Après un premier coup d’éclat en 2021, avec un album éponyme qui avait marqué au fer rouge, les esprits et les médias, Little Odetta revient avec un album plus audacieux, plus affermi et affirmé dans un format décliné en 11 titres, confirmant l’intacte complicité des deux têtes pensantes du quintet, Audrey Lurie et Lucas Itié.
Le titre de l’album est probablement une référence à little bit of soul, initié par le groupe garage Américain Music Explosion. Mais depuis l’époque bénie des Sixties, le genre musical cité précédemment, s’est transformé et a évolué en de nouvelles entités musicales, alliant l’énergie du rock, du Rhythm & Blues et de tout un arsenal d’instruments censés remplacer les cuivres (Moog, synthés analogiques, pédales d’effets..) se substituant au P-Funk.
Si ses racines sont blues,
Yann Landry ( Presskit)
le groupe brise les
carcans et fédère même le grand
public par son aspect intergénérationnel
et par sa forte
universalité.
Spectateur privilégié de cette grande scène, te voilà captivé d’emblée par le premier titre No Medication, tempo presto et cavalerie électrique dans une embardée soudaine, au moment où la passion semblait avoir disparue, où un nihilisme rampant, nous obscurcissait l’horizon. Les restrictions de l’espace-temps de la vie quotidienne condamnaient chacun à une répétition et un écoulement linéaire de sa propre vie dans une dévalorisation générale. Hors, la musique est bel et bien vivante et Little Odetta est là pour nous le remémorer.
Une esquisse s’était déjà révélée avec Who’s Got The Answer? questionnant chaque individu, sur l’emprise du destin, winner ou loser ? De peur que la logique hiérarchique ne l’emporte, il faut irrémédiablement ouvrir la porte au défoulement anonyme et orienté contre l’ordre de la routine. Montées de Hammond, guitares acérées, vous êtes au centre d’une spirale qui vous invite à dériver sur un océan en dehors de la trivialité du quotidien (Out of the game). Emplissez vos poumons de cette chaleur, et laissez vous guider. Les parties vocales et les chœurs s’imbriquent comme l’alliage de la basse aux claviers, sans être trop rutilants, mais suffisamment puissants et présents. Cernés par le conformisme, ayant la vague impression d’être libres durant l’espace d’un instant, la collision inattendue de segments capables de s’adresser à un large public, sans devenir trop sirupeux, il reste encore des cases à cocher, des flèches à tirer. Struck est le titre qui illustre l’entrée dans l’automne, tout en ayant gardé un pied dans le volcan. Les riffs de guitare furieusement enrobés d’orgues et d’une rythmique sacrément heavy soul, rentrent en tête et s’imiscent jusqu’aux terminaisons nerveuses qui, prises d’étranges secousses, deviennent instruments imaginaires, vous vous voyez faire de l’air guitar. Little Odetta a grandi et cela s’entend sur l’intégralité de l’album.
Little Odetta – A little bit of soul
Autoproduction – 20 Septembre 2024.
