[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#1b60c6″]H[/mks_dropcap]ey l’ami, tu aimes les romans fantastiques ? Tu kiffes ta race Philip K. Dick, Bradbury, Lovecraft, enfin toute cette littérature à mi-chemin entre horreur, S.F et anticipation ? Tu aimes aussi tous les films d’horreur des années 70 ? Ouaiiiisssss, tu sais, L’exorciste, La Malédiction, Amytiville, La Colline A Des Yeux. Tu te souviens de leurs B.O ? Formidables n’est-ce pas ? Devine. J’ai une bonne nouvelle pour toi. Non pas que je vais t’offrir tout ça mais un groupe a eu la bonne idée de compiler tout ce que je viens de te décrire plus haut et le graver sur un disque.
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#1b60c6″]C[/mks_dropcap]e groupe, c’est The Duke St Workshop, duo originaire de Wigan dans le Lancashire. A l’origine The Duke St Workshop est un projet solo de Lee Cullen sur lequel s’est greffé, après l’enregistrement du premier album (Lexicon Of Parangon Pines, 2012) pour pouvoir le jouer en live, le frangin Danny. Lexicon Of Parangon pose les bases d’une sorte d’IDM un peu contemplative à la Boards Of Canada à tendance vintage, lorgnant vers les B.O des années 70 (de Vangelis à Carpenter en passant par Tangerine Dream) et annonce ce qui fera la singularité de The Duke St Workshop : un travail aussi cinématographique que sombre. Entre-temps, le duo, via l’intermédiaire du frangin du patron de leur maison de disque (Static Caravan Records), tenancier d’une échoppe d’articles faisant du bruit, ou de la musique c’est selon, quand on leur pose un bras dessus (vous suivez toujours là ?) va leur faire rencontrer Laurence R Harvey, acteur culte du dérangeant Human Centipede 2. Vous direz, pour les faire se rencontrer, c’était relativement simple : le duo ainsi que l’acteur habitent la même ville et fréquentent le seul disquaire présent dans cette riante bourgade. Toujours est-il que l’acteur devient fan du duo, se rapproche d’eux, enregistre quelques voix sur Cabin 28, leur second album et vient alors aux frères Cullen l’idée absolument pas saugrenue de lui faire enregistrer un album complet. Pour cela, en amateurs éclairés de littérature d’horreur, ils vont se tourner vers H.P Lovecraft, choisir deux nouvelles, From Beyond (adapté au cinéma par Brian Yuzna dans les années 80 et surfant sur le succès de Re-Animator, autre adaptation libre de Lovecraft) ainsi que The Hound et les faire lire/jouer en intégralité à Harvey.
Vous me direz avec raison : que voilà un projet hautement casse-gueule !!! je rétorquerai : tout à fait et je me permettrai même d’ajouter, comme disait la grande poétesse monégasque, un tel projet, ça passe ou ça casse.
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#1b60c6″]R[/mks_dropcap]ésultat ? ça fait mieux que passer, c’est excellent. En grande partie grâce à Harvey, aussi bon conteur que pouvait l’être John Balance aux grandes heures de Coil ou encore qu’un David Tibet qui aurait oublié d’être emphatique. Harvey, comme les deux exemples précédemment cités, n’est pas un chanteur mais, comme eux, il parvient à s’approprier les textes de façon intense; la diction, les intonations prises par l’acteur épousent les contours d’une musique complétement anxiogène et en totale adéquation avec son sujet. Les quarante minutes de Tales Of H.P Lovecraft forment un véritable moyen-métrage avec tous les effets attendus pour tenir l’auditeur/spectateur en haleine : l’étrangeté des débuts, l’ambiance anxiogène, les coups de théâtre, les montées d’adrénaline, les moments de répits et le final apaisé. C’est un excellent court-métrage d’horreur qui se déroule dans nos conduits auditifs et dans lequel le duo/néo-trio a la bonne idée de mettre de côté l’IDM pour se concentrer sur l’aspect cinématographique de sa musique. Du coup ce sont les B.O de Carpenter, Tangerine Dream ou Popol Vuh qui viennent directement à l’esprit; puis Coil s’invite, parfois seul (Tilinghast) parfois avec les Chromatics (notamment sur It’s Not A Dream). Ailleurs, entre deux B.O des 70’s, c’est Current 93 qui est évoqué, là on reconnaît Throbbing Gristle (sur l’aspect un peu indus de Apparitions At Windows), sur Negative Force c’est un Kraftwerk sous acides qui se met à la disco et on parvient même à trouver des traces d’Erik Satie (quelques Gymnopédies sous analgésiques) sur un titre final d’une beauté pas complètement apaisée. Ajoutons à cela que le duo a eu l’intelligence de clore l’album de la même façon qu’il l’a commencé et vous vous retrouvez avec un disque sans véritable cut et sans fin non plus pour peu que vous le mettiez en boucle.
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#1b60c6″]E[/mks_dropcap]n fait, avec Tales Of H.P Lovecraft, The Duke St Workshop parvient à créer un véritable univers, truffé de références et pourtant, unique, très singulier. Avec un postulat de départ comme le sien, on aurait pu s’attendre à un disque basé sur l’esbroufe qui, tel un soufflet, se serait vite dégonflé après très peu d’écoutes. Rassurez-vous, il n’en est rien et si Tales Of H.P Lovecraft peut souffrir de temps à autre d’une baisse de régime, l’objectif, lui, ne varie pas d’un pouce et il reste suffisamment varié, passionnant et accessible pour que l’auditeur ait envie d’y revenir moult fois.
Sorti le 22 janvier dernier chez Static Caravan Records en vinyle uniquement et disponible chez tous les disquaires cinéphiles monomaniaques de France et de l’au-delà.
Facebook – Site Officiel – Static Caravan
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#1e8dbc »]A[/mks_dropcap]h oui et pour ceux, un tant soit peu curieux, qui se posent la question de l’origine du nom du groupe, c’est relativement simple : c’est un assemblage de noms donnés par Lee Cullen aux home studio qu’il a crées tout au long de sa carrière musicale.