[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]R[/mks_dropcap]evenons ne fut-ce qu’une vingtaine de mois en arrière. Preoccupations ne s’appelait pas encore Preoccupations, mais Viet Cong. Le groupe originaire de Calgary, sud-ouest Canadien, venait de sortir un album éponyme, relativement bien accueilli, qui lorgnait assez fort du côté de Joy Division (référence très pratique pour le chroniqueur fainéant-NDA), Bauhaus ou encore This Heat. A partir de là, le choix du patronyme s’avèrera catastrophique et leur causera pas mal de soucis.
Tout débuta en Australie, en février 2015, alors que le groupe était programmé dans un festival à Melbourne. Le promoteur du festival choisit alors de les déprogrammer à cause de leur nom. Même chose à Oberlin, Ohio, ville connue pour son université d’Arts et sa forte densité d’étudiants en musique. Ce sont ces derniers qui protestèrent de manière véhémente contre la venue du groupe dans le festival local.
Devant les difficultés rencontrées pour jouer leur musique en live, et plaidant une certaine naïveté basée sur la méconnaissance historique de la guerre du Vietnam, ils choisirent de changer de nom. Ils ont même été jusqu’à rebaptiser Preoccupations les titres de Viet Cong présents sur Youtube et autres sites de streaming. D’ici à ce qu’une ressortie de l’album sous le nouveau nom voie le jour d’ici peu, il n’y a sans doute qu’un pas.
A en croire les multiples réactions, il leur est reproché une incapacité à assumer leur statut initial. Mais bon, il faut bien manger ma bonne dame. D’aucuns apprécieront.
Mais faisons fi de toute considération mercantile et posons-nous plutôt cette question : ont-ils, à l’heure du deuxième album, encore quelque chose à nous dire ?
En réalité, mis à part le nom, rien grand-chose n’a changé. Leur univers assez noir est resté et, à défaut d’une folle originalité, ils savent se montrer efficaces. En plus des influences déjà citées par ailleurs, on dirait qu’ils ont beaucoup écouté Killing Joke, ou au moins essayé de se rapprocher du travail guitaristique de Geordie Walker, l’Alpha et l’Omega du son du groupe de Jaz Coleman.
Au rayon des satisfactions, on pointera Anxiety, titre d’ouverture ultra efficace, claviers catchy et voix d’outre-tombe en tête, ainsi que Degraded, deuxième single au rythme enlevé. On retiendra aussi Memory, longue plage de plus de onze minutes mélangeant New Wave classique et accalmies atmosphériques, alors que Fever, titre de clôture, ferme l’album de bien jolie manière.
Entre cette énumération, il y a le reste. C’est-à-dire des compositions qui donnent l’impression de ne pas être complètement abouties. En plus de ça, vous ajoutez deux titres qui fonctionnent un peu à la manière d’un interlude de par leur durée (à peine plus d’une minute pour chaque pièce) et vous obtenez un album de 37 minutes dont on ne sait pas vraiment si on doit être déçu du résultat global ou si l’on peut être heureux d’y entendre une bonne moitié d’un bon niveau qualitatif.
Nous sommes passés à deux doigts d’un disque très fort, mais au final c’est avec un sentiment d’inachèvement qui me colle au tympan que je vous livre cette chronique. Débrouillez-vous avec ça.
Preoccupations, dès aujourd’hui, 16 septembre 2016 chez Jagjaguwar.
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