[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]I[/mks_dropcap]Il était une fois Nina et Tahar. Un couple parfait, au bonheur presque parfait. Presque, parce qu’à cette félicité absolue, il manque un enfant. En effet, en dépit de multiples FIV depuis une dizaine d’années, le ventre de Nina demeure « cassé ».
« Dix ans. Pour rien. Une route dont on ne voit pas la fin. S’arrêter et reprendre, se décourager et espérer, laisser tomber et éperonner de plus belle les flancs de cette volonté, puis reculer, abandonner, essayer d’appréhender la vie autrement. Et recommencer. S’accrocher toujours… C’est fini. Nina ne sera jamais mère ».
Ce manque se fait de plus en plus vif pour elle, et la pression familiale et sociétale pèse sur ses épaules à lui. En effet, une femme stérile est plus encombrante qu’autre chose, et quelle honte pour l’entourage !
L’un comme l’autre, Tahar comme Nina, portent des cicatrices, des failles, des deuils, des renoncements. Il rêvait d’être footballeur, le voici chauffeur de taxi. Elle rêvait d’une famille nombreuse, une énième FIV vient de lui porter l’estocade.
« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous » a dit un poète. Le hasard revêtira pour elle les couleurs du Maroc, pays d’origine de Tahar, et les visages d’un couple qui se déclare prêt à leur confier leur petit garçon, pour son plus grand bonheur. Le hasard, pour lui, ce sera une rencontre inattendue avec une femme qu’il prendra en charge dans son taxi, et qui va changer son destin.
Dès lors, des chemins vont se dessiner. Des questions aussi se poser. Questions sur les choix, les non-choix, l’importance des petites voix qui chuchotent parfois dans un coin de la tête, l’engagement, la liberté d’être soi, le renoncement à atteindre ces hautes lumières qui peuvent allumer ou éteindre l’âme. Faut-il écouter ses désirs les plus secrets, les plus insensés, quitte à blesser les êtres que l’on aime le plus, ou que l’on a le plus aimé, quitte à rompre avec ses racines, avec sa culture, avec ce destin tout tracé et quelque part si rassurant ?
« Choisis enfin ta voie, Tahar. Arrête de vouloir faire plaisir aux autres. Choisis ta vie, mon garçon. Es-tu sûr de vouloir suivre ce nouveau chemin ? »
Abordant avec pudeur la question de la filiation et de la transmission, Xavier de Moulins signe avec « Les Hautes Lumières » son cinquième roman. L’écriture est solaire, ronde, elle va au plus juste des émotions qu’elle génère. Splendide, époustouflant, magistral, poignant, lumineux, chaque mot, chaque ligne, chaque page est une pure merveille.
Les hautes lumières de Xavier de Moulins
Paru aux éditions JC Lattès – Octobre 2017