Les sacs poubelle ont changé en 20 ans. Ils ont subi une mutation, non dans la structure même du sac, mais dans le lien qui les accompagne. Ce lien autrefois long fil rouge pendant au vent, accroché au bas du sac, devait être délié, arraché du sac d’un coup sec. Ce fin film plat, proche de la bande magnétique des cassettes, en plus solide, rouge sur noir, était le lien prévu à cet effet. Il sciait le doigt autour duquel on l’entourait et qui, d’un claquement le détachait pour mieux s’y rattacher ensuite. On ne pouvait pas le lier au sac sans cela. Il fallait détacher pour attacher, délier pour lier. Ce lien là, ne relie pourtant rien à rien. Lacet qui se lie à lui même, se noue, serré. En se serrant, il bloque alors la section haute du sac qui, ainsi clos, ne se déverse pas sur le trajet vers la benne, lorsque ce sac, une fois nourri et utile, quitte la poubelle familiale pour aller vivre sa vie de sac poubelle plein dans le monde des sacs poubelles pleins. Benne commune, centre de tri. Ce lien enferme, ne relie rien à rien mais permet aux différentes ordures disparates de se constituer en unité. Cette poubelle-ci est étanche. C’est un monde clôt prêt pour la mort. Le sac n’accueillera plus rien. Plus un bouchon, un mégot. C’est mort. Le lien nous apparaît quand il va disparaître. On l’arrache, le noue, l’emporte. Son obsolescence est son essence. On le jette dès qu’il a servi, c’est un lien fugace qui à peine noué/Vous aimez X. Essayez : Y / En lien avec des articles que vous avez regardés / Quels sont les autres articles que les clients achètent après avoir regardé cet article ? /Chiara Mastroianni, fille de Marcello Mastroianni et Catherine Deneuve joue le rôle de Carla Bruni dans un film de 2003 réalisé par Valeria Bruni Tedeschi qui fut la compagne de Louis Garrel, fils de Philippe Garrel et petit fils de Maurice Garrel et donc ex-beau-frère de Carla Bruni qui après une relation avec Jean-Paul Enthoven aura un fils de son fils, Raphaël Enthoven auparavant marié à Julia Levy, fille de Bernard-Henry et demi-sœur d’Antonin Lévy, avocat de François Fillon, mariée à Pénélope Clarke, avocate de formation, et père, entre autres, de Marie et Charles Fillon, avocats. Jeu : Qui de Nicolas Sarkozy, Benjamin Biolay, Samue/ ourd’hui, les sacs poubelles sont équipés de poignées intégrées, coulissantes coulissant dans un ourlet placé en haut du sac. Il suffit de tirer pour serrer, puis de nouer. Fermeture pratique. Plus d’arrachage de lien souillé au fond de la poubelle, plus de doigts lacérés. Cependant, ce mode de fermeture, contrairement au lien rouge, ne permet pas une étanchéité totale, l’espace reste un peu accessible, à peine ouvert. Pour un mégot, un noyau, un chewing-gum. La fermeture est plus lâche. Les odeurs trouvent facilement l’issue, les poussières, les liquides – ouverture facile. Est-ce, dès lors, un lien puisqu’il est partie intégrante, non détachable pour attacher ? Ce n’est plus un lien , mais une ceinture-poignées-coulissantes-découlissantes-nouable. On a ôté le lien, le lien arrachable prévu à cet ef/ Vivre ensemble et créer des liens. Créer du lien. En cette époque d’hyperliens, d’hyper-connexions tous azimuts, de réseaux sociaux où les amis de nos amis sont nos amis Facebook, les liens sont-ils détachables, resserrables, intégrés, lâches ou définitifs ?/ François Fillon Politicien · 286 492 aiment ça. 11 amis aiment ça. Onze amis aiment ça, aiment Fran/ça. J’ai croisé une fois un de mes onze amis. Je ne connais pas mes dix autres amis qui aiment ça. Je ne sais pas s’ils aiment franchement ça en étant amis avec ça ou s’ils n’aiment pas plus ça que moi. Je ne sais pas si j’ai des amis qui aiment ça, de vrais amis qui aiment ça. Je me demande si mes vrais amis qui aimeraient vraiment ça en vrai seraient en vrai de vrais amis car je ne vois pas comment aimer vraiment ça et parvenir à lier de vrais liens avec moi qui n’aime pas ça. Je veux bien vivre ensemble avec eux qui aiment ça mais quel lien créer avec eux, comment ? Le lien est moins serré me semble-t-il comme si on devait se rassembler, ceinture coulissante, contre, contre/ second tour/, il reste ce trou béant d’où sortent des odeurs, dans lequel le possible reste possible, noyau, chewing-gum, mégot, on aime peut-être tous Marcello Mastroianni, ou Catherine Deneuve, je ne sais pas. Ou peut-être sont-ils les clients qui ont acheté, écouté ça. Je sens qu’il faut aller au/opérer un tri, dans tout ça. Des points communs, collants, autocollants, scratch, velcro d’atomes. Bennes communes, centres de tri. Décharge sauvage à ciel ouvert. Créer du lien qui n’en est pas ou arracher le lien du fond du sac pour mieux le rattacher en haut, hermétique fournaise à bactéries. Le laisser lâche et ouvert ou fermé fermentant. /Qui a eu un jour envie d’écouter M ou Thomas Dutronc ?/ Toutefois, à vrai dire ne suis pas sûr que tout cela soit lié, que le lien créé ici fonctionne, je crois même qu’il est même franchement artificiel, prisonnier de la figure, qu’il se casse en se prenant les pieds dans ses lacets de trope en trop, car les tropes ne sont pas, n’ont jamais été des liens mais des rapprochements artificiels de réalités éloignées.
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Merci à Julien d’Abrigeon de nous avoir offert ce texte.
Julien d’Abrigeon est auteur de Sombre aux abords publié il y a quelques mois chez Quidam. Il est aussi auteur de :
fablab publié chez contre-pied, en 2015
Microfilms aux éditions Leo Scheer, collection Laureli, en 2011
Pas Billy the Kid aux éditions Al Dante, collection Niok, en 2005
croix, n.f., aux éditions poésie express/TrameOuest, en 2001
Il a collaboré à de nombreux ouvrages collectifs dont : Ecrivains en séries (éditions Leo Scheer) en 2008 ou encore Le ciel vu de la terre (aux éditions Inculte) en 2011.
Julien d’Abrigeon est aussi l’auteur des photos qui illustrent le texte.
Retrouvez la présentation du projet « Le Lien » et le texte de Thomas Giraud, Tomber à l'(e)autre et celui de Isabelle Bonat-Luciani, Les contours ne tiennent que pour consoler.
La série se poursuivra dans quelques jours avec Anna Dubosc.