[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]E[/mks_dropcap]n cette rentrée littéraire, Sonatine éditions nous propose un nouveau livre de R.J. Ellory paru en 2012 en Angleterre et aux Etats-Unis.
Une réussite ?
Se lancer dans la lecture d’un Ellory est pour moi risqué. J’avais tellement aimé Vendetta ou Les anonymes, j’avais été tellement déçu par Mauvaise étoile.
Un coeur sombre est une assez bonne pioche. Une bonne intrigue, des rebondissements, de la violence et une tentative de rédemption (thème cher à Ellory). Je n’en attends pas tellement plus de la part de cet auteur qui ne sera jamais un grand styliste. Par contre, on peut lui accorder qu’il sait bien, et parfois très bien, raconter une histoire et la mener dans ses retranchements.
Dans Un coeur sombre, en plus, il nous réserve une sacrée surprise au bout d’une cinquantaine de pages qui remet le début du roman en perspective.
Vincent Madigan, le héros, enferré dans l’alcool et la drogue, doit d’énormes sommes d’argent à Sandià, le patron de la pègre, aux avocats qui ont suivi ses deux divorces et à ses deux ex femmes.
Pour sortir de cet enfer, il décide de s’engager dans une autre sorte d’enfer : braquer une planque de Sandià.
Miracle, le braquage réussi même s’il se termine en bain de sang chez les sbires de Sandià. Mais lors du partage, problème. Madigan tue ses trois acolytes. Et laisse une minuscule petite erreur derrière lui lorsqu’il met en scène le carnage pour faire croire à un règlement de comptes entre les trois truands.
A partir de là, Madigan s’enfonce. Tente tout pour sortir la tête de l’eau.
Ellory fait de ce Vincent Madigan un pauvre homme, perdu, mais volontaire, désireux de se sortir de ses travers (alcool et drogue) désireux d’être vrai père pour ses enfants, un homme respectable pour ses ex femmes. Difficile quand on a commis tant d’erreurs dans sa vie.
Les nombreux monologues de Madigan le montrent en proie au doute, en permanence. S’auto-dénigrant, cherchant la solution à ses problèmes au travail et avec Sandià. Montant plan après plan.
Ces courts chapitres proposés par Ellory sont une grande partie de la réussite de ce roman. Ils mettent un peu de sentiments et de vie dans une oeuvre noire, très noire.
Sandià, truand terrible, commet des actes plutôt durs (même pour un livre d’Ellory).
Et puis il y a aussi Bernie Tomczak, joueur invétéré, lui aussi en redevable de plusieurs centaines de milliers de dollars au grand méchant. Petit personnage qui semble sans importance au début et qui prend de l’épaisseur au fil des pages. Pour lui aussi la rédemption est une priorité.
Sandià, Bernie et Vincent. Trois hommes sombres.
Lesquels tireront leur épingle du jeu ? C’est toute l’histoire d’Un coeur sombre.
Un coeur sombre de R.J. Ellory, traduit de l’anglais par Fabrice Pointeau, Sonatine Editions, octobre 2016