[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#e08b14″]P[/mks_dropcap]arler ici des influences que révèlent la lecture des Enfants de l’eau noire (Edge of dark water en titre original) serait peut-être un peu long.
Évoquons-en simplement quelques-unes : Tom Saywer de Mark Twain et son personnage malfaisant indien qui prend ici la forme d’un immense homme noir à la langue coupée enfant, un petit côté Délivrance pour la poursuite, O’ Brother where are thou pour la quête et la présence des prédicateurs, Faulkner pour le Sud des Etats-Unis dans les années 30.
Tout cela m’aurait déjà donné envie de me plonger dans la lecture de ce roman mais ce n’est pas tout.
C’est ici un roman noir qui ne se prive pas d’être drôle même dans le tragique. En cela les réparties des trois amis (embarqués dans la même galère, le même canoë, le même tronc d’arbre, qui naviguent sur la Sabine) sont des respirations bienvenues dans un récit qui ne nous laisse que peu le temps de souffler.
Trois jeunes amis donc : Sue Ellen, affublée d’une mère droguée et apathique, d’un père aux mains baladeuses, Terry, jeune homme ambigu et Jinx, petite noire qui n’a pas sa langue dans sa poche.
Ils végètent dans leur sud natal, attendant une éclaircie dont ils savent pertinemment qu’elle ne viendra pas.
Ils ont une amie, May Linn, superbe beauté qui déchaîne les passions. Un peu trop. Son cadavre, attaché à une lourde machine à coudre, gît au fond de la Sabine.
C’est le point de départ d’une histoire de fuite, de poursuite, d’espoirs fous de tout recommencer et de mort.
Joe R. Lansdale a un don pour nous proposer des personnages secondaires qui nous accrochent. Du prédicateur en proie à une crise de foi à Skunk, le chasseur fou, en passant par le soi disant mari qui veut tout autant récupérer sa femme que le magot, Landsale s’amuse et nous effraie en même temps.
Et il y a aussi la Sabine, (personnage à part entière) la rivière qui transporte tout : des hommes aux femmes, des cadavres aux espoirs.
La Sabine, à la fois salutaire et meurtrière.
La Sabine comme le seul chemin vers la rédemption. Certains y laissent leur peau, d’autres non.
Les enfants de l’eau noire de Joe R Lansdale, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Bernard Blanc, Editions Denoël, collection Sueurs froides, septembre 2015
toujours eu envie de le lire !!