & the Papas.
« Ces cassettes constituaient la bande-son secrète de ce que je ressentais ou de ce que je pensais à propos de presque tout. »
Finalement, La Crête des damnés, c’est un roman bouleversant sur une adolescence qui se cherche.