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« LE LIEN »

Tomber à l'(e)autre

Thomas Giraud
Par Thomas Giraud
Publié le 6 février 2017
10 min de lecture

[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D'[/mks_dropcap]autres aussi descendent les rues qui convergent vers la plage et petit à petit, ainsi renforcés, on se retrouve un peu trop nombreux pour les trottoirs et la chaussée, obliger de ralentir, presque de piétiner, laissant se frôler les sacs que l’on a tous, à la main ou sur les épaules. Je suis venu seul. Pour m’occuper à ne pas trop réfléchir à ce que je suis en train de faire, je guette les conversations des petits groupes joyeux autour de moi. Il y est question du froid de cette année, plus vif et mordant sur la peau que celui des années passées, de la différence entre la température de l’eau et celle de l’air, de conseils entendus sur l’intérêt de s’enduire le corps de crème épaisse, de ceux qui chaque année le font : se baigner le 31 décembre sur la plage de l’écluse, à Dinard. Il y a aussi quelques remarques, dites avec un air goguenard, parfois même fanfaron sur un malaise ou un décès. Chacun y va de sa manière pour conjurer un peu ce à quoi il ne croit pas trop mais que l’on ne peut tout à fait craindre sans raison. D’ailleurs, la présence nombreuse des services de secours, si elle est probablement rassurante, n’est pas sans susciter un peu d’inquiétude, comme s’ils ne pouvaient pas s’être déplacés en si grand nombre sans raison.

Ce matin, à coup de « tu n’es pas allé à la piscine », « tu n’as pas habitué ton corps au froid », « tu ne t’es même pas alimenté de manière raisonnable » ils ont tous marqué une désapprobation silencieuse, n’osant pas s’attaquer de front à mon choix, « ma lubie » comme ils ont dit plusieurs fois, ce qu’ils ont pris pour une énième manifestation d’une crise de la cinquantaine. C’est vrai que je ne me suis pas préparé ; pour cause, et ce n’est pas une excuse que je donne à mon impréparation, jusqu’à hier et cette affiche devant le tabac presse « demain, à Dinard, on mouille le maillot », je n’aurais jamais envisagé de me baigner le 31 décembre, en Bretagne. Pourtant, en lisant le titre racoleur et sans grande imagination de la presse locale, l’idée s’est imposée : un besoin de faire autre chose cette année, d’oublier la répétition des festivités, familiales ou pas, ratées ou pas, de ne plus penser à ce rituel abrutissant des vacances de Noël, des courses de Noël et de toutes ces choses auxquelles on ne croit plus, qui nous ont assommées, et qu’on dissimule sous l’abondance des cadeaux et de nourriture, avec un peu de honte. Ce n’est pas du cynisme, pas seulement, en tout cas. Une sorte de ras-le-bol. Ce serait un bain glaçant et purificateur, j’en étais convaincu.

J’ai interrogé deux, trois personnes et on m’a certifié que les nageurs de ce grand dernier bain de mer de l’année ne se préparaient pas particulièrement, qu’il y avait peut-être un ou deux sportifs entraînés, quelques retraités secs ou à l’inverse dodus et protégés par une couche de graisse, une ou deux figures locales qui se préparent depuis des semaines et qui, depuis ce matin, sont en peignoirs au bord de la plage givrée à répondre, avec fierté, aux questions d’une chaîne de télévision ; mais dans l’ensemble, m’a-t-on dit, c’est surtout le hasard qui réunit tout le monde. « Il y a de tout, vous savez, il y a de tout » a répété la boulangère sans que je ne sois certain de ce qu’elle voulait dire par là.

Photo de Ken Hamm - Coney Island 2014
Photo de Ken Hamm – Coney Island 2014

En maillot, torse nu en fait, dans le froid glacial, glaçant, l’égalité entre nous est parfaite. Il y en a bien un ou deux que le froid semble moins perforer mais, dans l’ensemble, tout le monde a sur le visage ce mélange d’incrédulité et de stupeur à être là, presque nu, les épaules rentrées, les grands gestes sur le ventre et sur les cuisses pour se réchauffer, qui réchauffent peu et surtout qui laissent de belles traces rouges sur la peau. La plupart ne se sont jamais retrouvés presque nu à deux degrés sur une plage, et on partage quelques mots à peine murmurés ou dits dans un souffle inarticulé, comme si ouvrir la bouche allait nous refroidir encore plus. Il y a aussi sur tous ce sourire, léger mais réconfortant, en coin, qui veut autant dire, « oui, j’ai froid » que « je sais que toi aussi tu as froid ».

Très vite, pour nous échauffer, il y a eu des danses, plus ou moins en rythme, sur ces musiques entendues mille fois. Peut-être parce que tout le monde le faisait, peut-être parce que quelque chose s’est relâchée avec cette quasi nudité, ces quelques mots, ces sourires, ou seulement, peut-être, pour ne pas avoir trop froid, le cerveau enjoignant au reste du corps de faire, je me suis mis, moi aussi, à danser, gesticuler. J’ai même ri et chanté « ils m’entrainent, au bout de la nuit, les démons de ». J’ai bougé, les bras, les jambes, fait des sauts un peu, tourné sur moi-même, étourdi d’être là, comme ça, une sorte de bal du 14 juillet que je m’offrais sur la plage, sur ces quatre cinq chansons qui se sont enchaînées avant qu’on nous donne le top du départ pour aller dans l’eau. Le volume de la musique a été crescendo, les battements de mon cœur aussi lorsque j’ai compris, sans que je réalise très bien comment cela s’est fait, que notre groupe, trois ou quatre cents personnes, s’est mis en mouvement vers la mer. Toujours sautant, toujours dansant, en se tenant par les épaules, par les mains, nous avons avancé lentement mais sans aucun doute possible vers cette ligne bleue émeraude, frangée de blanc qui nous attendait. J’étais au milieu, entouré, couvé par d’autres corps froids, par ces mains froides que je sentais. J’ai songé sans angoisse que je ne pourrais pas m’extraire facilement de notre colonne dansante ; c’était agréable d’être avec tous, là, faisant front, à moitié nu, allant accomplir quelque chose d’un peu fou mais de pas totalement incroyable, d’être avec tellement d’inconnus devant le même obstacle rude dont on pouvait déjà sentir en se rapprochant, sans même avoir encore mis un pied dans l’eau, le souffle froid.

Le reste, je ne m’en souviens que très peu. Si. Le premier contact et la conviction que je n’y arriverai pas, mais déjà le mouvement de tous m’a empêché d’hésiter, puis très vite, j’ai eu de l’eau aux genoux et, finalement, le bain, des pieds à la tête. Quelques secondes dans cette eau. J’ai senti tout se resserrer à l’intérieur, se comprimer, et une sorte de suffocation née du gros bouillon tout autour, des cris précipités mêlant stupeur et joie, des silences, chacun s’immergeant dans l’eau et en ressortant à sa façon. La sortie de la mer s’est faite en ordre dispersé, certains ont continué de remuer la mer, de faire quelques grands gestes vigoureux et ceux qui sont sortis, se sont détachés avec difficulté de cette soupe glacée, presque à regret de partir si vite alors même que tout le corps l’implorait. J’aurais aimé courir pour retrouver ma serviette, mes habits chauds, mon bonnet j’étais comme diminué : mes jambes trop fines, ma poitrine trop étroite, des raideurs de bout de bois un peu partout. Vite rhabillés, couverts d’écharpes et de bonnets, de gants, on a sautillé, on s’est regardé, on a constaté ce que l’on avait fait, les yeux vers la mer, frottant un peu les dos de ceux à côté pour les aider à se réchauffer. On s’est parlé un peu, prenant des nouvelles du réchauffement des corps, seulement quelques mots, par pudeur et pour ne pas gâcher, devinant que les paroles à venir seraient trop en désordre pour dire dans le même mot la simplicité et l’extraordinaire de cette chose certes folle et inutile, mais celle que l’on venait d’accomplir tous ensemble.

Thomas Giraud

Photo de Stephen Salmieri - années 60
Photo de Stephen Salmieri – années 60

Merci à Thomas Giraud de nous avoir offert ce texte.

Thomas Giraud est l’auteur de « Elisée, avant les ruisseaux et les montagnes » paru aux éditions de la contre allée, Octobre 2016

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